France / Autonomie de la Corse : Nazione refuse le texte de Beauvau
- Les dirigeants du parti indépendantiste, Josepha Giacometti-Piredda et Petr'Anto Tomasi, ont clairement indiqué que ce texte ne respecte pas les aspirations du peuple corse, selon Corse Matin.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La question de l'autonomie de la Corse a pris un tournant, ce samedi, avec la position ferme de Nazione, un parti indépendantiste corse, qui a annoncé son refus catégorique de soutenir le texte issu du dîner de Beauvau, selon Corse Matin.
Cette décision a été prise lors d'une réunion à Ajaccio, dirigée par Josepha Giacometti-Piredda et Petr'Anto Tomasi. Les dirigeants du parti ont dénoncé le texte comme représentant une autonomie "au rabais", n'atteignant pas les attentes du mouvement indépendantiste ni les standards européens en matière d'autonomie.
La réunion a mis en évidence plusieurs aspects du texte qui ont été jugés inadéquats par Nazione, anciennement Corsica Libera. Parmi eux, la question de la coofficialité de la langue corse, un élément clé de l'identité culturelle de l'île, n'a pas été abordée de manière satisfaisante. Le parti a également exprimé son mécontentement quant au traitement des questions relatives au statut de résident et à la protection des entreprises corses face à la concurrence internationale, jugées insuffisamment traitées dans le texte.
L'absence de mention dans le texte de la possibilité de "déroger" à l'article 2 de la Constitution française, qui stipule que "la langue de la République est le français", est vue comme une entrave majeure à l'autonomie linguistique, selon Nazione. De plus, le texte semble reléguer le pouvoir normatif de l'Assemblée de Corse à une portée limitée, soumise à des conditions et des réserves qui devront être définies par une future loi organique. Cette perspective a été interprétée par Nazione comme un manque d'autonomie réelle, le parti craignant que les modalités d'application soient trop dépendantes des décisions politiques au niveau national et des contrôles constitutionnels.
Nazione a qualifié l'accord de Beauvau de "verrou" et d'"entrave" à l'autonomie de la Corse, le considérant comme une simple formalisation du discours d'Emmanuel Macron lors de sa visite à Ajaccio en septembre dernier. Cette perception renforce le sentiment d'un échec pour la Corse, tel que perçu par le parti indépendantiste.
Le parti a également annoncé que son unique représentante à l'Assemblée de Corse n'appuierait pas ce texte lors de la prochaine session à l'Assemblée corse, fixé au 27 mars.
Pour rappel, le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé, mardi, qu'un accord avait été trouvé avec les représentants politiques corses sur "l'autonomie de la Corse au sein de la République".
Darmanin s'exprimait mardi matin sur son compte officiel sur le réseau "X", après une réunion, dans la nuit, avec des élus corses, dont, Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse et Laurent Marcangeli, député de Corse-du-Sud et président du groupe Horizons à l'Assemblée nationale.
"Ce soir, avec les représentants politiques corses, nous avons trouvé un large accord institutionnel", a-t-il écrit sur "X", précisant que "cet accord sera prochainement débattu par l’Assemblée de Corse avant de prendre le chemin des consultations politiques nationales".
Dans une vidéo accompagnant ce texte, Darmanin a annoncé une "écriture constitutionnelle" qui prévoit "la reconnaissance d'un statut d'autonomie pour la Corse au sein de la République, qui tient compte de ses intérêts propres, lié à son insularité méditerranéenne, à sa communauté historique, linguistique, culturelle".