AA / Washington - Istanbul / Michael Hernandez et Fatma Zehra Solmaz

Une évaluation préliminaire des services de renseignement américains aurait révélé, mardi, que les récentes frappes de l'armée américaine, contre trois installations nucléaires iraniennes, n'ont pas détruit les éléments clés du programme nucléaire de l'Iran et ne l'ont probablement retardé que de quelques mois, a rapporté CNN.

Cette analyse de la Defense Intelligence Agency (DIA), l'une des principales agences de renseignement relevant du Département de la défense des Etats-Unis, se fonde sur une évaluation des dommages causés par les bombes (Bomb damage assessment), menée par le Commandement central des Etats-Unis à la suite des frappes de dimanche matin, a indiqué CNN, citant , sous couvert d'anonymat, l'une des sept sources qui auraient été informées des résultats de cette évaluation.

Bien que l'analyse soit toujours en cours et qu'elle puisse changer au fur et à mesure que de nouvelles données deviennent disponibles, elle contraste néanmoins avec l'insistance publique répétée du président américain Donald Trump sur le fait que les frappes ont totalement détruit les installations de Fordo, de Natanz et d'Ispahan.

Le Secrétaire américain à la défense, Pete Hegseth, a déclaré que les frappes américaines avaient « anéanti la capacité de l'Iran à créer des armes nucléaires ».

Ses propos ont ensuite été publiés par Trump sur son compte Truth Social.

« Sur la base de tout ce que nous avons vu - et j'ai tout vu - notre campagne de bombardement a anéanti la capacité de l'Iran à créer des armes nucléaires », a posté Trump, citant Hegseth.

Hegseth a également souligné l'ampleur de l'opération, déclarant : « L'impact de ces bombes est enterré sous une montagne de décombres en Iran ; donc quiconque dit que les bombes n'ont pas été dévastatrices ne fait qu'essayer de discréditer le président et la réussite de la mission. »

Deux des sources citées par CNN ont toutefois déclaré que les stocks d'uranium enrichi de l'Iran n'avaient pas été détruits, tandis qu'une autre a affirmé que les centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium étaient restées « intactes ».

« L'évaluation (de la DIA) est donc que les États-Unis les ont fait reculer de quelques mois, au maximum », a déclaré l'une des sources.

La Maison Blanche a vivement rejeté l'analyse, mais a semblé reconnaître son existence.

« Cette prétendue évaluation est totalement erronée et a été classée ‘top secret’, mais a tout de même été divulguée à CNN par un pauvre raté anonyme de la communauté du renseignement », a déclaré la porte-parole Karoline Leavitt dans un communiqué.

« La fuite de cette prétendue évaluation est une tentative évidente de discréditer le président Trump et les braves pilotes de chasse qui ont mené une mission parfaitement exécutée pour anéantir le programme nucléaire iranien. Tout le monde sait ce qui se passe lorsqu'on largue quatorze bombes de 30 000 livres exactement sur leurs cibles : l'anéantissement total », a-t-elle ajouté.

Israël a déclenché sa campagne aérienne contre les installations militaires et nucléaires de l'Iran le 13 juin, visant plusieurs des mêmes sites que ceux bombardés par les États-Unis dimanche.

Les États-Unis ont lancé 14 bombes de 30 000 livres à partir de bombardiers furtifs B-2 sur les sites de Fordo et de Natanz, a déclaré, dimanche, le général Dan Caine, Chef d'État-Major des armées.

Plus de deux douzaines de missiles de croisière lancés par des sous-marins ont visé le site d'Ispahan, a-t-il ajouté.

Trump a affirmé que les sites « ont été totalement détruits, et tout le monde le sait ».

« Ce fut un grand honneur pour moi que de détruire toutes les installations et capacités nucléaires, et ensuite, de mettre fin à la guerre ! », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux, mardi

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj