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France : Bayrou juge que le programme nucléaire iranien "menace la survie" d’Israël

- Le Premier ministre a défendu au Sénat la position française face aux conflits internationaux, en particulier au Moyen-Orient

Ümit Dönmez  | 18.06.2025 - Mıse À Jour : 19.06.2025
France : Bayrou juge que le programme nucléaire iranien "menace la survie" d’Israël

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Le Premier ministre français François Bayrou a estimé, mercredi au Sénat, que « la force de la loi a été remplacée par la loi de la force », et que le programme nucléaire iranien "menace la survie" d'Israël.

Lors d’une séance de questions au gouvernement largement dominée par les crises internationales, notamment en Iran, en Ukraine et au Proche-Orient, Bayrou a été interpellé par le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard, sur l’orientation de la diplomatie française dans un « chaos mondial ».

Le chef du gouvernement a tenté de défendre la ligne suivie par Paris. Le sénateur de l’Isère a dénoncé successivement « l’agression russe » en Ukraine, « la détention d’otages par le Hamas et les mollahs », « le génocide à Gaza » commis par Israël, la colonisation en Cisjordanie par ce même pays, et la « guerre préventive déclenchée hors de tout cadre multilatéral par Israël contre le régime des mollahs ».

Le parlementaire a appelé la France à « sortir du laxisme et de l’inaction » en matière diplomatique et à « instaurer des sanctions économiques », en se référant à l’opposition française à la guerre d’Irak en 2003. Il a également critiqué « le bellicisme israélien » et « l’erratisme de Donald Trump » qui, selon lui, empêchent toute issue politique.

François Bayrou a répliqué que la France restait « attachée au droit, aux principes humanitaires, au bon sens ».

Il a affirmé que l’exécutif avait dénoncé « à différentes reprises » la situation à Gaza, et exigé notamment « la liberté de circulation, la liberté d’approvisionnement ». Concernant l’Iran, le Premier ministre a insisté : « Ce qu’il se passe en Iran est complètement différent, sans que nous puissions du tout considérer que c’est normal ou acceptable ».

Le chef du gouvernement a rappelé les alertes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et de la troïka européenne — France, Royaume-Uni, Allemagne — sur l’ampleur du programme nucléaire iranien.

Selon ces données, l’Iran disposerait aujourd’hui de 275 kg d’uranium enrichi à 60 %, un seuil proche des 90 % nécessaires à la fabrication de l’arme nucléaire. Avec ce stock, « plus de neuf » bombes pourraient théoriquement être produites.

« Si on essaye de réfléchir, en se mettant à la place du gouvernement israélien, je comprends qu’il ait eu un souci énorme à voir à ses portes un risque aussi considérable que celui-là, qui menace sa survie », a justifié François Bayrou, tout en rappelant que la France appelait à la « retenue ».

Le Premier ministre n’a pas répondu à la demande du groupe écologiste d’organiser un débat parlementaire sur la situation au Moyen-Orient.

Lors de la même séance de question au gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot a exprimé "la nécessité" pour l'Iran de "libérer sans délai" Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis trois ans.

"J'ai décidé que nous allions renforcer le dispositif d'écoute", a ajouté Jean-Noël Barrot à propos des ressortissants français présents en Iran et en Israël.

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- Question de la menace nucléaire


Pour rappel, l’ancien ambassadeur de France à Washington et Tel Aviv, Gérard Araud, a déclaré ce mardi sur LCI : « Tous les services de renseignement occidentaux, y compris la CIA, ont dit publiquement que les Iraniens n’étaient pas engagés dans la fabrication d’une arme nucléaire. […] Il n’y avait pas de menace immédiate et substantielle pour justifier l’attaque israélienne à ce moment. »

Les attaques israéliennes contre l'Iran ont débuté le 13 juin et se poursuivent encore, visant des infrastructures militaires mais aussi civiles. Téhéran a répliqué par des tirs de drones et de missiles. Selon les sources officielles, au moins 224 personnes ont été tuées par les bombardements israéliens en Iran alors que les tirs de missiles balistiques iraniens auraient causé la mort de 24 Israéliens.


- Situation humanitaire à Gaza

Par ailleurs, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué plus de 5 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 55 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas.

La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.

Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.

Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération".

Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".




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