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France : le gouvernement annonce la dissolution de l’institut de formation des imams de Château-Chinon

– L’IESH est accusé de promouvoir une idéologie liée aux Frères musulmans, ce que l’établissement dément vigoureusement.

Ümit Dönmez  | 03.09.2025 - Mıse À Jour : 03.09.2025
France : le gouvernement annonce la dissolution de l’institut de formation des imams de Château-Chinon Source: @IeshChateauChinonOfficiel, Facebook

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez



Le Conseil des ministres français a acté, mercredi, la dissolution de l’Institut européen des sciences humaines (IESH), établissement islamique basé à Château-Chinon, en Bourgogne. L’annonce a été faite par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur le réseau social X, basé aux États-Unis. Le ministre a évoqué la volonté de contrer « l’entrisme de la mouvance frériste ».

Bruno Retailleau a affirmé que l’IESH légitimait « le djihad armé » et représentait une menace pour l’ordre public. Il a salué le travail « des services de l’État qui, au quotidien, mènent ce combat vital pour ne pas laisser les Frères musulmans dérouler leur agenda islamiste ».

L’établissement, fondé en 1990, se présentait comme un institut de formation d’imams et de cadres religieux, avec des enseignements en sciences islamiques, droit musulman, langue arabe et apprentissage du Coran. Il était considéré comme l’un des principaux pôles de formation musulmans en France, avec des antennes également à Saint-Denis (93), au Royaume-Uni et en Allemagne. Les diplômes délivrés ne sont pas reconnus par l’État, mais l’Institut bénéficiait d’une solide réputation au sein de certaines communautés musulmanes.

Le gouvernement justifie sa décision par les conclusions d’un rapport sur l’« entrisme » des Frères musulmans, publié fin mai, qui identifie l’IESH comme un relais idéologique du courant frériste. Selon ce rapport, 139 lieux de culte musulmans en France seraient liés à cette mouvance, sur les 2 800 existants.

Le 16 juin, le ministère de l’Intérieur avait déjà procédé au gel des avoirs de l’IESH, ainsi que de deux de ses dirigeants, pour une durée de six mois. Cette mesure s’inscrivait dans le prolongement d’une série de décisions administratives visant à « assécher les circuits d’influence islamiste ».



- Réaction de l'IESH

Face à ces accusations, l’IESH a réagi fermement. Dans un communiqué publié en juin, l’Institut dénonçait « des accusations infondées d’"islamisme", de "frérisme" et d’"entrisme" ». Il affirmait : « Nous ne faisons pas de politique. Notre mission est cultuelle et pédagogique, jamais militante ni idéologique. »

L’établissement regrettait également « des calomnies » alimentées par un climat tendu : « Dans une époque marquée par la prolifération de discours extrêmes sur les réseaux sociaux, notre mission consiste à œuvrer à renforcer la présence de figures religieuses compétentes et formées, capables d'apporter un encadrement spirituel éclairé, et de contrer l'influence d'acteurs illégitimes ou dangereux. »

L’IESH affirmait aussi continuer à travailler « avec constance, transparence et fidélité aux valeurs de la République » et proposait un audit indépendant, afin d’évaluer objectivement ses pratiques et sa conformité au droit français.

Cette dissolution s’inscrit dans une dynamique politique plus large, portée par Bruno Retailleau, figure de droite conservatrice à la ligne très sécuritaire. Longtemps président du groupe Les Républicains au Sénat, il a été nommé à l’Intérieur avec pour mission affichée de « restaurer l’autorité » et de lutter contre « le séparatisme islamiste ». Un positionnement qui lui vaut aussi des critiques, notamment de personnalités qui l’accusent d’alimenter une polarisation excessive sur des bases parfois fragiles.

L’IESH n’a pas encore officiellement annoncé s’il compte contester la décision de dissolution devant le Conseil d’État.



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