Etats Unis/Assaut du Capitole : la société américaine polarisée plus que jamais

France
AA/Paris/Fatih Karakaya
Il y a tout juste un an, le Capitole, siège du Congrès américain, était envahi par des supporters de Donald Trump qui contestaient les résultats des élections présidentielles en faveur du démocrate Joe Biden. Pas loin d’être considérée comme une tentative de Coup d’Etat, par de nombreux observateurs internationaux, jamais le berceau de la démocratie n’avait connu une telle attaque auparavant.
Le 3 novembre 2020, les Américains donnent la victoire au démocrate Joe Biden contre le sortant Donald Trump.
Mais ce dernier refuse la défaite et parle « de l’élection volée ». Multipliant les déclarations, Trump galvanise ses troupes et le 6 janvier des centaines de personnes attaquent alors le congrès américain afin d’empêcher la validation définitive des élections. Rapidement, les vidéos partagées depuis l’intérieur du Capitole deviennent virales et choquent le monde entier. Comment un pays connu pour sa grande démocratie en est arrivé là ?
Ce qui est certains c’est que cette attaque restera gravée dans les livres d'histoire et démontrera que même les démocraties occidentales ne sont pas exemptes des dérives autoritaires. « Le peuple américain devrait se débarrasser de la fausse croyance selon laquelle les coups d'État n'ont lieu que dans les [démocraties sous-développées] », met en garde, Hakki Ocal professeur à l’université de Ibn Haldun et journaliste.
D’après la chaîne d’information sur YouTube « Info ou Mytho », qui comptabilise plus de 385 milles abonnés, « le premier responsable de cette attaque est Donald Trump qui dénonce tous les jours des fraudes massives ».
En effet, malgré la défaite, Trump continue d’affirmer aux médias et sur les réseaux sociaux « qu’il va facilement gagner les élections devant les tribunaux parce qu’il a tellement de preuves ». « Nous ne pouvons pas nous faire voler une élection comme ça », crie, Donal Trump, désormais ancien président.
Mais ses multiples recours déposés auprès des tribunaux sont tous rejeté, « faute de preuves ». Pourtant, cela n’empêchera pas Trump de donner rendez-vous, le 6 janvier, à ses partisans dans la capitale américaine pour une manifestation de grande envergure.
- Invitation à marcher vers le Capitole
Devant des milliers de personnes et devant la Maison Blanche, Trump continue d’exciter ses partisans en leur demandant de « se battre de toutes leurs forces » et les invite à « marcher sur le Capitole ».
Comme l’explique le média « Info ou Mytho », « avant même la fin du discours une foule de Trumpistes radicaux débordent les forces de sécurités et rentrent dans le complexe ».
Les assaillants saccagent alors les lieux, envahissent les bureaux des sénateurs. Le bilan de l'assaut est de 100 policiers blessés et quatre assaillants tués.
« Il y’a eu volontairement une faille de sécurité », estime Michael un jeune étudiant en master à l’université de Brooklyn Law School. Contacté par Twitter, il explique que « depuis plus d’un an, il suit de près les partisans de Trump et leur évolution ». Il raconte aussi « qu’il observe le réseau social « GAB » où des « exclus » des réseaux sociaux mondialement connus trouvent refuge ».
En effet, Twitter et Facebook avaient banni Trump de leurs plateformes estimant « qu’il tenait un discours haineux ».
Comme lui, des milliers d’Américains sont bannis pour la même raison. « Sur GAB, ils ont une liberté totale de parole et peuvent dire tout ce qu’ils veulent » constate, le jeune étudiant en master.
Mais ce qui le frappe le plus, c’est la radicalité de certains « suprémacistes qui estiment que Trump les a trahi ».
D’après lui, « ces blancs » ont cessé de soutenir Trump bien avant les événements du capitole pour avoir « financièrement et socialement les noirs et les associations LGBT ». Il estime même que le 6 janvier est une « étape pour mettre la pression sur les blancs qui doivent faire profil bas depuis ses incidents ».
Ces accusations de « faille de sécurité » reviennent souvent dans les débats. En effet, certains médias s’interrogent sur le fait que la garde nationale soit omniprésente dans les manifestations « Blacks Live Matter » alors que lors de l’attaque du Capitole, elle est arrivé avec près de deux heures de retard.
- Enquête en cours sur le 6 janvier
Selon les chiffres publiés par le FBI, depuis le 6 janvier il y’a eu plus de 700 arrestations et inculpations.
Ainsi, selon les médias américains sur les 725 Américains déjà arrêtés et inculpés, 165 ont plaidé coupable et la plupart ont écopé de peines légères. Quant à Robert Palmer, venu de Floride, a, lui, été condamné à cinq années de réclusion pour avoir attaqué des policiers avec une planche et un extincteur.
Donald Trump avait lui aussi été mis en en accusation (impeached) pour incitation à l’insurrection par un vote de la Chambre des représentants. Mais l’absence d’une grande majorité au Sénat qui devait valider l’accusation, Trump a échappé à la condamnation.
De même, la Chambre des représentants a créé une commission spéciale d’enquête qui ont auditionné 300 témoins et requis des milliers de documents. Mais certains partisans de Trump refusent pour l’instant de répondre aux appels aux témoignages.
Selon un sondage publié dimanche 2 janvier par le Washington Post, 60 % attribuent à l’ex-Président une responsabilité dans l’attaque du Capitole. Mais ce qui est frappant dans ce sondage, c’est que 68 % des républicains restent persuadés d’une fraude importante à la présidentielle. Et pour la première fois dans l’histoire américaine, plus de la moitié des électeurs du camp adverse (58 %) jugent Joe Biden illégitime. Un taux aussi élevé démontre la polarisation de la société américaine et d’ailleurs 40 % pensent que la violence contre le gouvernement peut se justifier.
- Trump et sa renaissance
Pour marquer le coup et continuer à préparer son retour pour les élections de 2024, Trump avait prévu une conférence de presse le 6 janvier soit le jour de l’anniversaire de l’attaque du Capitole.
Un communiqué publié mardi 4 janvier, explique qu’il s’exprimera le 15 janvier, dans un meeting en Arizona. Dans ce communiqué, il continue de parler de « fraude » et « du crime du siècle ! ».