AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc

Dix ans après l’adoption de l’Accord de Paris lors de la COP21, Emmanuel Macron a réaffirmé vendredi 13 décembre la nécessité de poursuivre les efforts pour contenir le réchauffement climatique. « Faisons de la décennie qui s’ouvre un moment de réussite collective, fidèles à nos engagements de Paris », a déclaré le président français à l’occasion du dixième anniversaire de l’accord, dans un article publié sur Project Syndicate, une plateforme internationale de publication d’analyses et d’opinions écrites par des dirigeants, économistes et experts mondiaux.

En 2015, 195 États s’étaient engagés à limiter l’augmentation des températures à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, avec un objectif ambitieux de ne pas dépasser 1,5 °C. Selon Emmanuel Macron, la France a pleinement contribué à ce moment historique de coopération et de solidarité universelle. Depuis 2017, le pays a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de plus de 20 %, avec une trajectoire de baisse qui s’est accélérée, passant de moins de 1 % par an avant 2017 à plus de 4 % par an entre 2022 et 2024. L’objectif national est d’atteindre 50 % de réduction d’ici 2030, soit 270 millions de tonnes de CO2 en moins chaque année.

Le président a souligné que cette réussite repose sur le respect de la science et des connaissances du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La France investit massivement dans la recherche et l’innovation pour développer de nouvelles solutions de décarbonation, allant des petits réacteurs nucléaires modulaires à l’hydrogène décarboné, en passant par les carburants durables et la gestion de l’eau. Ces initiatives s’accompagnent d’un soutien aux chercheurs étrangers à travers les programmes Choose France for science.

La transition énergétique et l’indépendance nationale sont au cœur de l’action française. Emmanuel Macron a rappelé la nécessité de réduire la consommation d’énergies fossiles importées, de développer les énergies renouvelables et de relancer la production nucléaire. Pour la première fois en 2024, l’électricité française était décarbonée à plus de 95 %, un niveau inédit dans le monde. Six nouveaux EPR2 sont en cours de construction, complétés par le développement de petits réacteurs pour la chaleur, et les dernières centrales à charbon seront fermées ou converties d’ici 2027.

La décarbonation de l’industrie constitue un autre axe central. Depuis 2024, une usine sur trois ouverte en France relève de l’industrie verte, avec des investissements en hausse de près de 30 % sur trois ans. Les 50 grands sites industriels les plus émetteurs, représentant environ 10 % des émissions françaises, visent une réduction de moitié de leurs émissions d’ici 2030. Cette dynamique favorise la production locale de voitures électriques, batteries, pompes à chaleur et panneaux photovoltaïques, créant des emplois sur les territoires et soutenant la réindustrialisation du pays.

L’écologie doit également améliorer le quotidien des Français et préserver le pouvoir d’achat. La rénovation énergétique des logements permet de réduire les factures et la dépendance aux énergies fossiles. Des dispositifs tels que le leasing social et Ma Prime Renov ont rendu cette transition accessible aux ménages modestes, conciliant protection de l’environnement et progrès social.

La France se prépare aussi aux conséquences déjà visibles du changement climatique en adoptant son troisième plan d’adaptation et en définissant une trajectoire nationale visant à coordonner les politiques locales et nationales. Parallèlement, Emmanuel Macron a rappelé le rôle de la France et de l’Europe au niveau international. L’Union européenne, avec l’objectif de neutralité carbone en 2050, est le continent le plus ambitieux pour le climat et le premier bailleur mondial de financements. La France a soutenu les One Planet Summit, contribué au Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, à l’Accord pour la protection de la haute mer, et mobilisé des milliards d’euros pour la biodiversité et la lutte contre les déchets plastiques. La Conférence des Nations unies sur l’Océan, organisée en France, illustre également l’engagement du pays pour la protection des écosystèmes essentiels au climat.

Le président a conclu en soulignant que malgré les tensions internationales, la contestation scientifique et les divisions, la France continuera de défendre le respect de la science, l’ambition industrielle, le progrès social, la solidarité et l’exemplarité européenne. La nouvelle décennie doit être un temps de réussite collective pour le climat et la planète.