France : Dreyfus entrera dans le calendrier des commémorations nationales
- Une cérémonie nationale annuelle sera désormais organisée chaque 12 juillet en mémoire d’Alfred Dreyfus

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Président français, Emmanuel Macron, a annoncé samedi que la date du 12 juillet sera désormais inscrite au calendrier des commémorations nationales.
Par voie de communiqué publié par l’Élysée, Macron a indiqué que cette décision marquera "le 120e anniversaire de la reconnaissance de l’innocence du capitaine Dreyfus", et qu’à partir de 2026, "chaque 12 juillet, se tiendra une cérémonie de commémoration pour Dreyfus, pour la victoire de la justice et de la vérité contre la haine et l’antisémitisme".
Dans ce texte solennel, Macron est revenu sur la portée historique de l’affaire Dreyfus, rappelant que le 12 juillet 1906, la Cour de cassation rendait à Alfred Dreyfus "son innocence, sa liberté, sa dignité et son honneur". Il a souligné que cet épisode incarne "l’esprit des Lumières, les principes de 1789 et la promesse républicaine", tout en rendant hommage aux défenseurs de Dreyfus, les "glorieux Dreyfusards", qui "avaient estimé en 1906 avoir fait leur devoir".
Mais Macron a également reconnu les limites du compromis qui avait permis cette réhabilitation : Dreyfus, "jusqu’au dernier jour, attendit et espéra que lui fût rendu un grade qu’il estimait avoir perdu en 1906. En vain." Une référence directe au débat parlementaire en cours sur une proposition de loi visant à accorder rétroactivement à Dreyfus une promotion posthume, 90 ans après sa mort. "Le Parlement, souverain, en décidera, en responsabilité", précise le chef de l’État, tout en rappelant que les règles de la République veulent que la promotion dans les grades militaires s’applique avant tout "aux vivants ou à ceux qui viennent de tomber pour la France".
Le Président français invite à "conserver et entretenir l’élan vital du Dreyfusisme", affirmant qu’il s’agit d’"une mystique qui ne doit céder en rien à la seule politique". Il appelle à la vigilance face à "ces vieux démons antisémites engendrés par la haine".
Alfred Dreyfus, officier juif de l’armée française, fut faussement accusé en 1894 d’espionnage en faveur de l’Allemagne, condamné à la dégradation et à la déportation sur l’île du Diable, dans un contexte marqué par l’antisémitisme et un complot militaire. Après un long combat juridique et médiatique — dont l’emblématique lettre de Zola « J’accuse…! » — la Cour de cassation annula le verdict en 1906, réhabilitant Dreyfus et le réintégrant dans l’armée.