Deux ans de génocide à Gaza : les boycotts mondiaux frappent les marques liées à Israël
- McDonald’s, Burger King, Starbucks, KFC et Pizza Hut ont été parmi les cibles les plus visibles des boycotts, les manifestants dénonçant des dons de franchises, des déclarations publiques ou un alignement politique présumé avec Israël

Istanbul
AA / Istanbul / Mucahithan Avcioglu et Gokhan Ergocun
Une vague mondiale de boycott s’est propagée du Moyen-Orient et de la Türkiye vers l’Europe, en passant par l’Asie et au-delà, visant des marques multinationales accusées de soutenir Israël dans sa guerre contre Gaza.
Des chaînes de café aux géants des biens de consommation, des entreprises autrefois considérées comme intouchables sont désormais confrontées à une baisse de leurs ventes et à des atteintes à leur réputation. Les partisans considèrent le mouvement de boycott comme une résistance populaire et une protestation morale contre des sociétés perçues comme complices des actions d’Israël à l’encontre des Palestiniens.
Une commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU a conclu le mois dernier qu’Israël commet un génocide à Gaza, où il a tué plus de 67 000 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, et en a blessé près de 170 000 au cours des deux dernières années. Le siège et le blocus imposés par Israël sur tous les produits essentiels ont également provoqué une famine ayant coûté la vie à plus de 450 Palestiniens, dont plus de 150 enfants.
Les entreprises soupçonnées de liens avec Israël – dont Coca-Cola, PepsiCo, McDonald’s, Starbucks et Nike – ont fait état d’une baisse de leurs revenus, en particulier dans les pays à majorité musulmane.
Voici quelques-unes des sociétés les plus touchées :
- Chaînes de restaurants
Les géants américains de l’alimentation et des boissons tels que McDonald’s, Burger King, Starbucks, KFC et Pizza Hut ont été parmi les cibles les plus visibles des boycotts, les manifestants dénonçant des dons de franchises, des déclarations publiques ou un alignement politique présumé avec Israël.
Les ventes mondiales de McDonald’s ont reculé de 0,1 % en 2024 sur un an et de 1 % au premier trimestre 2025 – le premier déclin de ce type depuis environ quatre ans.
L’entreprise a indiqué que la guerre d’Israël à Gaza avait « eu un impact significatif » sur ses performances dans certains marchés étrangers.
Domino’s Pizza Enterprises, le franchiseur australien, a enregistré sa première perte annuelle depuis plusieurs décennies, après des fermetures de restaurants en Asie à la suite des campagnes de boycott.
La société a affiché une lourde perte de 3,7 millions de dollars australiens (2,4 millions USD) pour l’exercice clos en juin 2025, contre un bénéfice de 96 millions AUD (62,5 millions USD) l’année précédente.
Starbucks, accusé à plusieurs reprises par les militants de soutenir Israël, a également enregistré trois trimestres consécutifs de baisse des ventes.
Au troisième trimestre 2025, le chiffre d’affaires a chuté de 2 % et l’entreprise a annoncé la fermeture de dizaines de points de vente ainsi que des suppressions de centaines d’emplois. Elle a précisé que le nombre total de magasins en gestion directe en Amérique du Nord diminuerait d’environ 1 % au cours de l’exercice 2025.
Pour l’ensemble de l’exercice 2024, Starbucks a signalé une baisse de 2 % de ses ventes mondiales. En Malaisie, l’opérateur local Berjaya Food Berhad a déclaré que les ventes de Starbucks avaient plongé de 36 % sur un an à la clôture de l’exercice en juin, en partie en raison des boycotts et des manifestations.
Americana Group, qui exploite des marques alimentaires américaines telles que KFC, Pizza Hut et Krispy Kreme au Moyen-Orient, a fait état d’une baisse de 38,8 % de son bénéfice net en 2024, à 158,7 millions USD, tandis que ses revenus reculaient de 9 %, à 2,19 milliards USD contre 2,41 milliards USD en 2023.
La société a attribué ces baisses à la situation géopolitique régionale et à l’affaiblissement de la demande des consommateurs sur certains marchés, ainsi qu’à des mouvements défavorables des changes.
– Multinationales et géants des boissons
Les marques de boissons gazeuses sont également devenues des cibles symboliques du boycott, les militants dénonçant leur présence en Israël et leur soutien présumé au gouvernement.
