France / Blocage de l'A15 près de Paris : Les agriculteurs expriment leur colère et leurs exigences
- Des agriculteurs bloquent l'autoroute A15 à Argenteuil, exprimant leur frustration face aux réglementations et à l'agribashing, et demandant un soutien concret du Gouvernement français

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le mouvement de protestation des agriculteurs français, illustré par les blocages sur l'autoroute A15 près d'Argenteuil et d'autres voies majeures en Île-de-France, marque une escalade dans la crise agricole qui secoue le pays.
Les agriculteurs, parmi lesquels figurent des personnes telles que Rodolphe Thomassin et Lucille Barrois, tous deux membres de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles), expriment leur frustration face aux contraintes réglementaires, l'insuffisance de leur rémunération et à "l'agribashing".
Anadolu s'est rendue à un blocage sur l'autoroute A15 près d'Argenteuil, dans le nord de la capitale française, ce jeudi 31 janvier, et a interrogé plusieurs d'entre eux, alors que les manifestations agricoles se poursuivent depuis deux semaines dans l'Hexagone.
- Rémunération et contraintes
Rodolphe Thomassin, membre de la FNSEA, a tenu à souligner la situation critique des agriculteurs : "Les exploitations sont en péril économique et on a du mal à travailler à cause de toutes les règles que l'Europe et la France nous imposent", a-t-il déclaré pour mettre en lumière la détresse économique et les contraintes excessives auxquelles les agriculteurs français sont confrontés.
Le blocage de l'A15, ainsi que des autres axes majeurs de l'Île-de-France, est un cri de détresse et une demande de reconnaissance, selon Thomassin.
Lucille Barrois, également membre de la FNSEA, partage cette frustration et précise les exigences des agriculteurs français. "On a prévu de faire le blocus plus près de Paris," explique-t-elle, indiquant que les agriculteurs veulent que leurs voix soient entendues par les décideurs politiques. Elle soulève le problème du fardeau administratif : "Les grosses revendications des mouvements, c'est qu'il y a ce ras-le-bol administratif qui ne nous laisse vraiment pas le temps de travailler dans nos champs. On a autre chose à faire que d'être dans les bureaux", explique-t-elle
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— Anadolu Français (@aa_french) February 1, 2024
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- Normes phytosanitaires et concurrence déloyale
Barrois met aussi en avant la problématique des normes phytosanitaires inégales entre les produits locaux et ceux importés, ajoutant qu'il est déloyal "d'accepter des produits européens ou étrangers, qui n'ont pas les normes phytosanitaires que nous nous obstinons à respecter.
"On fait patte blanche, on respecte ce qu'on nous ordonne," dit-elle, exprimant le désir d'une concurrence plus équitable et d'une meilleure considération pour les efforts des agriculteurs français.
La durée de la manifestation reste incertaine, contrairement à la détermination des agriculteurs. "On ne sait pas combien de temps nous resterons," déclare Thomassin, avant de souligner la volonté des agriculteurs à obtenir des réponses du Gouvernement français et de l'Union européenne. Le blocage de la périphérie parisienne est prévu "jusqu'à jeudi et s'il faut continuer, on continuera," ajoute Barrois, illustrant une fois de plus la détermination des agriculteurs de persévérer dans leur lutte.
- L'image des agriculteurs
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Rappelant "le soutien de la population, qui est quasi unanime", Rodolphe Thomassin met en évidence la contradiction entre l'opinion publique favorable et la représentation négative des agriculteurs dans les médias, dénonçant "l'agribashing".
"Comment se fait-il que pendant des années, au niveau des médias, on nous tape dessus, qu'on serait des pollueurs, qu'on serait des moins-que-rien ? Et aujourd'hui, les gens nous considèrent et nous encouragent dans notre action," ajoute-t-il, soulignant l'écart entre la perception médiatique et la réalité vécue par les agriculteurs.
Pour rappel, selon plusieurs sondages d'opinion récents, de 80 % à 90 % de la population française soutient la mobilisation des agriculteurs.
Cette vague de contestation intervient dans un contexte marqué par une augmentation des charges pour les agriculteurs français (notamment sur le carburant), des retards de paiement des subventions agricoles, l'interdiction de pesticides autorisés dans d'autres pays, ainsi que des normes environnementales jugées trop contraignantes par les agriculteurs de l'Hexagone.
Elle s'inscrit également dans une colère à l'échelle continentale alors que des manifestations d'agriculteurs secouent une dizaine d'autres pays de l'Union européenne.