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France : le calvaire d’une famille agressée par des partisans du PKK

Après le match de football ayant opposé la France à la Turquie

1 23  | 21.10.2019 - Mıse À Jour : 22.10.2019
France : le calvaire d’une famille agressée par des partisans du PKK

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AA / Paris / Fatih Karakaya

Dans la soirée du lundi 14 octobre, après le match entre la France et la Turquie, plusieurs membres d’une même famille d’origine turque ont été agressés par des partisans de l’organisation terroriste du PKK.

Cette nuit-là, comme des milliers d’autres citoyens, une famille parisienne s’est rendue au match opposant la France à la Turquie, pour la qualification à l’Euro 2020, une rencontre qui s’est déroulée au stade de France.

Ainsi, 21 personnes dont 3 hommes, des femmes et des enfants âgés de 3 mois à 17 ans se sont joints aux supporteurs de l’équipe turque dans une ambiance festive au stade de France.

Une sortie familiale qui a tourné au cauchemar, comme l’expliquent les membres de la famille, rencontrés à Paris par le correspondant de l’Agence Anadolu (AA).

En effet, 10 minutes avant la fin du match, le père de famille suggère « de sortir plutôt afin d’éviter les embouteillages », comme l’explique une des mamans présentes, ayant requis l’anonymat.

C’est ainsi qu’ils prennent le RER en direction de leur domicile et descendent à la gare de Drancy.

- Des enfants piétinés

La jeune maman poursuit son récit affirmant qu’un homme s’est approché d’eux, accompagné d'une trentaine d’individus. A ce moment-là, « mon beau-frère a compris que cet homme n’avait pas de bonnes intentions et a montré mon bébé de 3 mois, pour qu’il ne fasse rien ».

Grâce à la présence du bébé, la maman est priée de partir. Alors, elle se dirige avec plusieurs enfants vers son véhicule garé près de la gare. Avant d’atteindre sa voiture, la jeune femme est prise à partie par « un autre groupe de 15 personnes qui nous ont attaqués à coup de bâtons et de barres de fer », explique-elle.

Ce groupe aurait ainsi commencé à frapper la famille s’en prenant même aux enfants, n’hésitant pas à les piétiner. Prise de panique, elle se réfugie dans la voiture afin de protéger son bébé.

Cependant, les assaillants s’en sont alors pris au véhicule cassant toutes les vitres. Anadolu a pu consulter les photos qui témoignent de la violence de l’attaque.

Un calvaire qui prendra fin quelques instants après, lorsque le mari sérieusement blessé par l’attaque du premier groupe d’individus, a pu rejoindre son épouse et leur bébé.

Le beau-frère est toujours hospitalisé

Suite à l’attaque de la jeune maman et de son enfant, le groupe a pris la fuite laissant derrière eux des victimes ensanglantées et choquées. Les jeunes parents, soucieux de l’état de santé de leur enfant, se sont rendus à l’hôpital. Ils apprendront, par la suite, que les autres membres de la famille, n’avaient, quant à eux, pas pu fuir leurs assaillants et subissaient toujours les attaques du premier groupe.

« Mon beau-frère connaît le propriétaire d’un restaurant pas loin. Il s’est alors réfugié chez lui. Le commerçant n’a pu accepter les autres car son local était trop petit mais il a tout de même eu le temps d’orienter les femmes et les enfants vers un lieu sûr », explique la jeune femme.

Dans leur fuite, ils ont essayé de se réfugier chez un épicier mais selon la jeune femme celui-ci a refusé de les accueillir. Elle « ne comprend pas qu’on ne puisse pas protéger des enfants ».

D’ailleurs, le maire a rendu visite au restaurateur pour le remercier de sa solidarité. La famille attend également un soutien de la part du maire et souhaite connaître les mesures prises pour empêcher qu’un tel drame ne se répète.

