AA / Alyssa McMurtry

Alors que des personnalités de la droite européenne ont félicité Giorgia Meloni pour sa victoire annoncée aux élections générales italiennes, les réactions politiques du reste du continent ont été marquées par l'inquiétude.

Meloni a revendiqué la victoire, dimanche, après que son parti de droite, Frères d'Italie, a obtenu 26 % des voix. Si un exécutif doit encore être formé, elle est en passe de diriger l'équipe gouvernementale la plus marquée à droite en Italie depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les réactions des personnalités politiques européennes ont commencé à affluer, lundi matin, bien que la plupart des dirigeants de l'Union aient gardé le silence sur le vote historique de l'Italie.

Deux exceptions : les chefs des gouvernements de Pologne et de Hongrie, tous deux de droite, n'ont pas caché leur enthousiasme.

"Grande victoire ! Félicitations !" a écrit le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki sur Facebook, peu après minuit.

"Bravo Giorgia", a écrit le Premier ministre hongrois Viktor Orban sur Facebook, ajoutant que sa victoire était "plus que méritée".

"En ces temps difficiles, nous avons plus que jamais besoin d'amis qui partagent une vision et une approche communes des défis de l'Europe", a tweeté le conseiller politique d'Orban, Balazs Orban.

Ryszard Czarnecki, homme politique polonais, s'est décrit comme le "parrain" de Meloni, car il l'a recommandée à la tête du groupe parlementaire des conservateurs et réformistes européens. "C'était un très bon investissement politique pour nous", a-t-il déclaré.

Meloni s'oppose à ce que la Pologne et la Hongrie soient sanctionnées pour ne pas avoir respecté le droit européen.

"Nous allons reconquérir l'UE pour les peuples des États membres de l'UE. Nous vaincrons les communistes, les gauchistes et le lobby LGBT - tous ceux qui détruisent notre civilisation. Nous demanderons des comptes aux eurocrates corrompus et sans vergogne qui sont aux commandes, avec à leur tête Ursula Von der Leyen", a écrit le député polonais Janusz Kowalski sur les médias sociaux.

En Espagne, en France et en Allemagne, cependant, les responsables politiques au pouvoir ont exprimé une prudente inquiétude quant aux résultats des élections en Italie.

Le ministre espagnol des affaires étrangères, Jose Manuel Albares, a déclaré lors d'une conférence de presse que le scrutin italien était légitime, mais a souligné qu'un gouvernement n'avait pas encore été formé.

Il a toutefois déclaré que l'Europe était confrontée à un "moment décisif" et a déploré que certaines forces politiques cherchent à suivre "le modèle de Poutine ... qui est autoritaire et ne croit pas à la pluralité ou à la diversité".

Et Albares d'ajouter : "Le populisme aboutit toujours à la même chose : à la catastrophe."

Interrogée sur une radio française, la Première ministre française Elisabeth Borne n'a pas commenté directement la victoire de Meloni, mais a déclaré que "chaque État doit être en accord avec (les valeurs européennes), concernant la primauté de la loi, les droits de l'homme, le respect du droit à l'avortement."

En Allemagne, Wolfgang Buechner, porte-parole adjoint du chancelier Olaf Scholz, a seulement déclaré aux journalistes que "l'Italie est un pays très européen avec des citoyens qui le sont tout autant, et nous supposons que cela ne changera pas."

Rasmus Andresen, porte-parole des Verts allemands au Parlement européen, s'est montré moins diplomate, affirmant que les résultats de l'élection italienne "affaibliront l'Europe."

"L'Italie ne quittera pas l'UE, mais bloquera les réformes nécessaires. L'UE ne doit pas être naïve lorsqu'elle traite avec le nouveau gouvernement", a-t-il tweeté.

** Les alliés d'extrême droite et eurosceptiques se réjouissent

Les partis émergents d'extrême droite en Europe se sont réjouis de la victoire de Meloni.

Le parti d'extrême droite espagnol Vox a déclaré que les élections italiennes annonçaient "une nouvelle aube pour l'Europe", l'Italie "disant assez aux gauchistes et au mondialisme".

La leader française d'extrême droite Marine Le Pen a félicité les politiciens italiens "pour avoir résisté aux menaces d'une Union européenne antidémocratique et arrogante."

Le parti d'extrême droite allemand AfD a également applaudi le tournant politique de l'Italie, soulignant : "c’est exactement comme en Suède."

Aux Pays-Bas, Geert Wilders, leader du parti d'extrême droite de la Liberté, qui est ouvertement islamophobe et xénophobe, et Thierry Baudet, leader du parti d'extrême droite Forum pour la démocratie, ont félicité Meloni.

"Vive l'Italie" et "Bye bye Ursula", a écrit Wilders en référence à la présidente de la Commission européenne Ursula von Der Leyen.

Le troisième plus grand parti politique du Portugal, le CHEGA, a également félicité la droite italienne. Dans une déclaration à la presse, il a affirmé que le gouvernement italien déclenchera une "reconfiguration politique de l'Europe" et que "le vent du changement arrivera au Portugal."

Le Parti de la liberté autrichien a convenu que la dynamique est en train de changer en Europe avec la victoire de l'extrême droite aux élections italiennes.

"Hier, ce n'était pas seulement une bonne journée pour l'Italie, mais aussi pour l'Europe. Les Italiens ont clairement rejeté l'establishment de l'UE ... qui poursuit ses plans de centralisation pour transformer cette Union en États-Unis d'Europe", a déclaré Harald Vilimsky, président du groupe parlementaire européen du parti.

Et d’ajouter : "Plus nous aurons de gouvernements patriotiques, plus vite nous pourrons nous attaquer à des problèmes graves comme la migration de masse et la préservation de notre souveraineté et de notre identité pour assurer la prospérité."

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj