France : Abdourahmane Ridouane condamné à 4 mois de prison avec sursis pour "apologie du terrorisme"
- Il était poursuivi pour des publications de soutien à la cause Palestinienne. Sa peine est assortie de deux ans d’interdiction du territoire français

France
AA / Nice / Feïza Ben Mohamed
Le président de la mosquée Al Farouk de Pessac (Gironde), Abdourahmane Ridouane a été condamné lundi, par le tribunal judiciaire de Meaux, à une peine de 4 mois de prison avec sursis pour des faits qualifiés par la justice française « d’apologie du terrorisme », a appris Anadolu de source proche du dossier.
Sa peine, qui est assortie de deux ans d’interdiction du territoire français, vient ainsi sanctionner des publications diffusées notamment pour soutenir la cause Palestinienne.
Dans cette affaire, Abdourahmane Ridouane, figure respectée du tissu associatif musulman, avait été placé en garde à vue en octobre dernier après avoir été mis en cause pour avoir, en outre, qualifié, le 3 août 2024, Ismaïl Haniyeh, de « frère, père, résistant et commandant infatigable » sur le réseau social X.
Cette énième procédure intervenait suite à un signalement du ministère de l’Intérieur, et alors que le président de la mosquée de Pessac était déjà en proie à une procédure d’expulsion diligentée par les mêmes services, et placé en CRA (Centre de rétention administrative) depuis le 8 août.
Son avocat, maître Sefen Guez Guez, dénonçait alors auprès d’Anadolu, une « procédure-bâillon fondée sur des propos datant de plusieurs mois » et qui visait « à empêcher la remise en liberté » de son client, déjà « privé de ses proches depuis le 08 août 2024 et loin de la mosquée de Pessac qu'il a fondée ».
« Pour empêcher sa sortie, le ministre de l’Intérieur a fait un signalement le 28 octobre dernier de propos qui relèveraient, selon lui, de l'apologie d'acte de terrorisme », expliquait le conseil.
Et de poursuivre: « Nous dénonçons la particulière célérité avec laquelle le Parquet a déféré au signalement du ministère de l'Intérieur pour mettre en échec la perspective d'une libération du président de la mosquée de Pessac. En 48h, un homme a été placé en garde à vue, alors qu'il a fallu plus de 12 mois pour que Meyer Habib, auteur de propos sur le peuple palestinien qualifié de cancer, voit s'ouvrir une simple enquête à son encontre ».
Pour rappel, le Conseil d’Etat a rejeté, en septembre dernier, le recours intenté par le président de la mosquée de Pessac (Gironde), Abdourahmane Ridouane, pour contester son expulsion du territoire français.
La plus haute juridiction administrative du pays a, en effet, considéré dans sa décision, que les publications de l’intéressé étaient de nature à justifier son expulsion, et qu’il « ne prouve pas qu’elle constituerait une atteinte à ses libertés fondamentales ».
Le tribunal administratif de Paris s’était déjà prononcé en ce sens dès le 10 août, en établissant les mêmes conclusions pour des publications notamment en lien avec la guerre à Gaza.
Cette décision était prise alors qu’il avait pourtant remporté, quelques jours plus tôt, un recours intenté en référé devant la justice administrative enjoignant la préfecture à lui délivrer un titre de séjour.
Dans le courant du mois de juin, le tribunal judiciaire de Bordeaux avait, par ailleurs, émis un avis défavorable à cette expulsion.
Pour la commission chargée d’examiner la demande d’expulsion formulée par la Préfecture, « les publications Facebook de M. Ridouane - unique fondement utilisé par la Préfecture - ne démontrent pas que ce dernier aurait un comportement de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l'Etat », relatait alors maître Sefen Guez Guez, l’avocat d’Abdourahmane Ridouane.
Dans un entretien à Anadolu, ce dernier estimait que son client était ciblé par les autorités en raison de « son attachement à la défense de la cause palestinienne et sa critique de la politique internationale de la France, y compris au Niger, son pays d'origine ».
Si Abdourahmane Ridouane a bien été perquisitionné et interpellé le 8 août 2024 et placé en CRA dans l’attente de son expulsion, les autorités ne sont pas parvenues à le renvoyer au Niger, d’où il est arrivé en 1990.
Selon les informations d’Anadolu, le Niger n’aurait pas répondu à la demande de laisser-passer consulaire, seul document permettant son renvoi, en l’absence du passeport d’Abdourahmane Ridouane.
De fait, il a été libéré début novembre et assigné à résidence à son domicile de Pessac.
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