France/ Attentats du 13 novembre : Première commémoration après un procès historique
- La France a vécu le 13 novembre 2015 les attentats les plus meurtriers de son histoire avec un bilan de 131 morts et plus de 400 blessés.

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AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
C’était il y a sept ans : la France affrontait l’Allemagne lors d’une rencontre au Stade de France. En plein milieu du match, le public et les téléspectateurs derrière leurs écrans, entendent deux déflagrations, sans savoir que le scénario du pire, se joue à l’extérieur et que Paris est sur le point de basculer dans l’horreur.
Pour les rescapés, les familles de victimes et pour les Français en général, ce dimanche marque une date dont ils se souviendront à jamais : la France a vécu le 13 novembre 2015, les attentats les plus meurtriers de son histoire avec un bilan de 131 morts et plus de 400 blessés.
- Le premier anniversaire après un procès titanesque
Le 29 juin dernier, s’est achevé, devant la Cour d’Assises spéciale de Paris, le procès de ces attentats, qui a duré presque 10 mois.
Il a été l’occasion pour les 1 800 parties civiles assistées par leurs 300 avocats, d’être entendues dans cet immense dossier qui comptabilise 572 tomes, soit plus d’un million de pages de témoignages, d’actes d’enquêtes, et d’expertises.
Interrogé par France Info, le président de l’association Life for Paris, Arthur Dénouveaux, a reconnu dimanche matin, que la question des commémorations avait été sujette à une sorte d’appréhension.
« On s'est tous posé la question après le procès du sens de ces commémorations, est-ce qu'il allait toujours y avoir une telle ferveur à ce moment-là ? » a-t-il déclaré, avant de préciser « que pour les survivants et pour les endeuillés, il y a une grande ferveur » et qu’il vont « être très très nombreux » à ce rendez-vous.
Pour Franck, qui se trouvait au Bataclan le soir de l’attaque, la douleur est toujours très présente malgré les condamnations des protagonistes.
« Ce qui est compliqué dans l'après procès, c'est que l'été se passe, tout se passe, puis c'est la rentrée. Et il reste tout ça, ce 13 novembre qui approche comme tous les ans. Je ne comprends pas très bien comment je peux encore être triste parce que normalement quelque chose de majeur s'est achevée », s’est confié le rescapé à Europe 1.
Arthur Dénouveaux estime, pour sa part, qu’il « y a moins d'intérêt médiatique et probablement moins d'intérêt politique » pour les commémorations après le procès mais que ce n’est pas une si mauvaise chose.
« Ça fait du bien aussi parce que ça va nous forcer à nous dire qu'on doit passer à autre chose. Ça ne veut pas dire oublier, ça veut dire que ça devienne plus intime », a-t-il poursuivi auprès de France Info même s’il considère qu’il « n'y a pas d'oubli à proprement parler » mais que le devoir de mémoire est « remis à une place un peu plus normale pour un événement dramatique ».
Le souvenir de cette nuit noire est également toujours aussi douloureux pour le photographe David Fritz Goeppinger, qui était lui aussi au Bataclan le 13 novembre 2015.
« Le pire dans tout cela est que je n’y pense pas seulement aujourd’hui. Mais tous les jours. Alors n’oublions pas. N’oubliez pas. Que la mémoire perdure, demeure et existe à jamais. Transmettez, parlez et expliquez même que ce soir-là Paris a vacillé », a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux.
Plaidant pour bâtir « l’édifice mémoriel douloureux et terrible issu (des) traumatismes et pertes », il espère que cela puisse se faire « ensemble, unis et abreuvés de l’amitié née des épreuves de l’Après ».
Sur les lieux des attaques, la Première ministre Elisabeth Borne a rendu hommage, ce dimanche matin, à toutes les victimes en déposant une gerbe de fleurs à chaque endroit touché.
De nombreux élus et représentants de l’Etat étaient présents, à l’image de la maire de Paris, Anne Hidalgo.
- Les condamnations des mis en cause
Le procès historique de ces attentats a abouti à des condamnations allant de deux ans de prison, à la perpétuité incompressible pour le dernier survivant des commandos, Salah Abdeslam, dont la justice a considéré qu’il devait être regardé comme coauteur des faits.
