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Etat d'urgence: La France épinglée pour des mesures abusives contre les musulmans

La France effectue des perquisitions administratives et des assignations à résidence abusives contre les musulmans, dénoncent Human Rights Watch et Amnesty International

Bilal Müftüoğlu  | 04.02.2016 - Mıse À Jour : 05.02.2016
Etat d'urgence: La France épinglée pour des mesures abusives contre les musulmans

Paris

AA - Paris - Bilal Muftuoglu

La France a été épinglée par Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International pour son abus des mesures de sécurité autorisées sous l'état d'urgence à l'encontre de ses citoyens de confession musulmane.

La France effectue des "perquisitions administratives et des assignations à résidence abusives et discriminatoires" contre des musulmans depuis la mise en place de l'état d'urgence le 13 novembre 2015, le jour des attentats de Paris, ont relevé les deux ONG dans deux rapports faisant le bilan de près de trois mois du régime d'exception.

Les deux ONG ont mené des interviews auprès de plusieurs personnes qui ont été assignées à résidence à tort et dont les domiciles ont fait l'objet des perquisitions sans autorisation judiciaire.

Ces mesures exceptionnelles confiées au ministère de l'Intérieur et à la police française ont créé des difficultés économiques, tout en stigmatisant les personnes ciblées et traumatisant des enfants, a regretté HRW dans son bilan.

HRW a notamment évoqué deux cas de perquisition menés à tort à l'encontre d'une personne handicapée et d'une mère célibataire vivant avec ses enfants. Lors de ces perquisitions, les policiers ont cassé quatre dents à une personne en situation de handicap et ont placé les enfants de la mère célibataire en une famille d'accueil, a précisé l'ONG.

"La France a la responsabilité de garantir la sécurité publique et d’essayer d’empêcher de nouvelles attaques, mais la police a usé de ses nouveaux pouvoirs liés à l’état d’urgence de façon abusive, discriminatoire et injustifiée", a estimé Izza Leghtas, chercheuse sur l'Europe de l'Ouest à Human Rights Watch.

Amnesty International a aussi mis en avant des abus similaires dans son rapport "L'impact de l'état d'urgence en France", dénonçant "3 mois de mesures appliquées de façon discriminatoire et disproportionnée".

Les 3210 perquisitions effectuées depuis le 13 novembre dernier ont abouti à un seul cas de mise en examen pour terrorisme, a souligné l'ONG dans son rapport qu'il a mené sur des personnes assignées à résidence mais aussi sur les lieux de culte musulmans fermés et les associations musulmanes dissoutes.

Amnesty International a par ailleurs lancé une pétition jeudi pour appeler les parlementaires français à ne pas voter le projet de loi sur une nouvelle prolongation de l'état d'urgence, qui sera bientôt débattu à l'Assemblée nationale.

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