Expert : Les attaques d'Israël contre Gaza sont susceptibles d'être qualifiées de génocide
- Il y a des exemples clairs de crimes de guerre commis à Gaza, a déclaré à Anadolu Gilles Emmanuel Jacquet, vice-président de l'Institut international de recherche pour la paix de Genève (GIPRI)

Geneve
AA / Genève / Muhammet Ikbal Arslan
Un nombre de plus en plus important de juristes internationaux sont d'avis que l'ampleur des crimes de guerre et les attaques, menées par l'armée israélienne à Gaza, sont susceptibles d'être qualifiées de génocide, a déclaré un expert.
Dans une interview exclusive accordée à Anadolu, Gilles Emmanuel Jacquet, vice-président de l'Institut international de recherche pour la paix de Genève (GIPRI), a souligné que plus de 30 000 Palestiniens avaient perdu la vie dans les attaques d'Israël.
Rejetant l'affirmation d'Israël et de ses partisans selon laquelle les données relatives à Gaza « proviennent du Hamas », il a déclaré que les données provenaient du ministère palestinien de la Santé et qu'elles avaient été confirmées par l’ONU.
Comparant la guerre Russie-Ukraine qui a débuté en 2022 avec ce qui se passe à Gaza, Jacquet a déclaré : « Si nous comparons la situation à Gaza avec les victimes du conflit en Ukraine, nous pouvons clairement constater que ce qui se passe à Gaza est extrêmement grave. Il y a plus de morts violentes à Gaza qu'en Ukraine, et il s'agit d'une zone beaucoup plus restreinte. Aussi, les civils de Gaza sont-ils également tués depuis des mois. Ils sont bloqués à Gaza, sans nourriture adéquate ni aide humanitaire et sont confrontés à un danger imminent ».
Jacquet a déclaré qu'ils avaient appelé, à la fin du mois de février, à acheminer l'aide pour les civils de Gaza par voie maritime et qu'ils avaient également suggéré la voie terrestre, mais qu'ils avaient été empêchés de le faire.
Soulignant que le parachutage de l'aide à Gaza s'est soldé par un désastre et que des personnes ont trouvé la mort, Jacquet a également indiqué qu'il s'opposait à l'initiative du président américain Joe Biden visant à établir un quai flottant provisoire sur la côte de Gaza afin de faire parvenir l'aide humanitaire.
« Nous n'y sommes pas favorables, pour la simple raison qu'il s'agit d'un moyen pour l'administration américaine de prendre le contrôle de toutes les opérations, y compris sur le plan politique. Il est clair que la situation à Gaza est actuellement catastrophique et que si rien n'est fait, davantage de civils mourront », a averti Jacquet.
Soulignant que des crimes de guerre ont été signalés à de nombreuses reprises du fait des agissements de l'armée israélienne sur le terrain, l’expert a déclaré que les responsables du gouvernement israélien affirment qu'une enquête sera menée à l'encontre des personnes responsables.
** Des exemples clairs de crimes de guerre à Gaza
Jacquet a souligné qu'il existe des exemples clairs de crimes de guerre commis à Gaza.
« Compte tenu de l'ampleur des crimes de guerre et des opérations militaires menées par l'armée israélienne sur le terrain, cette situation peut être qualifiée de génocide selon un nombre de plus en plus important de juristes internationaux », a-t-il déclaré.
Commentant la plainte au pénal déposée par le GIPRI contre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au motif de sa complicité dans les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par Israël, il a souligné : « Si l'on se réfère au Statut de Rome de la Cour pénale internationale et à la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, on peut affirmer que le soutien inconditionnel apporté à Israël par certains gouvernements occidentaux et dirigeants de l'UE peut être assimilé à une complicité dans la commission de crimes de guerre et de génocide. Il s'agit là d'une évaluation juridiques, et non pas d'une position politique. »
Jacquet a également expliqué que leurs efforts, qui ont conduit à une plainte contre Von der Leyen auprès de la Cour pénale internationale (CPI), ont été entrepris lorsqu'ils ont réalisé qu'il n'y avait pas de réaction de la part des gouvernements occidentaux et surtout des médias occidentaux aux événements de Gaza. Il a ajouté que de nombreuses déclarations étaient problématiques et que les agissements de l'armée israélienne étaient soutenus sans réserve.
** « Nous espérons que le procureur général de la CPI, Khan, prendra notre notification légale en considération ».
Le responsable a également expliqué qu'ils avaient publié une lettre ouverte et un manifeste à la fin du mois de février et qu'ils avaient tenté d'inciter les dirigeants de l'UE et Von der Leyen à faire preuve de plus de prudence quant aux dimensions humanitaires du conflit à Gaza et au sort des civils.
« Von der Leyen a toutefois déclaré qu'elle apportait un soutien inconditionnel à Israël, notamment en ce qui concerne ses opérations militaires sur le terrain. Nous avons constaté qu'il n'y avait pas de réaction suffisante, surtout après notre initiative d'acheminer de l'aide humanitaire à Gaza par voie maritime », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : « Nous avons ensuite travaillé avec le GIPRI et nos autres partenaires pour créer un document juridique. Nous avons formé le groupe et transmis notre plainte au procureur général de la CPI, Karim Khan, le 22 mai ».
Soulignant avoir reçu le soutien de nombreuses organisations non gouvernementales et de personnalités éminentes après leur plainte devant la Cour pénale internationale, Jacquet a déclaré : « Nous espérons que le procureur général de la Cour pénale internationale, Khan, prendra notre notification légale en considération. En fait, la décision est maintenant entre ses mains. »
Gilles Emmanuel Jacquet a conclu en disant qu'ils n'ont pas reçu de réponse officielle à leur dépôt de plainte et a ajouté que le processus pourrait prendre du temps. Jacquet a également ajouté que Khan se concentre sur l'affaire pour laquelle il a sollicité la délivrance de « mandats d'arrêts » à l'encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et du ministre de la Défense Yoav Gallant.
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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