France: La police en grève du zèle après la mise en examen de quatre policiers de la Bac de Marseille
- Quatre policiers sont mis en examen et l'un d'eux a été incarcéré. La victime, gravement blessée, avait été passée à tabac

France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Plusieurs syndicats de la Police nationale française ont appelé les forces de l'ordre à une grève du zèle, suite à la mise en examen de quatre policiers de la Bac (Brigade anti-criminalité) à Marseille et à l'incarcération de l'un d'entre eux dans la nuit de jeudi à vendredi.
Par voie d'un communiqué, le syndicat Unité-SGP Police Force ouvrière a appelé "tous les policiers du territoire national à se mettre en 562 dès maintenant". Le code 562 signifie "position d'attente-pause". Il s'agit d'un code de procédure informatisée, prévu par l'administration, pour dire que les policiers sont en service, mais pas sur le terrain, selon le syndicat, alors que les forces de l'ordre n'ont pas le droit de grève. Cette décision intervient suite au placement en détention provisoire d'un policier pour "violences volontaires aggravées" à Marseille.
Ce membre de la Bac et trois de ses collègues sont jugés pour avoir passé à tabac et avoir tiré au LBD sur un homme de 21 ans dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille, une violence l'ayant plongé plusieurs heures dans le coma et ayant nécessité plusieurs opérations ainsi qu'une interruption temporaire de travail (ITT) de 60 jours.
Cet événement avait eu lieu en marge des émeutes survenues suite au meurtre du jeune Nahel (17 ans), le 27 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine), par un policier, après un refus d'obtempérer.
Ne commentant pas sur le fond de l'affaire judiciaire, le syndicat dénonce spécifiquement l'incarcération du policier, "le plongeant, ainsi que sa famille, dans un désarroi injuste et un traitement dégradant et dangereux pour notre fonction", lit-on dans le communiqué.
Dans le cadre de cette réaction de la corporation, certains policiers se sont réunis devant le palais de justice de Marseille, pour applaudir leur collègue, en signe de soutien.
Deux autres syndicats, Alliance Police Nationale et Unsa Police ont également apporté, par voie d'un communiqué commun, "leur soutien total aux collègues notamment face à ce placement en détention provisoire", "alertant sur l'incompréhension, l'inquiétude et la colère des policiers chez qui le découragement pourrait devenir la règle et entraîner une capitulation".
Une cagnotte a également été mise en place, ce jeudi, pour les policiers mis en examen pour violences en réunion à Marseille, celle-ci ayant récolté près de 37.000 euros, ce samedi après-midi, deux jours après son lancement par l'Amicale de la Bac sud de Marseille. Cette cagnotte vise à "soutenir leur famille, subvenir à leur besoin financier et compenser leur perte de salaire durant le temps de l’instruction", lit-on dans le message de l'amicale sur la page Web de collecte.
Pour rappel, la France a été le théâtre d'une série d'émeutes entre le 27 juin et le 2 juillet, suite au meurtre de Nahel par un policier, après un refus d'obtempérer
L'ONU, ainsi que plusieurs ONG, ont appelé la France à se pencher sur "les sérieux problèmes de racisme" parmi les forces de l'ordre, ainsi qu'à la refondation des règles d'usage des armes par les forces de l'ordre.
"L’homicide de Nahel M. est un exemple tragique des failles de la formulation élargie figurant dans l’article L.435-1 : la vidéo publiquement disponible de cet homicide montre que l’avancée du véhicule ne constituait pas une menace pour les policiers puisqu’ils se trouvaient sur le côté du véhicule, et non devant lui," a indiqué, la semaine dernière, Amnesty international, faisant référence à l'application du code de sécurité intérieure selon une loi votée en 2017 (dite "Loi Cazeneuve", du nom de l'ancien ministre de l'Intérieur du président François Hollande) qui a modifié les conditions d’ouverture du feu par les forces de l'ordre.
Jusqu'à l'application de cette loi, les policiers étaient soumis au Code pénal et au principe de la légitime défense, comme tous les citoyens français.
Sur la seule année 2022, 13 personnes ont été tuées par des policiers lors de contrôles routiers, suite à des refus d’obtempérer
De nombreuses violences policières ont également été constatées cette année, en marge de manifestations, notamment contre la réforme des retraites. Plusieurs journalistes ont récemment été victimes de coups par les forces de l'ordre alors qu'ils suivaient une manifestation en hommage à Adama Traoré et contre ces violences policières.