Expulsions de fonctionnaires français d’Algérie : Paris va "renvoyer" à son tour des diplomates algériens
- Une annonce du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot

France
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé ce mercredi que Paris allait "renvoyer" à son tour des diplomates algériens. Les autorités algériennes avaient demandé, dimanche 11 mai, le "rapatriement immédiat" de quinze agents français affectés à l'ambassade de France à Alger.
La France a, selon Barrot, convoqué mardi le chargé d'affaires algérien à Paris pour dénoncer la décision "injustifiée et injustifiable" d'Alger. Lors de cet entretien, il lui a été notifié que Paris allait riposter en renvoyant des diplomates algériens, a indiqué le chef de la diplomatie française sur BFMTV.
"Notre réponse est immédiate, elle est ferme et elle est strictement proportionnée à ce stade, avec la même demande, c’est-à-dire le renvoi en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n’auraient pas actuellement de visa", a déclaré Jean-Noël Barrot.
Et d'ajouter : "Nous lui avons fait savoir également que nous nous réservons la possibilité de prendre d'autres mesures en fonction de l'évolution de la situation".
"Les Algériens ont souhaité renvoyer nos agents. Nous renvoyons les leurs", a-t-il noté.
Pour rappel, les autorités algériennes avaient demandé au chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie, reçu dimanche au siège du ministère des Affaires étrangère, le "rapatriement immédiat" de quinze agents français, objet d'affectations "irrégulières".
Selon l'agence Algérie presse service (APS / Officielle), citant "des sources informées", cette convocation du diplomate français "serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d’affectation d’agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie".
Dans une première réaction lundi, Barrot avait qualifié la décision d'Alger d'"incompréhensible et de brutale". "Nous y répondrons, de manière immédiate, ferme et proportionnée", avait-il annoncé en marge d'un déplacement dans le Calvados (Nord de la France).
Les relations entre la France et l'Algérie se sont dégradées durant l'été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
L’emprisonnement, en novembre de la même année, de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, a compliqué davantage la situation, tout comme le refoulement de migrants en situation irrégulière visés par des obligations de quitter le territoire français, dont l'influenceur algérien Doualemn.
Ces deux affaires ont suscité la colère de plusieurs ministres français, dont Bruno Retailleau (Intérieur) et Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) qui menaçaient de recourir au "rapport de force".
Les autorités françaises ont même décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour "défendre les intérêts des Français".
Un début d'apaisement est ensuite intervenu avec l'entretien téléphonique Macron-Tebboune, à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, fin mars 2025, suivi d'une visite à Alger du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, le 6 avril dernier, marquant "une nouvelle phase dans une relation d’égal à égal" entre la France et l’Algérie.
Reçu par le chef de l'État algérien, le chef de la diplomatie française avait affirmé que les deux pays avaient "décidé de tourner la page".
Toutefois, l'arrestation d'un cadre consulaire algérien, début avril à Paris, dans le cadre d'une enquête judiciaire sur la présumée tentative d’enlèvement de l’opposant algérien "Amir DZ", a suscité la colère d'Alger qui n'a pas tardé à exprimer sa contestation auprès de l'ambassadeur de France à Alger, considérant que l'arrestation d'un cadre consulaire à Paris est venue "torpiller" les récents progrès diplomatiques entre les deux pays.
En réaction à cette arrestation, Alger a expulsé 12 fonctionnaires français opérant dans le corps diplomatique en Algérie. Paris en a fait de même.