France : Élisabeth Borne annonce le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans
- Dans le cadre de la réforme des retraites qui sera présentée au Conseil des ministres, le 23 janvier

France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La Première ministre française, Élisabeth Borne, a présenté, ce mardi, les contours de la réforme des retraites, qui doit entrer en vigueur dès l'automne 2023.
L'âge légal de départ à la retraite passera à 64 ans, contre 62 ans actuellement, au rythme de trois mois de plus par an, a annoncé la cheffe du gouvernement, dans un discours prononcé à Matignon.
"Nous proposons que celles et ceux qui le peuvent travaillent progressivement plus longtemps", a déclaré Élisabeth Borne. "À compter du 1er septembre, l'âge de départ à la retraite sera relevé progressivement de trois mois par an pour atteindre 64 ans en 2030", a-t-elle précisé avant d'ajouter que "l'âge d'annulation de la décote ne changera pas, il restera à 67 ans", même si les personnes n'ont pas travaillé 43 ans (172 trimestres), a-t-elle confirmé.
Ainsi, pour bénéficier de sa retraite à taux plein, il faudra, dès 2027, avoir travaillé 172 trimestres.
"Nous n’irons pas plus loin que les 43 ans de cotisation, mais nous atteindrons cette cible plus vite", a déclaré la Première ministre.
Les personnes nées à partir du 1er septembre 1961 seront les premières concernées par la réforme et pourront prendre leur retraite à compter de 62 ans et trois mois. En 2030, l'âge légal atteindra ainsi 64 ans, contre 65 ans en 2031, comme initialement évoqué par le Président, Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle de 2022.
Concrètement, pour toucher sa pension complète, les travailleurs nés à partir du 1er septembre 1961 devront désormais avoir cotisé 169 trimestres (42 ans et trois mois), contre 168 trimestres dans l'état actuel (42 ans).
Les travailleurs nés en 1965 seront les premiers à devoir cotiser durant 43 ans ou 172 trimestres
- Augmentation de la pension minimale
La cheffe du gouvernement a également annoncé la revalorisation des plus petites pensions de retraite à 85 % du Smic (salaire minimal), soit environ 1200 euros net, pour les retraités qui auront eu une carrière complète et prendront leur retraite à partir de septembre 2023.
Élisabeth Borne a ajouté qu'elle a "décidé d'intégrer" également "la revalorisation des pensions des retraités actuels ayant eu une carrière complète au niveau du Smic".
Ainsi, selon la mesure qui concerne les retraités actuels et futurs, "2 millions de petites retraites vont être augmentées", a-t-elle déclaré, ajoutant qu'elle se concertera avec les groupes politiques et les syndicats à ce sujet. Les détails de cette augmentation seront connus d'ici au 23 janvier, lorsque le projet de loi sera présenté au conseil des ministres.
- Fin des Régimes spéciaux
La Première ministre a également annoncé la fin de "la plupart des régimes spéciaux", affirmant qu'il s'agit d'une "question d’équité".
Ainsi, les personnes nouvellement embauchées à la RATP, à la Banque de France, les clercs de notaires et les membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE) seront affiliés au régime général pour la retraite.
Ces professions, de même que les cheminots et les fonctionnaires (y compris ceux de la catégorie active), devront, elles aussi, partir deux ou trois ans plus tard qu'aujourd'hui.
Les travailleurs des régimes spéciaux seront concernés par le décalage de l'âge légal et de départ et l'allongement de la durée de cotisation, mais seulement à partir de 2025.
- Carrières longues
Pour ce qui relève des carrières longues, la première ministre veut permettre à ceux qui ont commencé à travailler jeune de partir plus tôt.
Ainsi, ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans, pourront prendre leur retraite à 58 ans. Ce sera 59 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 15 ans, 60 ans pour ceux qui ont débuté à 16 ans, 61 ans pour ceux qui ont commencé à 17 ans et 62 ans pour ceux qui ont commencé entre 18 et 20 ans.
Ainsi, aucune personne ayant commencé à travailler avant 20 ans ne sera obligée de travailler plus de 44 ans.
Ce dispositif concerne environ un retraité sur cinq, selon le gouvernement.
- Pénibilité
Concernant la pénibilité du travail, "nous allons créer un fonds de prévention de l’usure professionnelle doté de 1 milliard d’euros", a annoncé la cheffe de gouvernement.
"Nous devons prendre en compte l'usure professionnelle liée aux conditions d'exercice de certains métiers. Pour ces travailleurs, nous allons renforcer le suivi médical, et mieux accompagner ces salariés vers des dispositifs de départs anticipés à 62 ans", a-t-elle ajouté.
L'accès au compte professionnel de prévention (C2P), permettant aux salariés exerçant des métiers reconnus comme "pénibles" de cumuler des points pour un départ à la retraite anticipée, sera élargi à plus de 60.000 nouveaux salariés chaque année, selon la Première ministre, notamment parmi les travailleurs de nuit ou les salariés exposés à plusieurs risques professionnels.
Ce compte permettra également de financer un congé de reconversion, visant à changer de métier en cours de carrière.
La réforme des retraites instaurera également un index public pour encourager les entreprises de plus de 1.000 salariés (puis 300 à partir de 2024) à compter des seniors dans leur effectif.