Devant le FORIF, Retailleau, expose les principes essentiels de la relation entre l’État français et le culte musulman
- Le ministre français de l’Intérieur a réuni, place Beauvau, les membres du Forum de l’islam de France à l’occasion de la séance de clôture de la deuxième session de travail de cette instance de dialogue entre l’État et le culte musulman

France
AA / Tunis / Majdi Ismail
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a exposé mardi 18 février les principes essentiels qui, selon lui, doivent guider la relation entre l’État et le culte musulman, rapporte le quotidien La Croix.
Devant le Forum de l’islam de France (FORIF), réuni place Beauvau, Bruno Retailleau, a mentionné en premier lieu la lutte contre l’islamisme. ‘’Je n’accepte pas que des Français (musulmans, ndlr) qui vivent leur foi en paix dans le respect des lois et des valeurs de la République soient pris en otage et entraînés de force dans une contre-société, pour mieux briser la société française’’, a-t-il souligné, incitant le FORIF à mener ce ‘’combat’’.
Cependant, le locataire de la place Beauvau, a insisté sur le fait que ‘’la laïcité n’est pas le laïcisme’’, faisant observer que ‘’la neutralité de l’État n’a jamais été la neutralisation des religions’’.
Il s’est également prononcé contre ‘’l’ingérence’’ de l’État dans l’organisation du culte musulman. Selon Bruno Retailleau, cette ingérence présidait à l’organisation du Conseil français du culte musulman (CFCM), instance de représentation du culte musulman créée par Nicolas Sarkozy en 2003 et qui avait été désavouée par l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin fin 2021.
Quand bien même le FORIF est composé d’acteurs musulmans de la société civile, il demeure cependant sous la férule de l’État, puisque ses membres sont choisis par les préfets.
Pour Bruno Retailleau, le FORIF ’’n’a pas vocation à être une instance de représentation’’.
Le ministre écarte donc la question de la représentativité du culte musulman, pourtant centrale, depuis la mise à l’écart du CFCM, ancien interlocuteur des pouvoirs publics. ‘’C’est à nos compatriotes musulmans de faire émerger l’organisation de leur culte’’, a-t-il insisté.
Bruno Retailleau a, entre autres, salué les avancées du FORIF qui, selon lui, ‘’a fait plus en trois ans que les entités précédentes en vingt ans’’, en allusion au CFCM.
Il a aussi salué la reprise du Conseil national de l’aumônerie musulmane, qui sera chargé de proposer aux administrations des aumôniers nationaux pour les hôpitaux, les armées et les prisons. Le ministre de l’Intérieur a également annoncé la publication d’un décret ‘’entérinant la reconnaissance des aumôniers pénitentiaires comme des collaborateurs occasionnels du service public’’.
Sur le dossier concernant le statut de l’imam, le groupe de travail concerné a obtenu l’inscription officielle du métier d’imam au répertoire des métiers de France Travail, rapporte La Croix. Avant cette reconnaissance juridique, un certain nombre d’imams n’avaient que des contrats d’éducateurs ou d’enseignants. Reste en suspens la question de l’assurance sociale à laquelle pourront se rattacher les imams, ainsi que le volet de leur formation.
Après le Ramadan, les résultats du FORIF seront discutés aux assises territoriales de l’islam de France – instance qui réunit des acteurs musulmans autour du préfet dans les départements.
Lors de son passage devant la commission des lois de l’Assemblée nationale le 2 octobre dernier, Bruno Retailleau avait dénoncé ‘’un islam politique très intrusif (...) avec une matrice idéologique très précise avec la prééminence de la loi coranique et l’infériorisation de la femme, l’antisémitisme qui se découvre sous le masque de l’antisionisme et l’instrumentalisation de l’islamophobie’’.
Et d’ajouter : ‘’Il faut passer de la lutte contre le séparatisme à la lutte contre l’islam politique. Je vais demander à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure, ndlr) un rapport circonstancié et, pour la partie non secret-défense, je suis prêt à la porter au public. J’assumerais ce ‘’name and shame’’.
Le ministre de l’Intérieur souhaiterait ainsi créer ‘’une nouvelle incrimination pénale qui permettrait des dissolutions au-delà de ce que mon prédécesseur a pu faire’’.