France: Deborah Abisror-de Lieme fustige le comportement des Républicains sur la réforme des retraites
- "Ils ont mis le politicien avant la politique et avant la responsabilité", estime la candidate aux élections législatives partielles pour la huitième circonscription des Français de l'étranger, qui regroupe notamment la Türkiye

Ankara
AA / Ankara / Alaattin Doğru - Alex Sinhan Bogmis
Deborah Abisror de Lieme (37 ans), secrétaire générale du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale et candidate aux élections législatives partielles pour la huitième circonscription des Français de l'étranger dans laquelle se trouve la Türkiye, prône une proximité entre les élus et les Français vivant à l’étranger.
Au cours d'une entrevue avec Anadolu, elle a évoqué, outre son projet relatif aux élections législatives partielles pour la huitième circonscription des Français établis hors de France, l'actualité relative à la réforme des retraites.
Le premier tour des élections législatives partielles pour la huitième circonscription des Français de l'étranger aura lieu le dimanche 2 avril et le deuxième tour se tiendra le dimanche 16 avril.
"Je pense que c'est important qu'ils se rendent compte qu'ils sont représentés à l'Assemblée et qu'il faut qu'ils fassent le choix de qui les représente, a-t-elle dit.
Et c'est la raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui à Ankara. J'étais à Istanbul hier pour venir à la rencontre justement de nos Français de l'étranger qui habitent ici."
Meyer Habib, 61 ans, a été élu député de la huitième circonscription des Français établis hors de France de 2013. Il a conservé son siège en 2017 après sa réélection.
Le vendredi 3 février, l'élection du député Meyer Habib dans la huitième circonscription des Français de l'étranger a été annulée par le Conseil constitutionnel pour raison d’"irrégularités" et de "manœuvres" électorales ayant pu "altérer la sincérité".
"L’élection a été annulée pour des raisons de manœuvres électorales. Il n'a pas respecté les lois de la République et les lois électorales. Et c'est pour ça qu'on se retrouve aujourd'hui à nouveau aux urnes. Et c'est important que les électeurs choisissent aujourd'hui une personne qui les représente et qui les représente pour ce qu'ils sont", a ajouté Deborah Abisror de Lieme.
"Il y a neuf pays dans cette circonscription, il faut que chacun s'y retrouve. C'est important pour moi de dire que je suis là, que je suis une candidate de terrain, que je veux les représenter par le terrain, que je veux venir à leur rencontre une fois que je serai élue. S'ils me choisissent, je reviendrai. Je veux mettre en place une permanence itinérante pour être là à peu tous les deux mois, pour venir à eux, voir avec eux leurs problématiques, leurs problèmes, etc. J'étais là aussi il y a trois semaines lorsqu'il y a eu le séisme.
J'ai levé de l'argent avec une association et je l'ai ramené directement sur le terrain parce que pour moi, c'est important de montrer qu'on doit être sur le terrain. Un député n'est pas uniquement là pour les élections, mais il est là aussi pendant son mandat sur le terrain."
Selon la secrétaire générale du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, les Français établis hors de France ont une problématique qui est assez similaire, avec quelques exceptions.
"Pour les Français qui vivent en Turquie et pour les Franco-turcs, il faut la mise en place d'une fiscalité qui est différente. Il y a aussi la retraite et le lien avec le problème de l'inflation aujourd'hui ici. Et puis il y a le problème de la francophonie, la volonté de la part de nos Français qui vivent à l'étranger de pouvoir rester en lien avec leur français, avec leur francophonie. Et c'est aussi à ça que ça rend un député des Français de l'étranger au quotidien", a-t-elle poursuivi.
Lundi soir, la très controversée réforme des retraites est officiellement adoptée après le rejet avec 278 voix favorables sur les 287 nécessaires à faire tomber le gouvernement de la motion transpartisane, ainsi que celle déposée par le RN (Rassemblement national).
"Ce n'est jamais simple de faire une réforme. Lorsque vous décidez d'être responsable, lorsque vous décidez d'être dans la responsabilité. Vous avez forcément une opposition, pense Deborah Abisror de Lieme.
