AA / Paris / Ümit Dönmez

Le Président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont annoncé, ce jeudi, un renforcement de la coopération entre la France et le Royaume-Uni dans le domaine de la dissuasion nucléaire.

Cette annonce a été faite lors d’une conférence de presse conjointe à la base militaire de Northwood (Royaume-Uni), dans le cadre de la visite d'État de trois jours du chef d'État français outre-Manche.

Emmanuel Macron a rappelé que « la France et le Royaume-Uni sont les deux États dotés de l’arme nucléaire en Europe, les deux membres permanents du Conseil de sécurité en Europe » et qu’ils disposent des armées « ayant le plus de capacités et d’expérience de combat ». Il a souligné que « les temps ont changé » et que « la question n’est plus seulement de faire des expéditions contre des terroristes dans des États faillis, mais de faire face à un conflit majeur en Europe impliquant des États sophistiqués à l’horizon des prochaines années ».

Dans ce contexte, la déclaration de Northwood, signée aujourd’hui par Macron et Starmer, scelle trois décisions majeures : d’abord, les deux pays reconnaissent désormais « qu’ils n’imaginent pas de situation de menace extrême à l’Europe qui ne susciterait pas une réponse rapide de leur part, quelle que soit la nature de cette réponse ».

Ensuite, Macron a précisé que « nous n’excluons pas la coordination de nos dissuasions respectives », soulignant ainsi la volonté des deux puissances nucléaires européennes de coopérer étroitement dans leur doctrine. Enfin, ils ont décidé de créer un groupe de supervision nucléaire commun, chargé d’animer et de coordonner cette coopération renforcée.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a également insisté sur la portée historique de cet engagement : « c’est un moment exceptionnel pour nos deux pays, l’Europe et le monde », ajoutant que ce renforcement de la dissuasion nucléaire s’inscrit dans leur responsabilité commune « de préserver la paix et la sécurité sur ce continent ».

Chacun des deux dirigeants a toutefois réaffirmé que cette coopération renforcée respecte pleinement la souveraineté et l’indépendance de décision des deux nations en matière nucléaire.

En plus de ce volet stratégique, la conférence de presse a permis de revenir sur plusieurs avancées majeures du sommet franco-britannique : un accord pilote inédit pour gérer l’immigration clandestine à la frontière maritime, la mise à jour du traité de Lancaster House, une force conjointe portée à 50 000 soldats, la création d’un état-major multinational à Paris pour soutenir l’Ukraine après un éventuel cessez-le-feu, et une coopération accrue dans les domaines économique, énergétique et culturel, marquée notamment par la présence d’EDF dans le projet Sizewell C et l’annonce de prêts croisés d’œuvres patrimoniales emblématiques, telles que la tapisserie de Bayeux.

Ces annonces viennent consacrer la visite d’État d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni, première visite d’un Président français outre-Manche depuis dix-sept ans, illustrant une volonté affirmée de « bâtir une entente amicale » et de « tourner la page des tensions post-Brexit » pour ancrer un nouveau « partenariat stratégique » de long terme.​​​​​​​