
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Éric Dupond-Moretti a exprimé ce mercredi matin sur RTL ses inquiétudes concernant la politique de son successeur à la Chancellerie, Gérald Darmanin, ainsi que celle du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Par voie d’interview, l’ancien ministre de la Justice française a déclaré : « Nous avons bien travaillé ensemble, mais je pleure le fait que nous soyons dans une dérive sécuritaire ». Selon lui, « si l’exécutif tente de mettre la main sur la justice, on bascule de la démocratie vers le totalitarisme ».
Dans un message publié sur la plateforme X, basée aux États-Unis, Gérald Darmanin a répliqué en assumant son orientation : « Cher Éric, en effet, je plaide coupable. La sécurité des Français est effectivement ma priorité absolue. Pour cela, je remets de l’ordre avec fermeté, sans naïveté ni excès, dans le fonctionnement de notre justice et dans nos prisons. Tout cela est possible avec de l’énergie ».
L’entourage de Bruno Retailleau a, de son côté, opposé une réponse plus laconique, indiquant que « son bilan suffit comme réponse » aux attaques de l’ancien garde des Sceaux.
Cette critique de l'ancien Garde des Sceaux intervient dans un contexte particulier. Pour rappel, Gérald Darmanin a publiquement critiqué des juges après certaines décisions de justice, alors que le rôle du garde des Sceaux est précisément de protéger leur indépendance. De son côté, Bruno Retailleau a mis en cause le Conseil constitutionnel après la censure d’un texte, ce que Dupond-Moretti qualifie de « malfaçon législative ».
À ses yeux, ces attitudes fragilisent les institutions et ouvrent la porte à une instrumentalisation du pouvoir judiciaire. Derrière son alerte, l’ancien ministre rappelle que la fermeté en matière de sécurité ne peut pas se traduire par une remise en cause de l’équilibre entre les pouvoirs.