Face à la Cour, il avait pourtant assuré avoir renoncé à se faire exploser ce soir-là dans un bar du XVIIIème arrondissement de la capitale.
« Je vais rentrer dans ce café, je vais commander une boisson, je vais regarder les gens autour de moi, et là, je me dis: je ne vais pas le faire », a-t-il expliqué, se souvenant avoir ensuite « marché, pris un taxi, acheté un portable, jeté la ceinture, mais (…) pas dans quel ordre ».
En dépit de ses explications qui n’ont pas emporté la conviction de la justice, il est le cinquième justiciable à être condamné en France, à la perpétuité incompressible, une peine rarissime.
Dans un arrêt de plus de 120 pages, outre Salah Abdeslam, qui était l’accusé le plus médiatique de ce procès tentaculaire, Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles, a lui aussi été condamné à la perpétuité mais avec une peine de sûreté de 22 ans.
Mohamed Bakkali, Ousama Krayem et Sofien Ayari ont été condamnés à 30 ans de prison dont 2/3 de sûreté.
Mohamed Amri a été condamné à 8 ans de prison, Hamza Attou à 4 ans de prison, Ali Oulkadi à 5 ans de prison dont 3 avec sursis.
Yassine Atar a écopé de 8 ans de prison dont 2/3 de sûreté, Farid Kharkhach de 2 ans et Ali El Haddad Asufi a été condamné à 10 ans de prison dont 2/3 de sûreté.
Abdellah Chouaa a, quant à lui, été condamné à 4 ans de prison dont 3 avec sursis, Adel Haddadi et Muhammad Usman à 18 ans de prison dont 2/3 de sûreté.
Ahmed Dahmani absent au procès et incarcéré en Türkiye a été condamné à 30 ans de prison dont 2/3 de sûreté et interdiction définitive du territoire français.
Les cinq accusés présumés morts, Fabien Clain, Jean-Michel Clain, Oussama Atar, Ahmad Alkhald et Obeida Aref Dibo ont été condamnés à la perpétuité incompressible.
À noter qu’aucun des condamnés n’a fait appel dans le délai légal de dix jours dont ils disposaient à compter du 29 juin dernier et les peines sont donc devenues définitives.
- Chronologie d’une nuit d’horreur
Il est aux alentours de 21 heures 20, lorsque trois kamikazes se font exploser à quelques minutes d’intervalle aux abords du Stade de France pendant la rencontre France-Allemagne à laquelle assistait François Hollande.
Une première victime est tuée dans la déflagration mais le lieu est bondé et les trois terroristes, qui ont tenté d’entrer dans le stade sans y parvenir, auraient pu faire des centaines d’autres morts s’ils y étaient parvenus.
Quasiment au même moment, un second commando entre en action dès 21 heures 24 au cœur de la capitale parisienne.
Jusqu’à 21 heures 41, trois terroristes tirent à vue sur les terrasses de cinq cafés des Xème et XIème arrondissements, faisant au total 39 morts.
L’horreur se poursuit à 21 heures 40 au Bataclan, au moment où un troisième commando, composé de trois terroristes, entre dans l’emblématique salle de concert.
Ils tuent 90 personnes, avant que l’assaut ne soit donné à 00 heures 18 sur autorisation du préfet de police de Paris.
- La traque
Dans la nuit du 13 au 14 novembre, François Hollande décrète l’état d’urgence et s’en suit une traque sans merci, pour retrouver les terroristes survivants qui sont impliqués.
Grâce au témoignage d’une femme, le Belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud est identifié comme l’un des cerveaux de ces attaques et localisé à Saint-Denis.
En parallèle, les autorités diffusent l’identité de Salah Abdesslam, Franco-marocain, seul survivant des commandos. Il a réussi à prendre la fuite vers la Belgique où il est activement recherché.
Ce n’est que le 18 novembre avant l’aube, qu’Abaaoud et deux de ses complices, sont tués durant l’intervention policière qui vise à les neutraliser.
Quant à Salah Abdesslam, il faudra attendre mars 2016, pour que la police belge parvienne à l’interpeller après l’avoir localisé aux alentours de Molenbeek, dans la banlieue bruxelloise où il a grandi.
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