France : Charlie Hebdo au cœur d'une nouvelle polémique à la suite d'une caricature « raciste » visant Rokhaya Diallo
- Le dessin, représentant Rokhaya Diallo dansant vêtue d’une jupe de bananes à la manière de Joséphine Baker, a suscité de vives réactions et des accusations de racisme
Istanbul
AA / Istanbul / Ben Amed Azize Zougmore
Le journal satirique Charlie Hebdo est au cœur d’une nouvelle polémique après la publication d’une caricature de la journaliste, auteure et documentariste Rokhaya Diallo, signée par son directeur de la rédaction, Riss. Le dessin, représentant Rokhaya Diallo dansant vêtue d’une jupe de bananes à la manière de Joséphine Baker, a suscité de vives réactions et des accusations de racisme.
La caricature, accompagnée de la légende « The Rokhaya Diallo Show ridiculise la laïcité à travers le monde », a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et dans la sphère politique.
L'intéressée a dénoncé, dans un post sur le réseau social américain X, un dessin qu’elle juge héritier de « l’imagerie coloniale ». « Charlie Hebdo incapable de confronter les idées d’une femme noire sans la réduire à un corps dansant, exotisé, supposément sauvage », a-t-elle écrit, estimant être attaquée non sur ses positions intellectuelles mais sur son identité. « Ce dessin hideux vise à me rappeler ma place dans la hiérarchie raciale et sexiste », a-t-elle ajouté.
Plusieurs responsables politiques ont apporté leur soutien à la journaliste. Le député La France insoumise Antoine Léaument a qualifié la caricature d’« abominable de racisme ». Sa collègue du même groupe, Nadège Abomangoli, a accusé le journal de s’en prendre à « une femme noire qui parle, qui pense et qui assume ses positions dans des espaces que certains estiment encore réservés ».
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, apporte également son soutien à la journaliste. « L'imagerie des expositions coloniales, celle des zoos humains a la vie dure », écrit-il, faisant allusion à l'expo coloniale de 1931, élément de propagande coloniale dont Joséphine Baker avait été l'ambassadrice.
Le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface, a aussi condamné un dessin qu’il a jugé « vraiment infâme ».
Cette nouvelle caricature à caractère raciste vient s'ajouter à une série de productions controversées du journal.
