Flottille pour Gaza : Panot appelle Macron à protéger les Français, après une nouvelle attaque en mer
– Une explosion dans la nuit relance l’inquiétude sur le sort des navires humanitaires ; Israël avait déjà attaqué plusieurs flottilles depuis 2010

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Mathilde Panot a adressé cette semaine un courrier solennel à Emmanuel Macron pour lui demander d’assurer la protection des ressortissants français embarqués dans la flottille humanitaire pour Gaza. La présidente du groupe parlementaire La France insoumise appelle le chef d'État français à « octroyer une protection diplomatique », alors que plusieurs explosions ont visé les bateaux ces dernières nuits.
La députée du Val-de-Marne évoque une situation d’extrême gravité. Elle rappelle que plus d’un demi-million de Palestiniens souffrent de famine dans la bande de Gaza, et que des dizaines de ressortissants français participent actuellement à la mission Global Sumud Flotilla ou au convoi Thousand Madleens to Gaza. Selon ses termes, il s’agit de « la plus grande opération de flottilles pacifiques et humanitaires jamais organisée ».
Mais ces derniers jours, plusieurs événements sont venus assombrir cette mission.
Dans la nuit du 23 au 24 septembre, la députée Marie Mesmeur a publié une vidéo dans laquelle elle témoigne d’une explosion à bord d’un navire : « au moment où je faisais cette vidéo, une septième explosion a eu lieu sur un bateau devant nous », déclare-t-elle sur le réseau X, basé aux États-Unis. Des bruits sourds et des réactions paniquées sont audibles dans l’enregistrement.
Peu avant, dans la nuit du 21 au 22 septembre, un navire portugais nommé Familia avait été touché par un drone alors qu’il mouillait encore dans les eaux tunisiennes, selon les organisateurs de la flottille. L'équipage n’a pas été blessé, mais des dégâts matériels ont été constatés sur le pont.
Ces attaques font suite à une première série d’incidents survenus dès le 9 septembre, avec notamment un incendie déclenché sur un bateau amarré dans un port tunisien. D’autres navires auraient été survolés par des drones ou ciblés par des dispositifs électroniques perturbant les communications. Plusieurs passagers évoquent aussi des menaces verbales reçues par radio.
C’est dans ce contexte que Mathilde Panot alerte sur les déclarations de responsables israéliens. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a évoqué l’incarcération « dans les mêmes conditions que les détenus sécuritaires » des militants qui seraient arrêtés. Le 3 septembre, l’ambassadeur d’Israël en France déclarait au sujet des passagers : « Je leur souhaite bonne chance, en tout cas, de se maintenir en vie. »
La députée insoumise appelle la France à agir à l’image d'autres pays comme l’Espagne, le Brésil ou l’Irlande, qui ont déjà offert une protection diplomatique à leurs ressortissants impliqués dans les opérations vers Gaza. Elle rappelle également que la Belgique a réclamé une enquête internationale sur les attaques récentes.
La crainte d’une issue dramatique est alimentée par les précédents. Le 31 mai 2010, le navire Mavi Marmara de la flottille humanitaire Freedom Flotilla avait été arraisonné en eaux internationales par des commandos israéliens. L’opération s’était soldée par neuf morts parmi les militants, majoritairement turcs, et des dizaines de blessés. Cet événement avait provoqué une crise diplomatique entre la Türkiye et Israël, et suscité des condamnations internationales.
Depuis cet épisode, Israël a intercepté ou bloqué toutes les autres flottilles ayant tenté de forcer le blocus maritime de Gaza. En 2011, 2015, 2016 et jusqu’en 2018, plusieurs convois ont été immobilisés, parfois escortés de force vers le port israélien d’Ashdod. Dans la plupart des cas, les militants ont été expulsés après des interrogatoires, sans que les cargaisons humanitaires ne parviennent à Gaza.
En relançant l’idée d’un corridor humanitaire par la mer, les participants de la flottille Global Sumud ravivent un enjeu aussi politique qu’humanitaire. Leur sort pourrait bien dépendre des décisions diplomatiques prises dans les heures à venir.
- Situation humanitaire à Gaza
Pour rappel, selon les autorités sanitaires de la bande de Gaza, en Palestine, plus de 65.000 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque meurtrière attribuée au Hamas.
La majorité des victimes palestiniennes sont des enfants et des femmes, tandis que des centaines de civils ont été abattus dans des zones de distribution d’aide humanitaire ces derniers mois. Ces événements interviennent dans un contexte humanitaire dramatique à Gaza, alors que retentissent les appels internationaux pour un cessez-le-feu et une intensification du flot d’aide.
Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré en juillet que Gaza est confrontée à « une mort et une destruction sans précédent », que « la malnutrition est en forte hausse » alors que le système d'aide s'est effondré.
La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide et de permettre l’accès à l’aide humanitaire. La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé, en juillet, les mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahu et Yoav Gallant, les accusant de crimes de guerre, notamment d’avoir utilisé la famine comme méthode de guerre.