France : Aly Diouara dénonce un « contrôle au faciès » et une réponse « raciste » du gouvernement
– Le député LFI Aly Diouara et Mathilde Panot ont quitté l'hémicycle, fustigeant la réponse du gouvernement sur les violences policières

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
« Aujourd'hui, j'ai vécu la première question au gouvernement au faciès ! » a dénoncé le député de La France insoumise (LFI), Aly Diouara, ce mardi 11 mars à l'Assemblée nationale. Accompagné de la présidente de son groupe, Mathilde Panot, il s'est exprimé devant la presse dans la salle des Quatre Colonnes après que le groupe LFI a quitté l'hémicycle, scandalisé par la réponse du ministre de l'Intérieur.
« Ce qui vient de se passer dans l'hémicycle est absolument scandaleux », a lancé Mathilde Panot. « Lorsque Aly Diouara, député de la République, pose une question au gouvernement sur les violences policières, les contrôles au faciès, les morts par violences policières et un épisode précis qui s'est passé il y a quelques jours, la réponse est inacceptable ! »
Elle a rappelé que le député avait été témoin d'un contrôle de police dans sa circonscription où un agent avait sorti un taser en lui lançant : « Tu veux que je te tase toi ? » Elle a ensuite dénoncé la réponse du ministre qui, selon elle, a refusé d’écouter le député et s’est tourné vers l'extrême droite au moment de répondre, renforçant un « mépris raciste » à l’égard d’un élu de la République.
Aly Diouara a exprimé son indignation face à l’épisode : « Après les contrôles au faciès que j'ai pu subir dans ma jeunesse, après la menace de me taser par un policier, aujourd'hui j'ai vécu la première question au gouvernement au faciès, tout simplement. » Il a dénoncé un traitement discriminatoire non seulement à son égard, mais aussi envers « les millions de jeunes et moins jeunes, noirs, arabes, indo-pakistanais et racisés » qui assistent à cette scène et constatent que « même un député peut être vilipendé par nos institutions ».
- Un échange houleux en séance
Lors des questions au gouvernement, Aly Diouara a interpellé le ministre de l'Intérieur en revenant sur son expérience récente. « La semaine dernière encore, alors que je m'approchais d'un contrôle d'identité musclé dans ma circonscription, un policier a sorti son taser et m'a lancé : ‘Si je te tase, tu vas faire quoi ?’ », a-t-il dénoncé. Il a ajouté que les faits étaient « filmés, diffusés par la presse et facilement vérifiables ».
Le député a souligné plusieurs irrégularités : le tutoiement de la part du policier, l’absence de matricule visible, la menace explicite et l’usage non réglementaire du pistolet à impulsion électrique. « Vous, monsieur le ministre, vous qui d'habitude dégainez les tweets plus vite que votre ombre, qu'avez-vous à répondre sur cet incident ? » a-t-il lancé à Bruno Retailleau.
Mais au lieu d’une réponse claire, le ministre s’est d’abord plaint de ne pas avoir entendu la question, en raison du bruit provoqué par l'extrême droite. Puis, évoquant l’incident, il a insisté sur le fait qu’un « homme a sorti sa carte de député LFI sur laquelle il était marqué député LFI », ce qui a indigné Mathilde Panot. « Il n’y a pas de députés LFI et des députés représentants du peuple. Il y a des députés tout court ! Nous sommes représentants du peuple à part entière », a-t-elle répliqué.
Alors que les députés LFI protestaient, le ministre a fini par tourner le dos à Aly Diouara et à son groupe pour s’adresser directement aux bancs de la droite et de l’extrême droite, un geste perçu comme une marque de mépris par l’opposition.
- Une réaction immédiate de LFI
Devant la presse, Mathilde Panot a dénoncé un traitement raciste et discriminatoire. « Lorsque Carlos Martins Bilongo, député de notre groupe, a posé sa première question au gouvernement, un député d'extrême droite lui a dit de retourner en Afrique. Aujourd'hui, c'est Aly Diouara qui se voit refuser une réponse, comme si son statut de député n'était pas légitime », a-t-elle fustigé.
Le groupe LFI demande des suites institutionnelles et appelle à une mobilisation massive le 22 mars contre « l'extrême droite et le racisme ». Aly Diouara, lui, assure qu'il continuera à se battre sur ces questions : « Nous ne lâcherons rien. J'appelle tous les jeunes et moins jeunes de France à être présents le 22 mars et à marcher pour dire non au racisme. »
Cette polémique relance le débat sur les contrôles au faciès en France, un sujet régulièrement dénoncé par les associations de défense des droits humains. La question demeure : quelles suites le gouvernement donnera-t-il à cet incident et au signal d’alarme tiré par les élus LFI ?