Finalement, tous les membres de la famille ont pu rejoindre l’hôpital au bout de 40 minutes de calvaire. Les hommes de la famille ont été soignés pour des fractures et des blessures. A l’heure actuelle, le beau-frère est toujours hospitalisé.

Selon les témoignages du père, dont l’agression lui a valu plusieurs points de suture, la police n’est intervenue que tardivement.

Désinformation de la presse

En revanche, il y a un point qui fait bondir la maman. Après l’attaque, elle a eu connaissance d’un article paru le 15 octobre, dans le journal Le Parisien, dont le titre était « 12 gardes à vue à Drancy après des rixes dans la communauté turque ».

Ce titre a fait réagir la maman qui accuse la journaliste d’impartialité. « Nous étions 18 femmes et enfants dont un bébé. Nous ne sommes pas si irresponsables pour aller nous battre. C’est parce que, nous sommes turcs que nous avons été attaqués à la sortie du match, c’est tout », martèle-t-elle.

Dans l’article, la journaliste semble vouloir dédouaner les partisans du PKK dans la mesure où elle parle « d’une rixe entre turcs ».

Or, les médias français utilisent systématiquement le terme « Kurde » pour désigner les membres du PKK. Dans cette affaire, embarrassante certes, pour des personnes présentées comme « les gentils », elle donne l’impression que c’est une affaire où les protagonistes appartiennent à une même communauté.

D’ailleurs, sa méconnaissance de la Turquie est d’autant plus flagrante qu’elle pense que tous les Kurdes sont des partisans du PKK. Or, des millions de Kurdes s’opposent au PKK et refusent la violence, dont le groupe terroriste est coutumier. De ce fait, pour les partisans du PKK, peu importe s’ils sont kurdes ou pas, car c’est le soutien à l’organisation qui prime.

Un article publié le 30 novembre 2018, sur le site d’information « actu.fr » évoque d’ailleurs, l’arrestation de 5 personnes qui rackettaient des Kurdes au profit du PKK.
Une attaque lâche, pas une rixe
Il faut reconnaître que les médias ont une certaine bienveillance vis-à-vis de cette communauté.

Pourtant dans une vidéo de l’agression du 14 octobre, publiée sur les réseaux sociaux et que l’agence Anadolu a pu consulter, on entend des slogans à l’égard de l’organisation terroriste. Une vidéo qui se termine par des cris « Intikam PKK » : littéralement : « Vengeance pour le PKK ».

En outre, l’article du Parisien évoque deux attaques différentes qui se sont déroulées le même soir.

Ce que la jeune maman semble confirmer. « On a appris par la suite qu’un autre groupe de jeunes avait été aussi attaqué », précise-t-elle.

En conséquence, « il ne s’agit en aucun d’une histoire entre Turcs. Cette journaliste a déformé la réalité. C’est pour cela que je me réserve le droit de porter plainte pour diffamation », dit-elle.

En ce qui concerne, les suspects, le Parisien affirme qu’ils ont été relâchés. En revanche, la famille souhaite porter cette affaire devant la justice. C’est pourquoi, une plainte a été déposée, dans la foulée, et un avocat a été saisi.

De ce fait, aujourd’hui, la jeune maman s’inquiète pour sa sécurité et celle de ses enfants, traumatisés par cette violence et qui refusent pour l’heure de renter chez eux.

« On dort chez ma sœur », explique-t-elle.

« Même si je crains pour ma vie, je ne veux pas qu’ils s’en sortent aussi facilement après nous avoir fait subir tout cela », souligne cette maman.

La jeune femme entrepreneuse ne se rend pas, non plus, à son travail craignant d’être prise à partie de nouveau.

Comme on pouvait s’y attendre, après l’opération « Source de Paix » lancée par la Turquie, les partisans de l’organisation terroriste du PKK s’en sont pris à plusieurs personnes de la communauté turque un peu partout en Europe et les consulats de Turquie à Lyon et Nantes ont fait l’objet de profanations.
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