Dans une lettre personnelle, Macron demande au président lituanien des renforts pour Takuba
L'Exécutif lituanien réfléchit à une éventuelle participation de ses forces armées à la mission européenne de soutien à la lutte contre le terrorisme au Sahel.

France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Dans une lettre adressée au président lituanien, le président français, Emmanuel Macron, a demandé à la Lituanie de renforcer les rangs de la force européenne « Takuba » déployée au Mali, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Selon l'information rapportée jeudi par le média public lituanien LRT (Lietuvos nacionalinis radijas ir televizija), Emmanuel Macron avait « envoyé une lettre au président lituanien Gitanas Nausėda, fin juin, qui n'avait pas été signalée auparavant ».
Le président français a ainsi cherché le soutien de l'exécutif lituanien sur la mission Takuba en lui demandant de contribuer à la force opérationnelle européenne de soutien aux Forces armées maliennes (FAMa).
« Je voulais vous assurer qu'une contribution de votre pays serait particulièrement utile et précieuse », déclare Macron dans la lettre adressée au président lituanien, Macron ajoutant : « J'espère [...] que nous pourrons compter sur votre soutien ».
« Paris demande depuis des années à la Lituanie de renforcer sa présence dans la région. Les discussions en Lituanie à ce sujet ont repris au printemps dernier », note le média public lituanien précisant que « les diplomates français à Vilnius sont en contact depuis quelque temps avec le ministère de la Défense à ce sujet ».
Dans sa lettre adressée à Nausėda, Macron lui rappelle la décision française prise au début du mois de juin, de revoir sa présence militaire au Sahel avec l'évolution annoncée de « Barkhane », mission française de lutte contre le terrorisme déployée principalement au Mali depuis 2014, vers un renforcement de la mission européenne « Takuba » à laquelle participent les forces françaises ainsi que celles de l'Estonie, l'Italie, les Pays-Bas, la République tchèque, le Portugal et la Suède, et à laquelle participeront également des militaires norvégiens et roumains.
L'Exécutif français a également demandé la contribution de l'Ukraine et de la Serbie à cette mission, selon Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), notant qu'environ 350 à 400 militaires européens participent actuellement à la mission Takuba, le chercheur ajoutant que « l’exécutif [français] peut aussi se réjouir de la contribution roumaine votée par le Parlement, il y a un mois ».
La Diplomatie française soutient que la contribution lituanienne à la mission africaine « serait non seulement un geste de solidarité avec la France, mais aussi une nouvelle opportunité pour les troupes lituaniennes d'acquérir une expérience sur le champ de bataille après leur retrait d'Afghanistan », rapporte le média public lituanien LRT, précisant que le « président lituanien Nausėda n'a pas encore dit s'il approuvait la demande française », et précisant que la décision finale serait prise cette année.
Dans sa lettre, Macron note également la concertation engagée « avec nos partenaires sahéliens, américains et européens [...] afin de définir un nouveau cadre d'engagement militaire collectif, qui reposera sur deux grands principes : le soutien de nos partenaires dans la lutte contre le terrorisme et un renforcement opérationnel de la coopération avec les armées partenaires au Sahel qui le souhaitent, en étroite collaboration avec la mission européenne de formation EUTM Mali ».
« Confiants dans cette direction, de nouveaux partenaires ont confirmé leur intention de rejoindre ou envisagent une participation accrue », écrit encore le président français dans le courrier adressé à son homologue lituanien, Macron ajoutant : « Enfin, certains ont déjà entamé le processus de validation politique nécessaire pour pouvoir confirmer leur engagement opérationnel ».
Selon l'information rapportée par LRT, « les porte-parole de Nausėda ont déclaré que la Lituanie déciderait de déployer des troupes au Mali cette année », le Président lituanien notant que « la contribution de son pays en Afrique est déjà importante ».
Actuellement, environ 500 soldats lituaniens participent à deux missions militaires au Mali, la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) ainsi que EUTM Mali, la mission européenne de formation militaire des FAMa, ainsi qu'à une mission en République centrafricaine.
« Les mandats du parlement pour l'envoi de troupes lituaniennes dans des missions internationales doivent être renouvelés tous les deux ans », précise LRT ajoutant que « Nausėda convoquera une réunion du Conseil de la défense de l'État avant de demander au parlement de renouveler le mandat pour 2022-2023 ».
Fin mai, la Commission parlementaire lituanienne sur la sécurité nationale et la défense a discuté de la contribution possible du pays à Takuba « et a recommandé que le gouvernement envisage cette possibilité », selon le média public lituanien rapportant que le ministère de la Défense avait « une opinion positive » sur la participation des troupes lituaniennes à la mission européenne.
« La France veut impliquer les Européens dans les affaires du Sahel », rappelle Hichem Ben Yaïche, expert en géopolitique et rédacteur en chef de NewAfrican à Paris, interrogé jeudi par l'Agence Anadolu (AA), le spécialiste rappelant également la volonté française de « sortir de son tête-à-tête dans la gestion de la crise sécuritaire » affectant les pays de la région, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Notant la présence de l'Estonie, un autre pays balte, dans la force Takuba, Ben Yaïche constate également que « la Lituanie serait prête » à s'y engager, « cette diplomatie militaire ayant du bon pour les pays Baltes », selon le spécialiste notant que « Takuba sera amenée à monter en puissance et à impliquer de plus en plus d'autres pays européens », du fait de la menace terroriste au Sahel.
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