France : Bataille politique autour du renouvellement du Bureau de l’Assemblée nationale
- Dans un contexte politique particulièrement tendu, cette échéance suscite de fortes réactions dans l’hémicycle, tant les postes en jeu sont déterminants pour l’équilibre interne de l’institution.

Istanbul
AA / Istanbul / Serap Dogansoy
L’Assemblée nationale entame ce mercredi le renouvellement de son Bureau, à l’exception de sa Présidence, élue pour toute la durée de la législature. Dans un contexte politique particulièrement tendu, cette échéance suscite de fortes réactions dans l’hémicycle, tant les postes en jeu sont déterminants pour l’équilibre interne de l’institution.
- Réactions des partis politiques
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a rappelé l’importance du respect des règles institutionnelles dans le cadre de ce renouvellement : « En démocratie, il n’y a pas de règles. À l’Assemblée nationale, je me bats pour qu’elles soient respectées et que l’équilibre politique soit garanti. Je ne me bats ni pour le RN ni pour LFI : je me bats pour la démocratie. »
Une déclaration immédiatement critiquée par Aly Diouara, député LFI, qui a dénoncé une forme de légitimation de l’extrême droite : « Offrir coûte que coûte des sièges au RN au Bureau de l’Assemblée nationale, ce n’est pas défendre la démocratie. C’est normaliser le racisme et la xénophobie au cœur même de ce que vous appelez le temple de la démocratie. »
Le Rassemblement national mise, de son côté, sur ce renouvellement pour renforcer son influence institutionnelle. Fort de son poids politique dans l’hémicycle, il revendique une représentation plus importante au sein du Bureau, notamment aux postes stratégiques de vice-présidence ou de questure.
Les formations de gauche (NFP, LFI, PS, Écologistes, PCF) font part de leurs vives inquiétudes face à une telle perspective, qu’elles jugent incompatible avec les valeurs républicaines. Elles appellent à l’union de leurs forces afin d’empêcher l’extrême droite d’accéder à des responsabilités jugées trop sensibles.
Considéré comme un arbitre déterminant, le groupe LIOT pourrait faire basculer l’issue du scrutin. « La position du groupe LIOT est claire et unanime : chaque groupe a vocation à être représenté au sein du Bureau de l’Assemblée nationale. Nous faisons le maximum pour conserver Charles de Courson comme rapporteur général du budget », a déclaré Laurent Panifous.
La majorité présidentielle (Renaissance et ses alliés) se montre, quant à elle, soucieuse d’éviter toute polarisation. Elle plaide pour une répartition des postes qui reflète l’équilibre parlementaire tout en garantissant la stabilité institutionnelle et en préservant les équilibres internes de l’Assemblée.
- Déroulement et calendrier du renouvellement
Le processus débute mercredi 1er octobre avec l’élection des autres membres de l’organe dirigeant, à commencer par les six vice-présidents et les trois questeurs, chargés notamment de la présidence des séances ainsi que de la gestion administrative et financière de l’Assemblée.
Il se poursuivra jeudi 2 octobre au matin avec l’élection des douze secrétaires, responsables de la tenue des procès-verbaux, du décompte des votes et d’autres missions techniques lors des séances.
Enfin, jeudi 2 octobre dans l’après-midi, les huit commissions permanentes procéderont à leur tour au renouvellement de leurs bureaux, structures essentielles chargées d’examiner les textes législatifs et de contrôler l’action du gouvernement.
Le Bureau de l’Assemblée nationale se compose au total de 22 membres : le président, six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires. Si le président demeure en fonction jusqu’à la fin de la législature, les autres postes sont renouvelés chaque année au début de la session ordinaire.
- Procédure d’élection
À l’ouverture de chaque législature, l’Assemblée nationale procède au renouvellement de son Bureau, organe clé chargé d’assurer le bon fonctionnement de l’institution et d’en fixer les grandes orientations.
La première séance est présidée par le doyen d’âge des députés, assisté des six plus jeunes élus, qui supervisent l’élection du président de l’Assemblée au scrutin secret. Une majorité absolue est requise aux deux premiers tours, puis une majorité relative suffit au troisième. En cas d’égalité, le candidat le plus âgé est proclamé élu.
Une fois le président choisi, l’Assemblée élit les autres membres du Bureau : six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires, soit un total de 22 membres. Un système de répartition proportionnelle des postes entre groupes politiques garantit la représentation de l’ensemble des sensibilités parlementaires, et au moins un poste de questeur revient à l’opposition.
- Rôle et attributions du Bureau
Chargé de l’organisation des débats, de la supervision des scrutins et de la direction des services administratifs, le Bureau dispose de larges prérogatives pour garantir la continuité et l’efficacité des travaux parlementaires.
Il supervise l’organisation interne, dirige les services, veille au bon déroulement des débats et des scrutins, contrôle la recevabilité financière des textes et nomme aux plus hauts postes de l’administration parlementaire.
Réuni en moyenne huit fois par an, il joue un rôle central dans la vie institutionnelle et politique de l’Assemblée nationale, contribuant à garantir la régularité et l’efficacité des travaux parlementaires.