
France
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
Le président de l’ONG humanitaire Barakacity, Idriss Sihamedi, s’est vu signifier ce mardi soir, un document officiel l’informant de la demande de dissolution de son association, nous a-t-il appris au cours d’un entretien exclusif.
En effet, deux policiers se sont présentés à son domicile à 22 heures 10 pour lui transmettre le document.
Dans ce courrier très détaillé, consulté par la correspondante de l'Agence anadolu, il est reproché au dirigeant d’avoir effectué un voyage en Syrie en septembre 2018.
Un voyage qu’Idriss Sihamedi conteste formellement, insistant sur le fait qu’il n’est jamais retourné en Syrie depuis 2014.
Le ministère français de l’Intérieur justifie également sa demande de dissolution par la présence de commentaires antisémites sous les publications de Barakacity sur Facebook.
À ce propos, Idriss Sihamedi s’étonne d’être inquiété pour des positions que ni lui « ni l’association n’ont publiées et qui émanent de tiers, responsables de leurs propres actes et prises de positions ».
Au milieu d’autres accusations, le ministère de l’Intérieur pointe des positions « hostiles à Israël et à l’Arabie Saoudite ».
Sur ce dernier point, Idriss Sihamedi assume ses écrits et insiste sur le fait que certaines publications étaient consécutives à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul, en Turquie, en octobre 2018.
Il dispose désormais d’un délai de cinq jours pour soulever ses contestations par le biais de ses avocats, Vincent Brengarth et William Bourdon, avant que la justice ne tranche sur le sort de la demande de dissolution.
Seulement, le père de famille nous indique qu’il est convoqué dès mercredi matin dans un commissariat parisien dans le cadre d’une autre affaire et redoute un probable placement en garde à vue qui l’empêcherait de préparer correctement sa défense.
« Tout a été organisé de manière à ce que je ne puisse pas préparer ma défense », a déclaré le fondateur de Barakacity à l'Agence Anadolu.
Pour rappel, depuis l’attentat qui a coûté la vie à un professeur de 47 ans vendredi dernier, le gouvernement français a dans son collimateur, de nombreuses associations musulmanes dont la quasi totalité n’a absolument aucun lien avec le crime odieux.
Les locaux de Barakacity et le domicile d’Idriss Sihamedi ont par ailleurs déjà été perquisitionnés le 14 octobre.