AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

Le ministre de la justice, Éric Dupond-Moretti, a proposé, mardi, au député RN (rassemblement national), Aurélien Lopez-Liguori, d’« adresser au procureur de la République » un signalement en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale, après la participation de députés de gauche, à la manifestation interdite organisée samedi en hommage à Adama Traoré (tué pendant son interpellation en 2016).

« Effectivement, participer à une manifestation interdite est une infraction » a pointé le garde des sceaux à la tribune du Palais Bourbon, qualifiant de « scandaleux », la présence de parlementaires à un événement où le slogan « tout le monde déteste la police » est scandé.

La présidente du groupe LFI (la France Insoumise) à l’Assemblée Nationale, Mathilde Panot, a immédiatement réagi sur ses réseaux sociaux en dénonçant un « arc réactionnaire et autoritaire » qu’elle qualifie de « dégoûtant ».

Lundi soir déjà, les présidents des trois groupes affiliés à la majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale, ont saisi la présidente Yaël Braun-Pivet, en réclamant des sanctions contre les députés présents samedi à la manifestation en hommage à Adama Traoré.

« Le samedi 8 juillet des députés se rendaient à une manifestation malgré l'interdiction de celle-ci par la préfecture de police, interdiction confirmée par ailleurs par le Conseil d'Etat » écrivent les requérants en stipulant un article du règlement du Palais Bourbon, dont ils assurent qu’il prévoit que « tout membre de l'Assemblée se livrant à des manifestations troublant l'ordre peut faire l'objet de peine disciplinaires ».

Le courrier liste un à un, les parlementaires présents, dont « Mathilde Panot, Eric Coquerel, Louis Boyard, Sandrine Rousseau, Rachel Keke, Carlos Martens Bilongo, Danielle Simonnet, Thomas Portes, Jérôme Lagrave, Antoine Léaument ».

Mardi, dans l’hémicycle, le député Thomas Portes a assuré qu’il « sera toujours aux côtés de celles et ceux qui se mobilisent contre les violences policières et pour la République » et assume sa présence à « une marche pacifique ».

À noter que cet événement, qui a rassemblé plus de 2 000 personnes au cœur de la capitale, s’est déroulé dans le calme jusqu’à ce que la BRAV-M (brigade de répression de l’action violente motorisée) n’intervienne pour interpeller violemment Youssouf Traoré, frère d’Adama.

Dans une séquence filmée par Anadolu, les fonctionnaires de police interviennent violemment avant de procéder à un plaquage ventral sur Youssouf Traoré.

Trois journalistes ont également été violentés et projetés au sol tandis que Samir Elyès, militant des quartiers populaires a lui aussi, été interpellé.

Youssouf Traoré a annoncé déposer plainte dans une vidéo publiée en ligne après la levée de sa garde à vue, où il apparaît le visage tuméfié.