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France : Commémoration du préfet Claude Erignac à Ajaccio, 26 ans après son assassinat

- La cérémonie annuelle en mémoire du préfet Erignac s'est tenue sur fond d'incertitude politique en Corse

Ümit Dönmez  | 07.02.2024 - Mıse À Jour : 08.02.2024
France : Commémoration du préfet Claude Erignac à Ajaccio, 26 ans après son assassinat

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Une cérémonie d'hommage au préfet de Corse Claude Erignac, assassiné il y a 26 ans, s'est déroulée ce mardi à Ajaccio, en Corse.
L'événement, marqué par la douleur et le souvenir, s'est inscrit dans un contexte politique particulièrement incertain, selon France 3 Régions, alors que deux jours auparavant, la visite du ministre de l'Intérieur en Corse avait été reportée.

Au cours de la cérémonie sur la place portant le nom de Claude Erignac, le préfet de Corse, Amaury de Saint-Quentin, a souligné la nécessité d'avancer tout en honorant la mémoire du défunt. "Si une page se tourne, c'est qu'il nous appartient d'écrire la suivante. Parce que nul ne peut vivre dans le ressentiment... Les défis sont nombreux, et nous ne pourrons les relever que main dans la main," a-t-il déclaré. Ces mots résonnent comme un appel à l'unité et à la réconciliation, sans pour autant oublier la tragédie survenue le 6 février 1998.

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui devait se rendre sur l'Île de Beauté mercredi et jeudi pour poursuivre les discussions sur le statut de la Corse, a reporté, dimanche dernier, son déplacement de "quelques semaines" car "les conditions sereines ne sont pas réunies".

La presse française rapporte que cette décision de report est particulièrement motivée par l’absence de condamnation "par les responsables politiques insulaires" de "l’envahissement de la propriété du garde des Sceaux", samedi dernier. Pour rappel, des militants du mouvement indépendantiste « Core in Fronte » se sont introduits dans une maison qu'ils ont présentée comme appartenant au ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, dans le village de Centuri (Haute-Corse).

Selon le mouvement corse, il s'agissait d'une "opération symbolique et politique" visant le "domicile secondaire" du garde des Sceaux, dans le but de "dénoncer les mécanismes répressifs en Corse". La presse française rapporte qu'une enquête pour violation de domicile et dégradations aggravées a été ouverte par le parquet de Bastia.

Le ministre de l'Intérieur "effectuera des consultations politiques d’élus corses cette semaine à Paris", selon le ministère. Citée par la presse française, une source proche du dossier précise que le report de cette visite s'explique également par "l’insuffisante avancée des élus de Corse sur la copie commune qu’ils doivent présenter".


- Situation politique en Corse


Pour rappel, deux militants indépendantistes corses du mouvement Nazione ont été mis en examen par un juge d'instruction à Paris vendredi 2 février et placés en détention provisoire dans l'attente du débat différé devant le juge des libertés, selon Corse Matin. L'enquête en cours porte sur un attentat perpétré contre une résidence secondaire à Santa-Maria-di-Lota (Haute-Corse) en novembre 2022.

Le mouvement indépendantiste corse "Nazione" est né le 28 janvier dernier, à l'Université de Corte (Haute-Corse), marquant également la disparition de Corsica Libera, un autre mouvement indépendantiste historique, selon Corse Matin, qui précise que la réunion constitutive a été l'occasion de poser les contours de ce mouvement qui entend redéfinir le nationalisme corse.

Par ailleurs, le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a tenu une conférence de presse clandestine le 26 janvier, annonçant sa responsabilité dans 45 attentats depuis octobre dernier.

S'appuyant sur les propos du Président français Emmanuel Macron en septembre 2023, le FLNC a rejeté la notion d'une "communauté insulaire" au lieu d'une reconnaissance distincte du peuple corse. Le groupe a par ailleurs souligné l'augmentation démographique significative en Corse, majoritairement due à l'arrivée de résidents français, qualifiant ce phénomène de "colonisation dite de peuplement".

Le Premier ministre Gabriel Attal a indiqué le 25 janvier que son gouvernement entend poursuivre les travaux pour faire apparaître dans la Constitution française la mention de la Corse, en reconnaissant une "communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle". Il a rappelé l'engagement du chef d'État français, Emmanuel Macron, qui "lie" son gouvernement, et a mentionné les "responsabilités nouvelles" qui seront conférées à la collectivité de Corse, "en tirant les leçons des insuffisances du statut actuel".

Sur cette base, le Gouvernement français prévoit de proposer au Parlement les textes constitutionnels et organiques nécessaires pour concrétiser cette vision d'une "Corse autonome au sein de la République".




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