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France : Gabriel Attal "malvenu" à Sciences Po

- Le cadre académique du campus Sciences Po Paris exprime sa profonde émotion suite à la visite de Gabriel Attal et rejette toute forme « d’ingérence »

Ekip  | 19.03.2024 - Mıse À Jour : 20.03.2024
France : Gabriel Attal "malvenu" à Sciences Po

Tunisia

AA / Tunis / Salim Boussaïd

La visite inopinée du Premier ministre français Gabriel Attal au conseil d’administration du campus Sciences Po Paris, le 13 mars, a suscité une vive réaction du cadre académique de l’établissement qui a exprimé sa « profonde émotion » et son rejet de toute « ingérence » y compris celle de l’Etat.

Dans une lettre signée par 28 responsables de Sciences Po, dont les doyens, les directeurs des centres de recherche et des départements, ainsi que les membres élus de la faculté permanente du conseil d’administration(CA), les signataires ont exprimé « de manière unie et solidaire » leur « profonde émotion à la suite de la visite inopinée du Premier ministre lors de la séance du CA du 13 mars 2024 ».

« Aucun responsable politique ne saurait s’arroger le droit de dévaloriser les principes fondamentaux d’indépendance et de liberté académiques, tels qu’ils sont consacrés par les lois de la République », ont-il souligné.

Il ont rappelé que « la liberté académique garantit le droit d’enseigner et de mener des recherches en toute indépendance, sous le contrôle et la supervision des pairs mais sans ingérence de quelque autorité extérieure que ce soit, y compris l'État », peut-on lire dans la lettre, consultée par Anadolu.

« Les allusions à une éventuelle "reprise en main" de notre établissement lors du CA du 13 mars, contreviennent ostensiblement à ce principe cardinal », ont-ils constaté, tout en exprimant leur opposition à toute forme « d’exclusion, de discrimination, d’antisémitisme, de racisme, d'islamophobie et de violence ».

Ils ont également rappelé que « Sciences Po est régi par des règles précises concernant l'organisation de la vie étudiante » et que « tout non-respect de ces règles déclenche une enquête interne dont les éléments sont, le cas échéant, transmis à une section disciplinaire ». Ils ont fait savoir, dans ce contexte, que « cette procédure, qui ne se substitue pas à l’enquête judiciaire, a été suivie dès le lendemain de l’occupation de l'amphithéâtre Boutmy le 12 mars 2024 ».

Ils ont enfin insisté sur l’ouverture à l’international de leur projet académique et que « devant la gravité absolue de la guerre au Proche-Orient ainsi que dans d’autres zones de conflits à travers le monde, il est impératif de laisser les universités rétablir le chemin du débat d'idées et du dialogue ».

Pour rappel, des étudiants avaient organisé mardi une manifestation pro-palestinienne à Sciences Po Paris. Suite à quoi, une étudiante de confession juive a affirmé dans un premier temps, avoir été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre où se déroulait l'évènement et traitée de "juive et sioniste", avant de se rétracter dans une interview publiée deux jours après.

Entre-temps, l'affaire a pris de l'ampleur suscitant des réactions du président Emmanuel Macron et du Premier ministre Gabriel Attal.

Macron a dénoncé des propos "inqualifiables et parfaitement intolérables" à l'égard de l'étudiante juive, alors que le Premier ministre, à l’occasion d’un déplacement sur place le mercredi 13 mars, a déclaré qu'il allait faire un signalement au procureur de la République.

Une manifestation de soutien aux étudiants de Sciences Po a été empêchée par les forces de l’ordre jeudi dernier, alors que l’administration a décidé de fermer l’établissement et de suspendre tous les cours.

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