
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
L'ancien député européen Karim Zéribi s’est exprimé jeudi au sujet de l’expulsion de quatre influenceurs algériens accusés d’incitation à la violence.
Sur le plateau de CNEWS, Zéribi a critiqué ce qu’il qualifie de « climat politico-médiatique anti-algérien » croissant en France, jugeant cette situation « insupportable et irresponsable ».
L’éditorialiste a rappelé que la majorité des Algériens vivant en France, qu’ils soient résidents réguliers ou binationaux, « aiment la France, travaillent, respectent les lois de la République » et contribuent activement à la société. Il a notamment souligné que « 15 000 médecins algériens servent aujourd’hui la santé en France ».
Pour Karim Zéribi, l’essentiel réside dans la lutte contre les individus dangereux sans stigmatiser une communauté entière. « Il y a 5 millions d’Algériens en France. Quatre, c’est 0,0001 %. Enfermons, emprisonnons ou expulsons ces influenceurs délinquants, mais ne généralisons pas », a-t-il insisté, dénonçant une tendance à « essentialiser » les Algériens.
L’éditorialiste a également rejeté les critiques récurrentes envers les accords bilatéraux de 1968 entre la France et l’Algérie, estimant qu’ils ne créent pas d’avantages disproportionnés pour les Algériens comparés à d’autres populations immigrées. « On a 11,5 % d’Algériens parmi les étrangers en France, et 10 % de Marocains. Les accords de 68, c’est du cinéma », a-t-il déclaré.
Enfin, Karim Zéribi a appelé à distinguer les tensions diplomatiques entre les deux pays des relations entre leurs populations respectives. « Ces tensions sont politiques, ne mêlons pas les sociétés civiles à cela », a-t-il conclu, dénonçant les tentatives de « jeter de l’huile sur le feu » dans un contexte déjà tendu.
- Tensions franco-algériennes
Pour rappel, l’expulsion de Doualemn, influenceur algérien de 59 ans interpellé à Montpellier pour "incitation à la violence" sur TikTok, a été refusée par les autorités algériennes qui l’ont renvoyé vers Paris. Selon le ministère français de l’Intérieur, Alger n’a fourni "aucun document valable" pour justifier cette interdiction de territoire.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a évoqué vendredi des mesures de rétorsion si Alger "continue l’escalade".
Dans un entretien sur LCI, il s’est dit "stupéfait" par le refus de l’Algérie de reprendre l’influenceur Doualemn, expulsé par la France jeudi mais refoulé dès son arrivée.
Parmi les options évoquées figurent une révision des quotas de visas, une réduction de l’aide au développement ou des ajustements dans la coopération bilatérale. "La France n’aura pas d’autre possibilité que de riposter si cette posture persiste", a-t-il déclaré.
Ce revers a ravivé le débat politique en France, notamment sur les accords bilatéraux de 1968 qui accordent aux ressortissants algériens des avantages spécifiques en matière de séjour et d’emploi.
Ce vendredi, le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a vivement critiqué la décision des autorités algériennes de refuser l’entrée sur leur territoire d’un influenceur expulsé par la France. Lors d’un déplacement à Nantes, le locataire de Beauvau a déclaré : "L’Algérie cherche à humilier la France", qualifiant cette situation de "seuil extrêmement inquiétant".
En réactions aux déclarations françaises, le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a dénoncé avec fermeté ce qu’il qualifie de "campagne de désinformation" menée par certains courants politiques en France, notamment l’extrême droite, à l’encontre de l’Algérie.
Dans un communiqué, il a accusé ces groupes de chercher à exploiter des tensions historiques et de nourrir des velléités d’intimidation et de confrontation dans les relations franco-algériennes. Selon lui, cette attitude alimente un "bras de fer" injustifié, éloignant les deux pays d’un dialogue apaisé.
Il a également critiqué l’expulsion du ressortissant algérien, qualifiée d’"arbitraire et abusive", soulignant que cette mesure allait à l’encontre de ses droits fondamentaux.
Selon la Diplomatie algérienne, ce dernier, résident en France depuis 36 ans et père de deux enfants français, a été empêché de se défendre dans le cadre de son procès prévu. Le chef de la Diplomatie algérienne a indiqué que cette expulsion violait la Convention consulaire algéro-française de 1974 et reflétait une atteinte aux principes de justice et d’équité.
- Réaction de l'avocat de l'influenceur
L’avocat Jean-Baptiste Mousset, défenseur de l’influenceur Boualem N., connu sous le pseudonyme de Doualemn, a rejeté les accusations portées contre son client. Il a assuré que les faits reprochés, notamment des propos traduits comme un appel au meurtre ou une incitation à la haine, avaient été mal interprétés.
Lors d’une déclaration publique, l’avocat a précisé que les enquêtes menées sous la supervision du procureur de la République de Montpellier avaient conclu à l’absence de tout contenu haineux ou intention de nuire. Selon lui, ces conclusions s’appuient sur des traductions réalisées par des interprètes assermentés et des spécialistes de la langue arabe, en tenant compte des nuances linguistiques propres à l’Algérie.
"Tout appel au meurtre ou comportement antisémite a été totalement écarté par la procédure", a déclaré Mousset, ajoutant que la publication initiale de son client avait été détournée de son sens. Il a également dénoncé des traductions "plus ou moins officielles" effectuées par des tiers non accrédités, qui auraient amplifié la polémique.
L’avocat a souligné que le procureur n’avait demandé ni placement sous contrôle judiciaire ni incarcération provisoire. "C’est une situation assez exceptionnelle", a-t-il noté, mettant en avant la confiance des autorités judiciaires dans la volonté de son client de collaborer pleinement avec la justice.