Emmanuel Macron présuppose une ingérence de la Turquie dans les prochaines élections présidentielles
- Interrogé par la journaliste française, Caroline Roux pour France télévisions, le Président français insiste cependant sur la nécessité d'un dialogue et d'un partenariat avec la Turquie.

Ile-de-France
AA / Paris
Le Président français Emmanuel Macron a affirmé que la Turquie "tentait d'interférer" dans la prochaine élection présidentielle française, prévue au printemps 2022, tout en soulignant également que Paris doit travailler avec Ankara.
"Il y aura des tentatives pour interférer avec les prochaines élections [...] et les menaces ne sont pas si voilées", a-t-il déclaré dans une interview diffusée mardi soir sur la chaîne publique France 5 dans le cadre d'un documentaire intitulé "Erdogan: le sultan qui défie l'Europe".
Macron n'a pas précisé les détails de l'ingérence mais a évoqué la possibilité que la Turquie "joue sur l'opinion publique".
Les tensions entre la France et la Turquie émanent notamment de désaccords géopolitiques sur les conflits en Syrie et en Libye. Le Président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue français, Emmanuel Macron, se sont aussi affrontés à la suite d’une controverse sur les caricatures offensives du prophète de l’Islam, Muhammad (P.S.L).
Macron a affirmé que la Turquie avait déformé ses propos tenus l'année dernière sur l'Islam, qu'il avait décrite comme "une religion en crise", après une série d'attentats terroristes en France.
"Très clairement, l'automne dernier, il y avait une politique de mensonges", a-t-il déclaré.
"Les mensonges de l'État diffusés par les médias contrôlés par l'État turc, diffusés par certaines grandes chaînes contrôlées par le Qatar", a-t-il déclaré.
"Mes propos ont été falsifiés et la France a été présentée comme un pays ayant un problème avec l'Islam", a-t-il ajouté.
Macron a cependant noté un changement dans le désir du Président turc Erdogan de se réengager dans la relation, et le Président français de déclarer qu'il n'avait aucune "animosité envers la Turquie".
"Mais nous ne pouvons pas nous réengager lorsqu'il y a des ambiguïtés. Je ne veux pas réengager une relation apaisée s'il y a derrière de telles manœuvres", a-t-il déclaré.
Macron a ajouté qu'en tant que membre de l'OTAN, partenaire commercial majeur et partenaire sur les questions de sécurité et de migration, il incombait à la France d'essayer de travailler ensemble avec la Turquie.
"Nous avons besoin d'un dialogue avec la Turquie. Nous devons tout faire pour qu'elle ne tourne pas le dos à l'Europe et n'aille pas vers plus d'extrémisme religieux ou de choix géopolitiques négatifs pour nous", a-t-il déclaré.
"Si la Turquie ouvre les portes, vous avez trois millions de réfugiés syriens qui arrivent en Europe", a-t-il prévenu.
* Traduit de l'anglais par Ümit Dönmez