France : La mosquée de l’Elsau dénonce une visite domiciliaire ordonnée par la préfecture du Bas-Rhin
- « Agitation politique et stigmatisation d'une communauté spirituelle »

France
AA/Paris/Fatih KARAKAYA
Suite à une visite domiciliaire ordonnée par la préfecture du Bas-Rhin, mardi, aux locaux de la mosquée de l’Elsau (Strasbourg) qui servent de salle de prière provisoire, les responsables de l’association Mosquée de l'Elsau dénoncent « l'agitation politique et la stigmatisation d'une communauté spirituelle qui participent à diviser la société ».
Dans un communiqué de presse, l’association explique que « ce lieu de culte transitoire et provisoire est géré par l'association Mosquée de l'Elsau et non par l'association Citoyens de l'Elsau comme c'est indiqué dans l'autorisation de visite ». Il s’agit incontestablement « d’un amateurisme des services de l'Etat » mais aussi de la « preuve d'une précipitation qui répond à un agenda politique à l'échéance des prochaines élections présidentielles ».
Agitation politique
Par ailleurs, le communiqué rappelle que « l’association et les responsables ont acquis depuis des années une respectabilité par leur investissement humain en agissant pour le vivre ensemble ».
Attirant l’attention sur la liberté de « conscience et de religion », l'association précise que « la laïcité permet aux croyants de pratiquer librement leur foi dans le respect de la loi ».
Selon les responsables, « cette procédure relève d'une agitation politique qui vise à bâillonner et à marginaliser les membres qui portent un discours de participation citoyenne loin de tout extrémisme ou conformisme ».
« L'engagement citoyen ou politique de certains de nos responsables n'est pas étranger à cette visite », indique le communiqué.
En effet, Jamal Rouchdi, un des responsables de l’association a créé récemment un nouveau parti politique et a présenté des candidatures dans certaines élections locales.
« Ce détournement d'une procédure administrative n'est que la suite de multiples moyens de pressions mis en œuvre depuis des années par des élus locaux avec l'aide d'agents de la préfecture qui rédigent des notes pour la circonstance contre nos membres », dénonce encore le communiqué.
De plus, l’administration de l’association indique que « toutes les convocations ou les procédures à l'encontre de certains de nos responsables ont été classées sans suite ».
Aucun élément découvert
Par ailleurs, selon le procès-verbal que l'Agence Anadolu a pu consulter, l’officier de police précise : "Notre visite n'amène la découverte d'aucun élément en rapport avec les motivations de l'ordonnance de monsieur le juge des libertés et de la détention ».
En outre, le procès insiste sur le fait qu’un responsable a filmé la perquisition alors que plusieurs fois les policiers ont répété qu’il était interdit de filmer. Dans une vidéo qu’Anadolu a pu visionner, le responsable de l’association indique « suivre les recommandations de son avocat qu’il lui a rappelé qu’il n’était pas interdit de filmer à partir du moment où on ne voit pas les visages des officiers ».
Un quartier abandonné
Dans une publication sur les réseaux sociaux, la mosquée rappelle également que « l'Elsau (banlieue de Strasbourg) est le quartier le plus pauvre de Strasbourg et qu’il a été abandonné depuis des années ». Selon l’association, le quartier est « surnommé la cité blanche en raison du trafic de drogue, d'une insécurité grandissante et de problèmes sanitaires inquiétants ».
Pourtant, « la solution de la représentante de l'État est d'envisager la fermeture d'un lieu qui depuis des décennies joue un rôle de régulateur social », s’insurgent encore les responsables.
« Nous sommes des citoyens français de confession musulmane, avec les outils du droit et l'occupation du domaine public, nous défendrons nos libertés face aux manœuvres politiques », expliquent les responsables qui promettent « de ne rien lâcher ».
Enfin, l’association envisage de « faire un rassemblement prochainement ».
Une fermeture en vue ?
Mais selon le journal local, les Dernières Nouvelles d’Alsace, « les forces de l’ordre agissaient sur autorisation d’un juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Paris ». « La justice reproche à l’association des propos et des prises de position qualifiées de « séparatistes », pense savoir le journal sans pour autant donner plus de précisions.
En tout cas, cette mosquée avait été citée parmi les 75 lieux de culte musulmans qui seraient dans le collimateur du ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin, comme il l’avait annoncé fin 2020.