Les ventes mondiales de Coca-Cola ont reculé de 1 % au deuxième trimestre 2025, avec des baisses plus marquées dans certaines régions, notamment de 5 % en Turquie. Sa part sur le marché turc des boissons gazeuses est passée de 59 % à 54 %. Dans la région Asie-Pacifique, les volumes de ventes ont diminué de 3 %, tandis qu’en Inde, la baisse a atteint 5 %.
PepsiCo a par ailleurs enregistré une baisse de ses ventes, avec un recul de 0,3 % de son chiffre d’affaires au premier semestre 2025.
Le géant des biens de consommation Unilever, critiqué après avoir transféré les droits de distribution de Ben & Jerry’s en Israël à une société locale, a vu son chiffre d’affaires réduit de 3,2 % au deuxième trimestre 2025, après un recul de 0,9 % au premier trimestre.
Nestlé, qui détient une participation majoritaire dans Osem, un fabricant alimentaire israélien opérant dans les territoires occupés de Palestine, a signalé une baisse de 1,8 % de ses ventes et une chute de 10,3 % de son bénéfice net au premier semestre 2025.
En 2024, les ventes de Nestlé avaient déjà reculé de 1,8 % et son bénéfice net avait baissé de 2,9 %.
– Distribution / Commerce de détail
Les entreprises d’articles de sport ont également été visées par des boycotts, à la fois en raison de leur forte visibilité mondiale et pour avoir fourni du matériel à Israël.
Les ventes de Puma ont reculé de 2 % au deuxième trimestre 2025, avec une baisse de 3,1 % dans la région Europe-Moyen-Orient-Afrique.
La campagne mondiale Boycott Puma a débuté après que l’entreprise est devenue le principal sponsor de la Fédération israélienne de football (IFA) en 2018, bien qu’elle ait annoncé la fin de ce partenariat d’ici fin 2024.
Nike a enregistré une chute plus marquée de 12 % de ses ventes au deuxième trimestre, à 11,1 milliards USD, tandis que son bénéfice net s’effondrait de 86 %, à 211 millions USD. Les revenus en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique ont reculé de 10 %, et les ventes en direct de Nike (Nike Direct) ont plongé de 20 %.
Pour l’ensemble de l’exercice 2025, le bénéfice net de Nike s’est établi à 3,2 milliards USD, soit une baisse de 44 % par rapport aux 5,7 milliards USD de 2024.
La société a indiqué que les pertes étaient également liées aux coûts de restructuration et aux droits de douane, mais les boycotts semblent avoir contribué au déclin, en particulier dans les pays à majorité musulmane.
Au début de l’année 2025, alors que se poursuivait le génocide israélien, Zara a ouvert son plus grand magasin jamais inauguré en Israël, près de Tel-Aviv, renforçant ses liens économiques avec le pays et alimentant les appels au boycott.
Sa maison mère, la multinationale espagnole de l’habillement Inditex, a fait état d’une baisse de 2 % de ses ventes dans les marchés Asie et Reste du Monde, qui représentent désormais 16 % du total, contre 16,6 % un an plus tôt. Les ventes sur le continent américain ont aussi chuté de 3,8 %.
– Exclusion des plus grands fonds mondiaux
Outre les pertes provoquées par les consommateurs individuels, les investisseurs ont également ciblé des entreprises pour leur prétendue implication dans des violations des droits humains par Israël.
En août, Norges Bank Investment Management, qui gère le fonds souverain norvégien de 2 000 milliards de dollars, a annoncé avoir retiré cinq banques israéliennes et l’américain Caterpillar de son portefeuille.
La décision a été prise en raison « d’un risque inacceptable que ces entreprises contribuent à de graves violations des droits des individus dans des situations de guerre et de conflit », a indiqué le plus grand fonds souverain au monde dans un communiqué.
Il s’était auparavant désengagé de 17 entreprises israéliennes pour une valeur totale de portefeuille de 143,3 millions de dollars.
Plus tôt cette semaine, ABP, le plus grand fonds de pension civique des Pays-Bas, a vendu l’ensemble de sa participation dans Caterpillar pour des raisons éthiques, en raison des liens du fabricant américain avec l’armée israélienne.
ABP, le plus grand fonds de pension d’Europe et le cinquième au monde, détenait autrefois environ 387 millions d’euros (455 millions USD) en actions Caterpillar.
*Traduit de l'anglais par Ben Amed Azize Zougmore
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.