Le président [Emmanuel Macron] a fait le choix de la responsabilité, le choix du budget. Si on n’adopte pas cette réforme des retraites, on aura 150 milliards de dette dans quelques années. Et ça, on ne peut pas se le permettre. On me parle aussi beaucoup du problème démocratique du 49.3. C'est un outil de la Constitution. Nous, le groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, nous voulions aller au vote. Si nous n'avons pas pu aller au vote, ce n'est pas par manque de volonté de notre part. Nous avons 170 députés Renaissance à l'Assemblée nationale.
Les 170 étaient présents pour voter. Nous avions les 170 voix. Les Républicains qui, au cours des 30 dernières années, appelaient de leurs vœux cette réforme des retraites, en parlant même de 67 ans pour la plupart, ont décidé aujourd'hui de faire le jeu des oppositions, de faire le jeu politique, de se mettre en opposition du gouvernement. Et lorsque vous avez la moitié d'un groupe qui appelle à la retraite entre 65 et 67 ans, qui ne vote pas une retraite à 64 ans uniquement pour bloquer un gouvernement, alors là, vous êtes dans le manque de responsabilité."
Citant l’élection des députés comme exemple, la secrétaire générale du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale indique que la démocratie n’est pas représentée par la rue, plutôt par des élections.
"C'est jouer un jeu politique où il y a eu une alliance des extrêmes tant pour l'extrême gauche que pour l'extrême droite. […] Parce que j'aurais bien aimé voir, moi, ces Républicains, dans un an ou deux, lorsque la dette elle s'amplifiera, lorsque l'inflation sera beaucoup plus importante, nous expliquer que finalement ils regrettent leurs voix, ils regrettent leur vote pour des questions politiciennes, défend-elle.
Alors on a un président qui a fait le choix du pragmatisme, qui a fait le choix de la responsabilité. C'est un choix très dur. C'est un choix qui n'est jamais simple parce que ce n'est jamais simple d'être responsable. C'est beaucoup plus simple d'aller dans le sens de la rue et dans le sens de la mode. Mais ce n'est jamais simple de prendre un choix de responsabilité."
En 1912, il y a 110 ans, explique Deborah Abisror de Lieme, la retraite était à 60 ans dans le budget. En 110 ans, la population a pris 30 ans d'espérance de vie. Garder la retraite au même âge après 110 ans et 30 ans d'espérance de vie en plus, selon elle, n’est pas soutenable.
"Aujourd'hui, on a une population qui est vieillissante. On a une dette qui est colossale et qui ne fait que s'amplifier. Évidemment vous n'aurez pas les gens qui vont crier merci, merci d'aller travailler deux ans de plus. C'est une évidence. Par contre, ces mêmes personnes seront dans la rue dans dix ans pour nous dire que leur inflation allait à 100 %, que leur baguette vaut dix fois plus, que leurs produits ménagers valent 20 fois plus, affirme-t-elle.
Il y a un moment donné, il faut une décision qui soit pragmatique et qui soit en accord avec les finances de notre pays. Je pense très sincèrement que si les Républicains avaient encore une boussole politique et une boussole de vie (le budget), comme ils l'ont toujours fait ces 30 dernières années, on n’en serait pas là. Ils ont mis le politicien avant la politique et avant la responsabilité. Et je m'en désole très sincèrement."
Selon Deborah Abisror de Lieme, la gauche doit prendre ses responsabilités pour parvenir à une accalmie au sujet de la réforme des retraites en France.
"Tout est dans les mains de la gauche, plus précisément de l'extrême gauche. Vous avez un Jean-Luc Mélenchon qui est à l'Assemblée nationale, qui est dans l'hémicycle au balcon de l'Assemblée nationale pour regarder le vote alors qu'il n'est même pas élu, qu'il n'est donc plus rien d'autre qu'un représentant de la politique politicienne d'extrême gauche aujourd'hui et qui appelle au chaos de la rue.
Le sourire qu'il avait au visage quand il voit les exactions, lorsqu'il voit les feux, mais c'est hallucinant", souligne-t-elle.
Et de conclure :
"Concernant la dissolution de l’Assemblée nationale, nul ne le sait. J'ai une élection dans huit jours, donc c'est la deuxième campagne en six mois. J'aimerais bien ne pas en avoir une troisième. Je pense que les Républicains ne s’en sortiront pas très grandis."