Flottille de la liberté: Le premier Français expulsé dénonce des "actes de maltraitance" des services israéliens
- Le médecin marseillais Baptiste André est le premier Français à avoir été renvoyé par Israël après avoir été intercepté à bord du « Madleen »

Provence-Alpes-Cote d Azur
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
Le médecin marseillais Baptiste André, arrivé sur le sol français mardi soir suite à son expulsion par les autorités israéliennes, a témoigné « d’actes de maltraitance » subis par les passagers de la Flottille de la liberté.
Depuis l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulles, Baptiste André, intercepté en mer par les forces armées israéliennes alors qu’il était à bord du « Madleen », a indiqué qu’à leur arrivée à Ashdod, les passagers du navire humanitaire ont été accueillis par « un comité de 200 militaires » avant de subir « plusieurs fouilles au corps et plusieurs fouilles de matériel » puis un « transfert en van vers les services de l’immigration ».
« Je n’ai pas les qualifications juridiques pour préciser ce qui s’est passé mais il y a eu des actes de maltraitance, il n’y a pas eu d’actes de violence physique mais j’ai été moi-même témoin, notamment concernant Greta Thunberg, de privation de sommeil », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre: « Dès qu’elle s’endormait, les services de l’immigration venaient la réveiller. Dès que l’un de nous s’endormait, la musique était mise à fond, les services de l’immigration dansaient devant nous. Nous avons subi des difficultés d’accès à l’eau et à la nourriture. Il a fallu plus de 3 heures pour obtenir un bout de pain et nous n’avons eu évidemment aucun accès aux sanitaires ».
Il indique, par ailleurs, que les services de l’immigration leur ont « présenté des documents », qu’il a accepté de signer pour pouvoir rentrer, mais dont le contenu est « totalement fallacieux ».
« Ça s’appelle une ‘demande de déportation’. C’est le terme qui est utilisé par les services israéliens. Ces documents nous ont été présentés par les différents consuls, notamment le consul de France qui nous a laissé la liberté de les signer ou pas. Ces documents stipulaient que nous pouvions, si on les signait, rentrer dans les prochaines heures, ce que j’ai fait pour des raisons personnelles, familiales mais aussi pour témoigner devant vous. Je sais que je suis le premier Français à être arrivé, et c’est aussi pour ça que je l’ai fait, c’est pour pouvoir témoigner de ce qui se passe pour mes camarades », a-t-il détaillé.
Le journaliste d’Al Jazeera, Omar Faiad, expulsé quelques heures plus tôt, a lui aussi livré un témoignage inquiétant, faisant état de menaces faites à l’encontre de la députée européenne, Rima Hassan.
« Ceux qui refusaient de signer le document était menacés. Prenons l’exemple de la députée Rima Hassan (…) j’ai entendu un policier la menacer directement en disant ‘je vais t’écraser la tête contre le mur si tu ne signes pas et on va régler ça à notre manière’ », a-t-il relaté à son arrivée à Paris.
Pour rappel, l’équipage et les passagers de la Flottille de la liberté ont été arrêtés dans les eaux internationales par l’armée israélienne alors qu’ils se dirigeaient vers Gaza pour tenter de briser le blocus imposé à la population gazaouie.
La nuit de dimanche à lundi a été particulièrement mouvementée et les internautes ont pu être informés de l’évolution de la situation en temps réel grâce notamment aux publications de Rima Hassan.
D’abord encerclés par 5 navires de la Marine israélienne, les militants à bord de la Flottille de la liberté, ont ensuite été survolés par des drones qui ont envoyé de la peinture blanche sur leur navire humanitaire.
Tandis qu’ils poursuivaient leur chemin vers Gaza, ils ont finalement fait l’objet d’une interception, dans les eaux internationales, par l’armée israélienne qui les a acheminés vers Ashdod et prévoit de les expulser vers leurs pays d’origine.
Le gouvernement israélien avait indiqué dimanche après-midi qu’ils n’accèderaient pas au territoire palestinien et exhortait l’équipage à faire demi-tour.
Dans la foulée, Rima Hassan avait assuré sur ses réseaux sociaux, que le « Madleen » continuerait son chemin pour tenter de briser le blocus imposé à la population gazaouie.
À la tombée de la nuit, l’eurodéputée avait appelé les internautes à la vigilance face à une « nuit de tous les dangers ».
« C’est la nuit de tous les dangers pour nous. Sur ce thread je vais écrire toutes les heures un petit mot pour signaler que nous avons encore du réseau. Dès lors que vous n’aurez plus de nouvelles c’est que internet a été coupée et que Israël s’apprête à nous attaquer. Ça vous permettra de situer le moment », a-t-elle écrit.
Douze personnes, dont 6 Français et l’activiste suédoise Greta Thunberg, ont pris place à bord du « Madleen » pour alerter sur le blocus humanitaire imposé par Israël à la population gazaouie.
À ce stade, 4 d’entre eux dont Greta Thunberg, ont accepté de signer les « documents de déportation » et ont pu être renvoyés, tandis que les 8 autres, dont Rima Hassan, refusent de les signer en raison de mentions problématiques comme la reconnaissance d’être entrés illégalement dans les eaux israéliennes alors que l’interception s’est en réalité faite dans les eaux internationales.
La signature de ce document implique également une interdiction d’accéder au territoire israélien de manière définitive.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.