Politique, Monde

France Inter, Meurice et Aram : la critique du deux poids deux mesures étouffée en commission parlementaire

– En salle de commission, une députée de La France insoumise a été empêchée de pleinement exposer ses observations sur le traitement différencié des chroniqueurs de France Inter.

Ümit Dönmez  | 17.12.2025 - Mıse À Jour : 17.12.2025
France Inter, Meurice et Aram : la critique du deux poids deux mesures étouffée en commission parlementaire La députée La France Insoumise Ersilia Soudais participe à la Commission d’enquête parlementaire sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public, le 17 décembre 2025 à Paris (Source : Assemblée nationale française)

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


L’audition de la présidente-directrice générale de Radio France, Sibyle Veil, a tourné à l’affrontement mercredi 17 décembre, lors de la commission d’enquête parlementaire sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public. La députée Ersilia Soudais (La France insoumise) a vu sa prise de parole interrompue à de multiples reprises par le président de la commission, Jérémie Patrier-Leitus (Horizons), alors qu’elle tentait de mettre en cause ce qu’elle qualifie de « deux poids deux mesures » à France Inter.

La députée a d’abord rappelé la perte de 500 000 auditeurs en un an pour la station, selon les chiffres de rentrée, et interrogé la direction sur les causes de ce recul. Elle a explicitement lié cette baisse d’audience au licenciement de l’humoriste Guillaume Meurice, survenu un an plus tôt, estimant que cette décision avait marqué un tournant éditorial. La question portait sur la cohérence des sanctions et sur l’orientation de l’antenne depuis ce départ.

Le ton est monté lorsqu’Ersilia Soudais a évoqué la situation de Sophia Aram, estimant que certaines de ses chroniques posaient problème. La députée a pris soin de distinguer la personne de ses propos, affirmant viser des textes qu’elle juge « racistes » et citant une chronique sur une flottille humanitaire pour Gaza ayant suscité de nombreuses critiques d’auditeurs et une prise de distance de la Société des journalistes du Parisien. Elle n’a toutefois pas été autorisée à développer cet argumentaire.

Le président de la commission a alors multiplié les interruptions, haussant la voix et rappelant à plusieurs reprises que la commission n’était pas le lieu pour « qualifier une salariée du service public ». Il a reproché à la députée sa formulation, l’a menacée de lui couper le micro, puis lui a adressé des remarques personnelles, lui lançant notamment de « prendre une tisane » et assimilant ses propos à une attitude indigne d’une commission parlementaire. À plusieurs reprises, il a exigé qu’elle « aille au bout de sa question », tout en l’empêchant concrètement de la formuler.

Malgré plusieurs tentatives pour recentrer son intervention sur le fond — à savoir les critères disciplinaires appliqués à Guillaume Meurice, comparés au maintien à l’antenne d’autres chroniqueurs — Ersilia Soudais n’a pas pu pleinement exposer ses observations. L’échange s’est progressivement déplacé du terrain éditorial vers une mise au pas de la parole parlementaire, le président se posant en garant de la « manière dont on qualifie les citoyens français ».

Licencié en juin 2024 pour « déloyauté », Guillaume Meurice avait été suspendu après avoir réitéré une blague comparant le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu à « une sorte de nazi sans prépuce », qualifiée d’antisémite par certains auditeurs mais classée sans suite par la justice. Malgré les alertes internes, il avait maintenu sa position à l’antenne. La direction de Radio France a justifié sa décision en évoquant des manquements répétés à l’obligation de loyauté. Meurice conteste aujourd’hui ce licenciement devant les prud’hommes. Plusieurs syndicats, dont SUD Radio France, ont dénoncé une atteinte à la liberté satirique et une sanction politique.

À l’inverse, Sophia Aram, chroniqueuse depuis près de vingt ans sur France Inter, est régulièrement critiquée pour certaines de ses interventions, notamment anti-palestiniennes. Plusieurs chroniques ont suscité de vives réactions d’auditeurs, relayées par la médiatrice de Radio France, et une de ses interventions a fait l’objet d’une prise de distance publique de la part de la Société des journalistes du Parisien. Aram, de son côté, s’est opposée à Meurice dans cette affaire, qualifiant sa chronique de « blague pourrie ». Si elle reste à l’antenne, la question de la ligne éditoriale assumée par la direction, et des voix conservées ou évincées, continue d’alimenter les controverses autour de France Inter.



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