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Etats-Unis : les députés déconcertés par la suggestion de Trump de reporter les élections

- Les républicains, dont le soutien est essentiel, montrent peu d'empressement à donner suite à l'appel du président américain

Mourad Belhaj  | 31.07.2020 - Mıse À Jour : 31.07.2020
Etats-Unis : les députés déconcertés par la suggestion de Trump de reporter les élections

Washington DC

AA / Washington

Les députés du Congrès et du Sénat américains se sont montrés réticents, jeudi, à donner suite à l’appel du président Donald Trump pour reporter l'élection présidentielle du 3 novembre.

Les démocrates semblaient devoir être les seuls à s'y opposer, mais ils ont été rejoints par de nombreux républicains qui ont également refusé d'apporter leur soutien au président qui, à moins de 100 jours du scrutin, est très en retard dans les sondages nationaux.

Le sénateur Lindsey Graham, l'un des plus proches alliés de Trump au Sénat, a déclaré qu'il "désapprouvait le report des élections de novembre".

"Mon objectif est de permettre la réouverture de notre économie et de nos écoles en toute sécurité pour l'automne," a-t-il déclaré sur Twitter. Et d’ajouter : "Je crois que nous pouvons atteindre ces objectifs et avoir des élections libres et équitables comme prévu".

Le sénateur John Thune, membre de la majorité au Sénat, a rejeté catégoriquement l'appel du président lors d'une interview sur CNN, déclarant : "C'est probablement une déclaration qui suscite l'attention de la presse, mais je doute qu'elle ait un impact sérieux".

Ces opinions ont été partagées par plusieurs républicains éminents du Congrès, dont le député de l'Illinois Adam Kinzinger qui a déclaré sur Twitter : "Rappel : Les dates des élections sont fixées par le Congrès. Et je m'opposerai à toute tentative de retarder l'élection de #2020".

Dusty Johnson, le seul représentant du Dakota du Sud au Congrès, a déclaré que le report de la date de l'élection "compromettrait gravement" sa crédibilité, appelant les responsables à "veiller à ce que les Américains puissent voter en toute sécurité le 3 novembre".

La présidente démocrate du Congrès, Nancy Pelosi, a répondu à Trump en se référant à la Constitution, qui stipule que seul "le Congrès peut déterminer à quelle date les électeurs doivent voter".

Sans se décourager, Trump a épinglé en haut de son profil Twitter, le tweet dans lequel il a pour la première fois mentionné publiquement cette idée.

"Avec le vote par correspondance (...), 2020 sera l'élection la plus inexacte et la plus frauduleuse de l'histoire. Ce sera un véritable embarras pour les États-Unis. Il faut retarder l'élection jusqu'à ce que les gens puissent voter correctement, en toute sécurité et sans risque", peut-on lire sur ce tweet.

Trump n'a pas le pouvoir de reporter le scrutin, cette tâche incombant au Congrès, qui devrait adopter une loi pour modifier les dispositions en vigueur. Selon la loi américaine actuelle, les élections présidentielles doivent avoir lieu le premier mardi du mois de novembre.

Trump accuse actuellement un retard important dans les sondages nationaux par rapport à l'ancien vice-président, Joe Biden. Un sondage Economist / YouGov, publié cette semaine, montre que le président sortant a un retard de près de neuf points par rapport à Biden.

Les données publiées par le gouvernement américain, quelques instants après cette déclaration de Trump sur Twitter, font état de la pire contraction de l'économie américaine au cours d'un trimestre jamais enregistrée : une contraction de 32,9 % du PIB causée par la pandémie de coronavirus.

Le Bureau d'analyse économique (BEA - agence gouvernementale) a déclaré que cette contraction "illustrait" les efforts déployés pour endiguer la propagation du virus, comprenant notamment les consignes enjoignant aux personnes de rester chez elles, en mars et avril derniers.

Biden avait prédit, en avril, que Trump chercherait à retarder l'élection. "Retenez bien mes mots : Je pense qu'il va essayer de reporter l'élection d'une manière ou d'une autre, de trouver une raison pour laquelle elle ne puisse pas avoir lieu", avait déclaré Biden lors d'une collecte de fonds en ligne.

La proposition de Trump intervient alors qu'il continue à s'opposer vivement au vote par correspondance en raison de la pandémie de coronavirus, qui, selon lui, conduirait à une "élection truquée". Plusieurs États ont décidé de recourir au vote par correspondance afin de permettre aux citoyens de voter, puisque la pandémie ne semble pas près de prendre fin.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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