
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
"Famine, siège, extermination : la conscience du monde face à Gaza" : dans un communiqué publié ce mardi, le Conseil français du culte musulman (CFCM) dénonce une situation d’"extrême gravité" à Gaza et alerte sur un "crime contre l’humanité".
Par voie de communiqué, l’instance représentative du culte musulman en France affirme que "des enfants meurent de faim dans l’indifférence générale", que "les convois humanitaires sont systématiquement pris pour cible" et que "la nourriture est utilisée comme une arme de guerre". Le CFCM décrit une population piégée, soumise à un "siège total" et à une "stratégie d’éradication" que le monde entier observe sans réagir.
Dans ce contexte, le Conseil interpelle directement le chef de l’État. Il appelle le président Emmanuel Macron et l’exécutif français à "condamner clairement et fermement ces crimes" et à "prendre toutes les mesures diplomatiques nécessaires pour faire cesser immédiatement le massacre". La France, rappelle-t-il, a une responsabilité morale et politique à faire entendre une voix forte au sein de la communauté internationale.
Le CFCM accuse les grandes puissances de complicité par le silence, parlant d’"une extermination lente, méthodique, visible et consentie". Il souligne que cette situation n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une volonté politique "assumée de faire souffrir et mourir un peuple".
"L’Histoire jugera sévèrement l’inaction et le silence", avertit encore le texte, qui se conclut par un appel aux consciences : "L’heure n’est plus à l’observation mais à l’action immédiate".
Pour rappel, Israël a récemment autorisé une reprise très partielle de l'accès à l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, après plus de deux mois de blocus total. Le 20 mai 2025, les Nations unies ont annoncé avoir reçu l'autorisation d'Israël pour faire entrer environ 100 camions d'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne, via le point de passage de Kerem Shalom.
Israël bloquait totalement, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 3000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 53 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.