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France : le plan fertilité “n’est aujourd’hui qu’un mot”, admet Maud Bregeon

- La Cour des comptes alerte sur la chute de la natalité en France. Fécondité à 1,62 enfant, solde naturel négatif : le vieillissement menace le modèle social. Le plan fertilité du gouvernement reste en attente

Wafae El Baghouani  | 03.12.2025 - Mıse À Jour : 03.12.2025
France : le plan fertilité “n’est aujourd’hui qu’un mot”, admet Maud Bregeon

Istanbul

AA / Istanbul / Wafae El Baghouani

La Cour des comptes a lancé, mardi, un nouvel avertissement sur la chute continue de la natalité en France, estimant que cette tendance pourrait fragiliser durablement le modèle social du pays sans action publique rapide et structurée.

Dans un rapport publié le 2 décembre, l’institution souligne que le vieillissement accéléré de la population, combiné à une baisse rapide de la fécondité, mettra sous tension la croissance, les recettes publiques et le financement de la protection sociale. L’indice de fécondité est tombé à 1,62 enfant par femme en 2024, sous le seuil de renouvellement des générations, tandis que le solde naturel est devenu négatif en mai 2025. Selon les projections de l’Insee, la population française atteindrait 70 millions d’habitants autour de 2040 avant de retomber à 68 millions en 2070. Parallèlement, le nombre de personnes de plus de 75 ans grimperait de 7,3 à 11,2 millions, alors que la population active (20-64 ans) passerait de 38 à 34,6 millions.

La Cour avertit que, « toutes choses égales par ailleurs », cette évolution pourrait mécaniquement porter les dépenses publiques à 60,8 % du PIB en 2070 — un niveau équivalent à celui constaté au plus fort de la crise sanitaire liée au Covid — en raison notamment du poids croissant des retraites et de la dépendance. L’institution regrette que ces évolutions majeures soient encore mal intégrées à la programmation budgétaire. Elle appelle les pouvoirs publics à anticiper les réformes afin d’éviter qu’elles ne soient imposées « sous la contrainte de l’urgence ».

Un “réarmement démographique” resté sans traduction concrète

Au cœur du débat, la Cour renvoie également aux engagements non tenus du gouvernement. Annoncé par Emmanuel Macron en janvier 2024, le « réarmement démographique » devait comprendre un plan fertilité et une série de mesures pour soutenir les familles. Mais aucun des dispositifs phares n’a été concrétisé, en dépit d’un rapport remis dès 2023 sur les causes de la dénatalité.

Interrogée par BFM TV mercredi matin, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a reconnu que « le plan fertilité n’est aujourd’hui qu’un mot », les pistes restant encore « à l’étude » par la Haute Autorité de santé, sans calendrier défini. Elle a cependant rejeté l’idée d’une inaction totale, rappelant notamment l’allongement du congé paternité de 14 à 28 jours, décidé par l’exécutif en dehors du grand plan annoncé.

Des causes multiples et profondément sociales

Les raisons de cette baisse démographique sont multiples et profondément ancrées dans le contexte social et économique du pays. Bregeon souligne que les raisons de la baisse des naissances sont « plurielles », variant selon les territoires et les catégories sociales : coût du logement, précarité professionnelle, manque d’accès aux solutions de garde, inquiétudes environnementales ou encore difficulté à concilier vie familiale et vie professionnelle. Les jeunes femmes seraient particulièrement affectées, selon la députée, par la charge mentale et la fragilité de leurs conditions d’emploi, ce qui pèserait fortement sur les choix de maternité. « Personne n’a de baguette magique », a-t-elle répété, estimant que seule une approche globale peut inverser la tendance.

Accès limité aux cliniques de fertilité et multiplication des missions


Plusieurs acteurs du secteur sanitaire regrettent, de leur côté, l’absence de mesures opérationnelles pour faciliter l’accès aux cliniques de fertilité, pourtant présenté comme un axe prioritaire du gouvernement. « Il n’y a pas eu une seule mesure concrète », déplore un spécialiste cité dans le débat public.

Enfin, une nouvelle mission parlementaire vient d’être lancée à l’Assemblée nationale pour proposer des pistes supplémentaires, malgré l’existence de plusieurs rapports antérieurs. Face aux critiques de duplication, Bregeon répond que « les parlementaires sont souverains » et libres de se saisir de nouveau du sujet.

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