AA / Istanbul / Kaan Bozdogan, Esra Tekin et Beril Canakci

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti samedi que, tant qu’Israël ne serait pas stoppé, la volonté de voir naître un État palestinien demeurerait incomplète. Il a réclamé le jugement immédiat du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, de son gouvernement et de ce qu’il a qualifié de « cadre génocidaire ».

S’exprimant au Forum de diplomatie du Bosphore à Istanbul, Erdogan a estimé que la reconnaissance de la Palestine par plusieurs États constituait un « geste tardif », mais néanmoins « une étape importante ». Il a ajouté que toute initiative visant à corriger les erreurs du passé était bienvenue, tout en s’interrogeant sur l’absence de reconnaissance de l’État palestinien avant la perte de 65 000 vies innocentes, soulignant ainsi son reproche envers l’inaction internationale.

Évoquant le discours du Premier ministre israélien à l’Assemblée générale de l’ONU, le président turc a déclaré : « Le chef du ‘réseau génocidaire’ n’a trouvé aucun auditoire à ses mensonges et menaces, parlant devant des sièges vides. »

En effet, plusieurs délégations étrangères avaient quitté la salle vendredi en signe de protestation contre l’intervention de Netanyahu.

Erdogan a également dénoncé l’ONU et d’autres instances internationales, affirmant que l’ordre instauré après la Seconde Guerre mondiale par les vainqueurs avait perdu à la fois sa fonctionnalité et sa crédibilité.

« Des organes comme le Conseil de sécurité de l’ONU, censés empêcher les catastrophes humanitaires, sont devenus une partie du problème au lieu d’apporter des solutions », a-t-il lancé.

- « Tandis que les va-t-en-guerre attisent les flammes, la Türkiye a œuvré pour la paix »

Le président turc a mis en lumière la crise humanitaire à Gaza, dénonçant l’usage de la faim comme « une arme de destruction massive ».

« Ceux qui réduisent la question de Gaza à la seule présence du Hamas commencent peu à peu à comprendre que la réalité est toute autre », a-t-il affirmé.

Il a ajouté que, même si la communauté internationale reste indifférente, la Türkiye ne pouvait pas fermer les yeux sur les souffrances et l’oppression dans la région.

« Tandis que les va-t-en-guerre attisent les flammes, la Türkiye a œuvré pour une paix juste et continue de le faire en Palestine et à Gaza », a insisté Erdogan. Il a précisé que « chaque vie perdue dans les rues de Gaza, du Yémen, de la Syrie, du Soudan ou de la Somalie nous arrache une part de nous-mêmes », réaffirmant l’objectif d’Ankara d’assurer la paix et la stabilité dans la région de manière « forte et durable ».

- Appel à exclure Israël de la Coupe du monde

Concernant les appels internationaux visant à suspendre Israël de la Coupe du monde 2026, Erdogan a indiqué que la Fédération turque de football avait déjà exprimé sa position, précisant qu’Ankara réévaluerait également cette question.

Le président de la Fédération turque de football, Ibrahim Haciosmanoglu, a adressé une lettre à la FIFA, à l’UEFA et aux dirigeants des fédérations nationales pour demander l’exclusion d’Israël de toutes les compétitions sportives.

- La Flottille internationale Sumud en route pour Gaza

Erdogan a par ailleurs adressé ses salutations aux passagers de la Flottille internationale Sumud, confrontés, selon lui, au « terrorisme d’État israélien ».

« Que Dieu les protège et les guide », a-t-il déclaré.

Composée d’une cinquantaine de navires, la Flottille Sumud a appareillé plus tôt ce mois-ci avec l’intention de briser le blocus israélien et d’acheminer de l’aide humanitaire, en particulier du matériel médical, vers la bande de Gaza, où 2,4 millions de Palestiniens vivent assiégés depuis 18 ans.

* Traduit de l'anglais par Adama Bamba