AA / Nice / Feïza Ben Mohamed

Le patron de « Reconquête » (extrême-droite), Eric Zemmour, a été condamné pour des faits d’injure raciste après avoir qualifié le prénom de la chroniqueuse Hapsatou Sy, « d’insulte à la France », a annoncé jeudi l’intéressée sur ses réseaux sociaux.

« C’est une grande fierté d’avoir tenu bon pendant toutes ces années et d’avoir pu faire condamner Éric Zemmour pour injure à caractère raciste », a-t-elle fait savoir, estimant que cette décision ferait date pour tous ceux qui lui ressemblent.

Remerciant son avocat et les personnes qui l’ont soutenue pendant ces 4 longues années, Hapsatou Sy a insisté sur la portée symbolique de la condamnation de l’ancien candidat à la présidentielle.

« Mon prénom est mon identité, mes origines sont ma forces, et derrière moi, j’espère que beaucoup d’autres français se sentiront libérés de savoir que nous devons être respectés dans ce que nous sommes », a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

En plus d’une amende de 4 000 euros, Éric Zemmour devra verser à sa victime 3 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 au titre de ses frais d’avocat.

Citée par le journal Le Monde, la Cour a considéré que les propos qu’il a tenus étaient constitutifs d’un outrage, « dès lors qu’ils signifient que son prénom, élément de sa personnalité (…) serait l’expression d’une marque d’irrespect, de mépris envers la France et porterait atteinte à sa dignité ».

Pointant « une attaque strictement personnelle », la justice a décidé de reconnaître le « caractère discriminant » de l’attaque d’Éric Zemmour.

L’affaire remonte à 2018 et avait fait l’objet d’un retentissement médiatique national.

À l’antenne de la chaîne C8, Eric Zemmour, alors polémiste connu pour ses nombreux propos provocateurs et identitaires, s’en était pris à la jeune femme, d’origine mauritanienne et sénégalaise, au sujet de son prénom.

« Normalement, chez moi, on doit donner des prénoms dans ce qu'on appelle le calendrier, c'est-à-dire les saints chrétiens », avait-il lancé avant d’expliquer à Hapsatou Sy que sa « mère a eu tort » et aurait dû l’appeler « Corinne » car ça lui « irait bien ».