Deux ans plus tard, une victime libanaise de l'explosion du port de Beyrouth est toujours dans le coma
- La mère de Lara est convaincue que sa fille se réveillera bientôt

Lebanon
AA / Beyrouth / Stéphanie Rady
Lara Hayek est entrée dans le coma depuis deux ans, après l'explosion catastrophique du port de Beyrouth au Liban.
Le 4 août 2020, Beyrouth a été secouée par une explosion gigantesque qui a changé le cours des événements et bouleversé la vie de nombreuses personnes dans le pays.
Plus de 200 Libanais ont perdu la vie et 6 500 d'entre eux ont été blessés, sur le plan des biens, quelque 50 000 logements ont été endommagés, et les pertes matérielles avaient été estimées à environ 15 milliards de dollars.
Les autorités pensent que l'explosion a été causée par une cargaison d’environ 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium, un produit hautement explosif, qui avait été confisquée sur un navire et stockée au port durant six ans.
L'explosion a fait de nombreuses victimes, dont Lara, 43 ans, qui a plongé dans le coma depuis ce jour fatidique.
- 2 ans dans les hôpitaux
La mère de Lara, Najwa Hayek, a déclaré à l'Agence Anadolu : "Au moment de l'explosion, Lara était seule dans la maison et elle a été grièvement blessée à la tête et aux yeux. Après l'explosion, je suis rentré directement de mon travail pour trouver Lara couverte de sang, commence alors un voyage de tourmente pour trouver un hôpital avec un lit vacant au milieu de la grande destruction".
"Après avoir trouvé un hôpital à Beyrouth, les infirmières et les médecins ne se sont pas immédiatement précipités pour aider Lara, mais se sont plutôt occupés des cas les plus graves. Une fois que son corps s'est complètement refroidi, j'ai commencé à crier et à les supplier de venir l’aider", raconte la mère de Lara.
Najwa a déclaré que sa fille "est tombée dans le coma après un arrêt cardiaque pendant un certain temps, puis elle a été hospitalisée à l'hôpital universitaire américain de Beyrouth pendant trois mois, avant d'être transférée à l'hôpital Bhanes".
- Le lien mère-fille
Ce n'est pas facile pour une mère de voir sa fille unique dans cet état. Elle a dit que son mari est décédé en 2019 et que son fils vit maintenant en dehors de la capitale.
"Je considère Lara comme mon amie, pas seulement comme ma fille, et nous vivions l'une pour l'autre, mais après l'explosion, j'ai perdu ma raison de vivre", a-t-elle confié.
Triste, Najwa a déclaré : "Aujourd'hui, je me sens comme un robot, je me réveille et je vais travailler, puis je rentre seule à la maison, mais j'évite la chambre de ma fille".
La mère de Lara a confié qu'elle ressentait une grande douleur lorsqu'elle voyait sa fille avec un cœur battant, mais un corps sans vie, sans aucun mot ni mouvement.
Lara souffre de lésions cérébrales et on ne sait pas quand elle pourrait reprendre conscience et récupérer, selon sa mère.
La mère a affirmé qu'elle "n'a pas perdu espoir, même si tous les médecins l'ont fait".
"J'ai une grande confiance dans le fait que Lara me reviendra, et j'attends qu'elle se réveille, quel que soit son état", a déclaré Najwa Hayek.
- Aucune aide du gouvernement
Concernant le coût de l'hospitalisation des deux dernières années, Najwa Hayek a déclaré qu'une fondation de Libanais vivant au Koweït a pris en charge le traitement pendant un certain temps, avant qu’une association locale ne prenne le relais.
"Toute l'aide provenait de philanthropes, en l'absence totale du gouvernement, qui n'a pas demandé de nos nouvelles ne serait-ce qu’une seule journée", a-t-elle expliqué.
La mère de Lara a déclaré que l'explosion n'a jamais été entièrement expliquée, et d’ajouter : "La vérité est connue, mais le gouvernement ne veut pas l'annoncer, et ce n'est pas dans son intérêt de le faire".
Depuis des mois, les enquêtes sur l'explosion du port se sont arrêtées, et depuis la fin de l'année dernière, l'enquêteur judiciaire chargé de l'affaire, le juge Tarek Bitar, n'a pas été en mesure d'approfondir sa quête de justice.
- Pire que la guerre
Najwa Hayek a déclaré que le jour de l'explosion du port de Beyrouth et le carnage qui s’en est suivi, rivalisait avec la guerre civile, qui a duré 15 ans au Liban.
"Nous avons vécu des guerres et des occupations, mais nous n'avons jamais vécu un jour semblable à celui de l'explosion du port auparavant", a-t-elle affirmé.
La guerre civile a éclaté au Liban, d’abord dans sa capitale Beyrouth, avant de s'étendre à d'autres régions du pays entre 1975 et 1990.
Le bilan des victimes de cette guerre a été estimé à 150 000 morts, 300 000 blessés et invalides et 17 000 disparus, ainsi que le départ de plus d'un million de personnes du pays et des pertes matérielles dépassant les 100 milliards de dollars.
Depuis l'explosion du port, les familles des victimes ont organisé des veillées pour demander des comptes aux personnes impliquées, mais les accusations contre l'enquêteur judiciaire Tarek Bitar par d'anciens responsables gouvernementaux suspectés dans l’affaire ont mis un terme à son enquête.
* Traduit de l’Anglais par Mounir Bennour.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.