France / Crispation identitaire en Corse : Inquiétudes au sein de la communauté maghrébine (Médias)
- L'escalade des tensions identitaires en Corse affecte directement les résidents d'origine maghrébine, selon Corse Matin

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La Corse, confrontée à une crispation identitaire croissante, voit sa communauté maghrébine particulièrement affectée, selon Corse Matin.
Le journal régional rapporte que cette tension, exacerbée par des incidents récents et des manifestations de mouvements nationalistes corses d'extrême droite, crée un climat d'inquiétude parmi les résidents d'origine maghrébine.
Mohamed Jouablia, président de l'Association populaire des Tunisiens de Corse, exprime le malaise croissant dans la communauté. "Nous ressentons une pression constante, une peur de devenir des cibles", confie-t-il à Corse Matin, faisant allusion à l'impact psychologique des événements sur la vie quotidienne des personnes maghrébines de l'île ou perçues comme telles.
Le journal régional rappelle les manifestations ayant réuni des centaines de personnes, comme celle de "racailles fora" (racailles dehors) à Bastia, le 13 janvier courant, après l'agression présumée d'une personne à Furiani par un groupe qui serait d'origine maghrébine, dans la nuit du 5 au 6 janvier.
Notant que les débats houleux sur l'immigration renforcent cette atmosphère de méfiance, Corse Matin met en lumière une réalité complexe : celle d'une île aux prises avec des questions d'identité et de cohabitation.
L'indignation est évidente concernant les récentes évolutions idéologiques sur l'Île de Beauté, selon le quotidien local. L'approche de l'association identitaire « Palatinu », qui promeut une vision ethnocentrique du peuple corse, suscite des réactions, notamment parmi la communauté d'origine maghrébine. En réponse à cette orientation privilégiant la filiation ethnique, les Corse d'origine maghrébine expriment leur soutien au principe de l'identité par la naissance sur le territoire, soit le droit du sol.
Interrogé par le journal régional, Miloud Mesghati, président du Culte musulman de Corse et de l'union des Marocains de Corse-du-Sud, insiste sur la volonté de la communauté de vivre en harmonie avec les autres résidents de l'île, tout en condamnant les actes qui perturbent la coexistence pacifique.
"Ça fait 50 ans que je vis ici. Mes enfants sont nés ici, ils ont réussi ici. Ils sont Corses à 100 % !", déclare Miloud Mesghati, interrogé par Corse Matin. "Celui qui est né ici est d'ici. Ali a les mêmes droits que Jean", ajoute Mohamed Jouablia, des Tunisiens de Corse".
Bien que la remise en question de l'idée d'une communauté de destin commence à se faire sentir dans les rangs nationalistes, certains se souviennent encore clairement de paroles prononcées par le président de l'Exécutif, rapporte le journal régional. "Gilles Simeoni a affirmé que même d'origine maghrébine, nous sommes Corses. Cela nous rassure", estime Mohamed, interrogé par Corse Matin.