France : le gel des avoirs sans jugement d'éditeurs et intellectuels musulmans interroge sur l'état de droit
- Toutes les personnes visées par cette procédure administrative, n’ayant commis aucune infraction, se disent entravées dans leur vie sociale et familiale pour avoir "dénoncé le racisme".

Ankara
AA/Ankara
Une polémique s’amplifie en France autour des mesures de gel des avoirs, désormais étendues à des éditeurs, intellectuels et citoyens musulmans, souvent sans procès, comme ce fut le cas pour l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon.
Selon les médias locaux, au moins une douzaine d’autres structures, notamment des maisons d’édition, ou personnalités sont également concernées par des mesures de gel des avoirs, publiées au Journal officiel, depuis début juin.
Des entités comme les éditions Sarrazins, Tawhid, Nawa, BarakaCity, Methodiya ont notamment été visées.
Ce mardi, un arrêté du ministère de l’Intérieur a ordonné le gel des fonds d’Issa Meyer, propriétaire des éditions Ribât, accusé sans jugement d’être lié à une mouvance "séparatiste".
Par cette mesure, Issa Meyer, comme d’autres, se voit privé d’accès à ses finances, "incapable de payer son loyer, de nourrir ses enfants ou de se défendre".
Toutes ces personnes, n’ayant commis aucune infraction, se disent entravées dans leur vie sociale et familiale pour avoir "dénoncé le racisme".
Certaines sources évoquent deux à trois cas quotidiens de musulmans confrontés à ce sort en France.
Il faut savoir que tous les livres écrits et édités par les auteurs et maisons d’édition visés sont disponibles sur les principales plateformes en ligne, telles que la Fnac et Amazon.
Ces sanctions administratives, basées sur l’article L.562-2 du Code monétaire et financier – initialement conçu pour lutter contre le terrorisme –, permettent aux ministères de l’Intérieur et de l’Économie de bloquer des comptes sur simple soupçon, signalement ou critique publique.
À l’issue du conseil de défense du 7 juillet consacré à la lutte contre le "séparatisme" et "l’entrisme islamiste", le président Macron avait annoncé de nouvelles mesures, dont "la création d’une nouvelle mesure de gel des apports monétaires et financiers", en élargissant ce qui existe déjà en matière de terrorisme.
L’avocat Rafik Chekkat a dénoncé lundi cette pratique des autorités où des individus voient leurs avoirs gelés pour avoir, dit-il, utilisé le terme "islamophobie", jugé par les autorités comme pouvant "inciter à la haine ou au terrorisme".
Cette politique, qui cible des éditeurs, humanitaires et pratiquants musulmans sans procès, est critiquée comme une forme d’"invisibilisation" visant à étouffer les voix des musulmans de France.
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