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France / Amiante : plus de 50 personnes et syndicats portent plainte à Marseille

- Plus de 50 parents, enseignants et agents exposés à l’amiante dans des écoles de Marseille ont déposé, ce mercredi, une plainte contre X pour mise en danger, soutenus par sept syndicats et trois associations de victimes

Şeyma Erkul Dayanç  | 19.11.2025 - Mıse À Jour : 19.11.2025
France / Amiante : plus de 50 personnes et syndicats portent plainte à Marseille

Istanbul

AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc

Une cinquantaine de parents d’élèves, enseignants et agents municipaux exposés à l’amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône déposent, ce mercredi 19 novembre à Marseille, une plainte contre X pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui ». Sept syndicats et trois associations de victimes de l’amiante sont également plaignants dans ce dossier, qui concerne douze établissements scolaires, la plupart situés à Marseille.

« La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti », a rappelé dans un communiqué l’avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants et dont la plainte sera déposée à 14 heures, rapporté par BFMTV, la chaîne d’information en continu française. Selon elle, la vétusté de certains établissements aggrave l’exposition et « les responsables concernés [collectivités locales] n’ont pas pris les mesures qui s’imposent ».

Classée cancérogène, l’amiante présente des risques pour la santé, principalement par inhalation lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire, selon Le Monde, quotidien français.

Dans un dossier de presse, le collectif Stop Amiante Éducation, qui regroupe les syndicats et associations plaignants, a précisé : « Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle ». Le collectif dénonce « de nombreuses défaillances », notamment l’absence d’information sur l’amiante malgré les obligations réglementaires et une absence de protection pendant les travaux.

Plusieurs parents et agents interrogés par BFMTV témoignent de l’inquiétude quotidienne face à cette exposition. L’un d’eux indique : « On ne sait jamais si nos enfants ou nous-mêmes respirons de la poussière d’amiante dans nos écoles ». Un autre ajoute : « Les travaux sont réalisés sans protection, c’est très inquiétant ».

En mars 2025, les syndicats enseignants avaient indiqué que plus de 80 % des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d’amiante. Un rapport du Haut Conseil de la santé publique publié en 2014 prévoit que, d’ici 2050, 50 000 à 75 000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante pourraient survenir, auxquels s’ajouteraient jusqu’à 25 000 décès par mésothéliome.


Enquête nationale CFDT sur l’amiante

Une enquête nationale menée par la CFDT Éducation, Formation et Recherche publiques, syndicat français, adressée aux établissements scolaires en avril 2024 et présentée en décembre 2024 à la formation spécialisée santé et sécurité au travail (F3SCT) du ministère de l’Éducation nationale, avait confirmé l’ampleur du problème. Selon la CFDT, 82 % des écoles étaient potentiellement concernées et plus de la moitié ne détenait aucun des documents d’information obligatoires sur l’amiante.

La situation était particulièrement préoccupante dans le primaire, qui regroupait 48 000 écoles maternelles et élémentaires, soit les trois quarts des établissements scolaires, dispersés dans 36 000 communes. Dans le secondaire, 77 % des collèges et lycées disposaient de cette information.

Parmi les 10 639 établissements attestant la présence avérée d’amiante via un dossier technique ou une fiche récapitulative, 1288 écoles et 730 établissements secondaires concernait au moins 50 000 personnels. Pour 350 d’entre eux, aucune action de prévention n’avait été menée ou n’était connue des personnels, et 167 établissements présentaient un état de conservation intermédiaire ou dégradé. Seules 107 structures faisaient l’objet de mesures de protection, comme l’encapsulage, le retrait ou la condamnation des zones concernées, selon les chiffres communiqués par la CFDT.

Le syndicat précisait que 7860 établissements (5168 écoles et 2718 établissements secondaires) contenaient des matériaux de catégorie B (plaques d’amiante-ciment, dalles de sol, conduits). Parmi eux, seuls 575 avaient bénéficié de mesures de protection, tandis que 1599 n’avaient réalisé aucune action spécifique. La CFDT estimait qu’au moins 200 000 agents travaillaient quotidiennement dans ces locaux.

L’enquête révélait également un suivi très insuffisant : seuls 472 établissements indiquaient avoir effectué des contrôles périodiques, et parmi eux, 342 avaient réalisé une mesure d’empoussièrement en 2023/2024. Le guide amiante du ministère, confié aux services de médecine de prévention, restait selon le syndicat inopérant faute de moyens suffisants, et l’auto-questionnaire destiné aux agents n’était pas fonctionnel.

La CFDT avait conclu que des milliers d’agents actifs et retraités étaient susceptibles d’être exposés ou l’avaient été à l’amiante et réclamait des mesures d’urgence.

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