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France / Affaire Samuel Paty : Condamné à 15 ans de réclusion, Abdelhakim Sefrioui entame une grève de la faim

- Le père de famille entend protester contre « le traitement vexatoire et déséquilibré qui lui est réservé ».

Feiza Ben Mohamed  | 31.12.2024 - Mıse À Jour : 03.01.2025
France / Affaire Samuel Paty : Condamné à 15 ans de réclusion, Abdelhakim Sefrioui entame une grève de la faim

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA / Nice / Feïza Ben Mohamed

Abdelhakim Sefrioui, condamné par la justice française à 15 ans de prison, après avoir été reconnu coupable d’association de malfaiteurs terroriste (AMT) dans le procès de l’attentat contre Samuel Paty, a entamé une grève de la faim, ont annoncé ses avocats Hakim Chergui, Ouadie Elhamamouchi, Vincent Brengarth et Colomba Grossi, dans un communiqué de presse diffusé mardi.

Il entend, par cette démarche « protester publiquement contre le traitement vexatoire et déséquilibré qui lui est réservé ».

Ses conseils indiquent qu’il lui a été impossible « de communiquer par téléphone avec ses proches et ses avocats durant les deux dernières semaines du procès », qu’il a été privé « de ses effets personnels et particulièrement de son matériel médicalisé sans lequel il ne peut dormir » et dénoncent des « mesures visant à l'isoler plus qu'il ne l'est davantage, à restreindre l'exercice de ses droits fondamentaux, en premier lieu celui de se défendre, et à altérer son intégrité physique et mentale ».

« À ce titre, et face à l'inertie des autorités à ses demandes, il a décidé d'entamer à compter de demain, 31 décembre 2024, une grève de la faim illimitée. Il va sans dire que cette dramatique protestation s'inscrit dans la proclamation de son innocence du crime d'association de malfaiteur terroriste et de l'artifice juridique dont il a été fait usage pour l'en reconnaître coupable », conclut le communiqué de presse.

Abdelhakim Sefrioui avait annoncé, depuis son box au moment du délibéré, qu’il ferait appel de sa condamnation, accusant le président de la Cour d’Assises spéciale de Paris, Franck Zientara, d’avoir « fait de la politique » en le condamnant aussi lourdement.

Et pour cause, ce militant de la cause palestinienne et personnalité engagée contre l’islamophobie, a écopé d’une peine de 15 années de réclusion criminelle pour des faits qualifiés d’AMT alors qu’il ne connaissait pas le terroriste Abdoullakh Anzorov et n’avait jamais été en contact avec lui, pas même virtuellement.

Il était notamment mis en cause dans cette affaire pour avoir diffusé en ligne, une vidéo dans laquelle il qualifiait Samuel Paty de « voyou » pour avoir montré une caricature du Prophète Mohammed, alors même que l’enquête n’a pas permis d’établir que celle-ci a été vue par Anzorov et qu’elle aurait ainsi encouragé son passage à l’acte.

Brahim Chnina, le père de l’élève qui a dénoncé Samuel Paty (l’enquête démontrera qu’elle n’était en réalité pas présente au cours), a quant à lui été condamné à 13 années de réclusion criminelle pour une AMT qu’il contestait.

La Cour a, en effet, considéré que si les deux hommes n’étaient aucunement radicalisés et qu’il n’a « pas été démontré qu’ils aient « souhaité l’issue fatale » qui a été réservée à Samuel Paty, ils ne pouvaient ignorer les risques encourus par l’enseignant en raison du « contexte » lié aux republications des caricatures du Prophète par Charlie Hebdo quelques semaines auparavant.

Pour rappel, Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie, a été décapité à la sortie des cours, le 16 octobre 2020 par un ressortissant russe d’origine tchétchène.

Son bourreau, Abdoullakh Anzorov, abattu dans la foulée par les forces de l’ordre, reprochait à l’enseignant d’avoir montré à ses élèves, des caricatures issues du journal satirique Charlie Hebdo et mettant en scène le Prophète Mohammed nu.

C’est donc quatre ans après les faits, qu’un procès historique s’est ouvert devant la Cour d’Assises spéciale de Paris, et qui a abouti, au terme de sept semaines, à des condamnations qui sont allées largement au-delà des réquisitions du Parquet national antiterroriste (Pnat).

Les huit accusés âgés de 22 à 65 ans, dont cinq comparaissaient détenus, ont été condamnés à des peines allant d’un an à 16 ans de prison.

Parmi eux, figuraient également deux des proches d’Abdoullakh Anzorov, Azim Epsirkhanov et Naim Boudaoud, reconnus coupables de « complicité d’assassinat terroriste » et condamnés à 16 ans de prison. Tous deux âgés respectivement de 23 et 22 ans, soupçonnés d’avoir aidé le tueur de Samuel Paty, en l’accompagnant dans l’achat d’armes, mais nient avoir eu connaissance du projet terroriste. Naim Boudaoud l’a, par ailleurs, déposé sur les lieux de l’attentat.

Alors que le Pnat avait requis des peines de 16 et 14 ans de prison pour des faits d’AMT, la Cour est allée, là encore, au-delà des recommandations du Ministère public tout en précisant qu’il n’est pas démontré qu’ils aient eu connaissance du projet mortifère d’Anzorov.

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