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Dix ans après l'Accord de Paris : Entre avancées et promesses non tenues

- L'accord de 2015 a hissé l'urgence climatique au sommet de l'agenda politique mondial, mais les objectifs de 2030 restent hors de portée alors que les États-Unis se retirent à nouveau

Selçuk Uysal  | 11.12.2025 - Mıse À Jour : 11.12.2025
Dix ans après l'Accord de Paris : Entre avancées et promesses non tenues

Ankara

AA / Ankara / Seyma Yigit et Selcuk Uysal

Dix ans après l'adoption historique de l'Accord de Paris, le monde est encore loin du compte pour atteindre ses objectifs climatiques de 2030.

L'année 2025 aura été marquée par la décision des États-Unis, pollueur historique majeur, de se retirer une nouvelle fois du traité.

Signé par 195 pays le 12 décembre 2015 et entré en vigueur en 2016, l'accord visait principalement à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 degrés Celsius, à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels, et à atteindre la neutralité carbone mondiale d'ici la seconde moitié du siècle.

Si l'Iran, la Libye, le Yémen et l'Érythrée avaient initialement refusé d'y adhérer, les États-Unis sont désormais, avec cette récente décision, le seul pays à s'être formellement retiré du pacte.

L'accord a réussi à placer le changement climatique au cœur des priorités politiques mondiales, incitant davantage de pays à mettre en œuvre des politiques de réduction des émissions et renforçant la coopération internationale.

Toutefois, les Contributions déterminées au niveau national (CDN) demeurent trop faibles pour satisfaire aux objectifs de température. Les obstacles majeurs, incertitude politique, dépendance persistante aux énergies fossiles, financement insuffisant et craintes d'impacts économiques négatifs, restent inchangés.

Dans son « Rapport 2024 sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions », publié avant la COP29, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a lancé un avertissement clair.

Selon le rapport, les pays doivent s'engager à réduire leurs émissions annuelles de gaz à effet de serre de 42 % d'ici 2030 et de 57 % d'ici 2035. Sans cela, l'objectif de 1,5 °C sera hors de portée d'ici quelques années.

- Nouveau retrait américain

À cinq ans de l'échéance de 2030, les émissions mondiales de carbone ont atteint de nouveaux records en 2023 et 2024. Selon le Global Carbon Project, les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles ont grimpé à 37,4 milliards de tonnes en 2024 (+0,8 %), portées par une dépendance continue au charbon, au pétrole et au gaz.

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a exacerbé les inquiétudes mondiales. Le 20 janvier 2025, jour de son investiture, le président américain a annoncé que les États-Unis quitteraient à nouveau l'Accord de Paris, annulant la réintégration décidée par l'administration Biden en 2021.

M. Trump a également déclaré une « urgence énergétique nationale » pour accélérer la production nationale d'énergies fossiles et a signé un décret rétablissant l'usage des pailles en plastique, arguant que celles en papier contiennent des produits chimiques nocifs.

Son administration a immédiatement suspendu toute aide étrangère liée au climat via l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et imposé des coupes budgétaires sévères aux institutions scientifiques américaines travaillant sur le climat. Ces mesures sont largement considérées comme un revers majeur pour la coopération mondiale.

- Industrialisation verte et COP30

Le rôle de l'industrie a été souligné lors de la COP30 à Belém (Brésil) en novembre 2025, où l'« industrialisation verte » fut un thème central. Trente-cinq pays ont signé la Déclaration de Belém, cadre stratégique pour décarboner l'industrie lourde et accélérer l'innovation technologique tout en créant des emplois.

S'appuyant sur la COP29 de Bakou (2024), où un objectif de financement climatique d'au moins 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 avait été fixé, la COP30 a avancé sur une feuille de route visant à porter ce montant à 1 300 milliards de dollars par an.

Malgré l'absence notable des présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping au sommet, la COP29 a permis, après dix ans d'attente, l'opérationnalisation des marchés carbone, ouvrant la voie aux échanges internationaux et aux investissements privés verts.

- La Türkiye, hôte de la COP31

La 31e Conférence de l'ONU sur les changements climatiques (COP31) se tiendra en Türkiye en 2026. Le Sommet des dirigeants aura lieu à Istanbul, tandis qu'Antalya accueillera la conférence principale.

Près de 200 pays s'y réuniront pour définir la prochaine phase de mise en œuvre de l'Accord de Paris, incluant la mise à jour des objectifs de réduction d'émissions et les règles du marché carbone. L'accueil de cet événement majeur renforcera considérablement le profil de la Türkiye dans la diplomatie climatique mondiale.

* Traduit de l'anglais par Mariem Njeh

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