Démission de la caricaturiste du Washington Post après la censure d'une caricature sur Bezos et Trump
- Ann Telnaes a décidé de quitter le journal après le rejet d'une caricature dénonçant les liens qu'entretiennent certains milliardaires, dont Jeff Bezos, propriétaire du Post, avec le président élu Donald Trump
Istanbul
AA / Istanbul / Gizem Nisa Cebi
La caricaturiste chevronnée du Washington Post, Ann Telnaes, a décidé, vendredi, de présenter sa démission après que son dernier dessin humoristique a été rejeté par son rédacteur en chef. La caricature montrait des dirigeants de médias, dont le propriétaire du Post et fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, se prosternant devant le président élu des Etats-Unis, Donald Trump.
Dans le site Substack, Telnaes a partagé un croquis de la caricature, en déclarant : « En tant que caricaturiste, mon travail consiste à faire en sorte que les personnes et les institutions puissantes rendent des comptes. C'est la première fois que mon rédacteur en chef m'empêche de faire ce travail crucial ».
« L'obscurité est fatale à la démocratie », a-t-elle ajouté, citant la devise du Post, affichée en première page depuis février 2017, peu après le début du premier mandat de Donald Trump.
La caricature rejetée critiquait les milliardaires, dont Bezos, qui cherchaient à obtenir des contrats gouvernementaux et une déréglementation en s'alignant sur Trump.
De récentes informations font état de rencontres entre Bezos et d'autres dirigeants de médias avec Trump dans son complexe de Mar-a-Lago, suscitant des préoccupations quant à leur proximité avec le pouvoir.
David Shipley, rédacteur en chef de la page éditoriale du Post, a défendu cette décision en invoquant le risque de « redondance » dû à la publication d'articles d'opinion abondant dans le même sens.
Samedi, l’Association of American Editorial Cartoonists (Association américaine des caricaturistes éditoriaux - AAEC) a condamné ce rejet, le qualifiant de « lâcheté politique », et a invité les caricaturistes à faire circuler le croquis de Telnaes en utilisant le hashtag #StandWithAnn (Soutenez Ann).
« La tyrannie prend fin à la pointe du stylo. Elle prospère dans l'obscurité, et le Washington Post a simplement fermé les yeux et cédé comme un boxeur ivre de coups de poing », a déclaré le groupe dans son communiqué.
Le Washington Post n'a pas ajouté de commentaire à ce sujet.
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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