Dar Lemdina, un témoin du patrimoine tuniso-méditerranéen
Transformée en maison d’hôtes en 2005, Dar Lemdina perpétue un art de vivre hérité de siècles de transmissions culturelles.

Tunis
AA/Tunis/Nadia Chahed
Au cœur de la médina de Tunis, Dar Lemdina incarne un héritage préservé, témoin d’une histoire riche où se croisent influences et traditions venues d’Orient et d’Occident.
Construite ou achetée au XIXe siècle par Mustapha Belhouane, officier du Bey de Tunis envoyé à Istanbul, cette maison reflète un raffinement inspiré de probables échanges entre la Tunisie et les grandes cités ottomanes. Ses ornements et son architecture rappellent ce dialogue entre la médina et l’Empire ottoman.
Transformée en maison d’hôtes en 2005, Dar Lemdina perpétue un art de vivre hérité de siècles de transmissions culturelles. Aujourd’hui, elle accueille événements et artisans, faisant revivre les traditions locales et leur écho avec d’autres influences du monde.
Dar Lemdina attire d’abord par son entrée lumineuse et ensoleillée mais aussi parce que sa porte est toujours ouverte, signe de convivialité et de l’accueil chaleureux des propriétaires des lieux, tel que assuré à Anadolu par Mustapha Belhouane, celui qui a eu l’idée vers les années 90 avec son frère de transformer la maison ancestrale en maison d’hôte.
Revenant sur l’histoire de la maison, il explique qu’elle appartenait à Mustapha Belhouane, son arrière grand-père. Celui-ci servait au sein de l’armée du Bey dans les années 1840. "Il a été envoyé à Istanbul par le Bey de Tunis et quand il est revenu il a acquis cette demeure mais on ne sait point si il l’a achetée ou s'il a ordonné sa construction", précise notre interlocuteur.
« Tout ce qu’on sait c’est qu’il avait un statut particulier et un grade militaire qui lui a valu ces armoiries qui décorent le plafond de la demeure », confie-t-il.
La maison a connu les mariages et les naissances de presque tous les descendants de Mustapha Belhouane, déclare-t-il citant le leader Ali Belhouane, son oncle né lui aussi dans cette maison.
"Ce lieu est chargé de souvenir et de magnifiques moments de convivialité vécus par chaque membre de notre famille", ajoute M.Belhouane.
En 1996 quand tout le monde est parti de la maison, nous avons eu l'idée de la transformer d'abord en lieu culturel, notre souci c'était surtout de la protéger du délabrement comme nombre de demeures délaissées de la médina.
Un responsable du ministère du Tourisme, lui aussi de la médina, nous a suggéré l'idée de la transformer en maison d'hôte à l’image de ce qui se faisait à l’époque à Marrakech, ajoute-t-il.
On fût les premiers à lancer un tel projet qui a vu le jour en 2005 au terme de plusieurs années d'une bataille administrative de 1998 jusqu’en 2002, date à laquelle on a obtenu l’autorisation du ministère du tourisme et on a démarré les travaux de restauration et de construction.
Aujourd’hui tenue par son fils Hédi, Dar Lemdina s’affiche sur plusieurs plans dans les activités visant à redonner à la médina ses lettres de noblesses.
Il organise en effet des soirées de Malouf et dédie l’espace aux artisans pour exposer leurs créations durant le mois du ramadan.
"Si nous on a connu des difficultés lors du lancement du projet dans la mesure où c’était le premier du genre dans toute la Tunisie, maintenant les choses ont changé et le cadre juridique organisant ce genre de structure hôtelières a bien évolué" souligne encore M.Belhouane avant d'ajouter que les propriétaires d'anciennes demeures de la médina devraient franchir le pas et lancer des projets à même de préserver ce patrimoine tout en dynamisant l'économie et l'emploi au sein de la vieille ville.