France : le ministre de l'Intérieur veut instaurer un "rapport de force avec Alger"
- En réaction à une attaque au couteau menée par un Algérien visé par une OQTF
France
AA / Tunis / Salim Boussaïd
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a exprimé, samedi soir, sa volonté d'utiliser "un rapport de force" contre l'Algérie, en réaction à une attaque au couteau faisant un mort et plusieurs blessés, samedi en milieu d’après-midi, sur le marché de Mulhouse (Haut-Rhin, est de la France).
Retailleau s'exprimait aux médias locaux lors d'un déplacement nocturne à Mulhouse, le jour même.
"La France a tendu la main, quelles que soient les plaies parfois vives de notre histoire. Aucun pays n’a un droit de tirage pour humilier la France. Puisque la méthode douce a été utilisée, il faut maintenant instaurer un rapport de force avec l’Algérie", a-t-il affirmé dans une déclaration qu'il a partagée sur sa page officielle sur "X".
Le terrorisme a de nouveau frappé la France, a constaté le ministre de l'Intérieur, "après avoir frappé d'autres pays", laissant entendre qu'il s'agit du fait "du désordre migratoire".
"J'en tire de leçons", a-t-il poursuivi, pointant l'Algérie qui bénéficie de "beaucoup de visas", a-t-il déclaré.
"Le droit international, les relations entre les pays et les nations, là notamment avec le régime algérien, c'est la réciprocité", a-t-il expliqué en affirmant que : "Il y a des éléments dangereux qui sont en France et qui devraient être en Algérie."
Samedi dans l'après-midi, une personne a été tuée et plusieurs autres blessées dans une attaque au couteau, sur le marché de Mulhouse, avait annoncé le Parquet. L'assaillant aurait crié ‘’Allah Akbar’’ lors du passage à l’acte, selon la presse française.
Le suspect né en 1987 en Algérie serait sous obligation de quitter le territoire français (OQTF) et en attente de plusieurs jugements. Selon le ministre de l'Intérieur, il faisait également l'objet de pas moins de dix demandes de laissez-passer consulaires en vue de son expulsion.
Sur cet aspect précis, la gauche française a exprimé son désaccord avec le ministre de l'Intérieur.
Lors d'une intervention télévisée, Manon Aubry, eurodéputée La France insoumise a rappelé que : "En droit international, pour expulser des ressortissants, il faut des laissez-passer consulaires et il faut les négocier, en l'occurrence, avec l'Algérie", pointant "l’obsession xénophobe de Bruno Retailleau qui vise à toujours monter le niveau de tension et à cibler les Algériens".
La presse française a rapporté que l'assaillant a été interpellé. Le procureur précise que l'homme, âgé de 37 ans, est fiché au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste).
Les autorités algériennes n'ont pas réagi dans l'immédiat suite à ces faits.
Pour rappel, les relations entre l’Algérie et la France se sont gravement dégradées depuis l’été dernier. Protestant contre l’alignement du président Français, Emmanuel Macron, sur la position marocaine concernant la question du Sahara Occidental, le chef de l’Etat algérien a retiré l’ambassadeur d’Algérie à Paris.
Les rapports entre les deux pays se sont détériorés encore plus ces dernières semaines, suite à l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal ou encore suite au refoulement de l'influenceur algérien Doualemn, expulsé par la France suite à des publications considérées comme représentant un "danger à l'ordre public".
